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Révision de la constitution : Touadera accusé de haute trahison et de parjure

 

Rédigé par Gisèle MOLOMA

Publié par Corbeaunews Centrafrique

 

Bangui (CNC) – Après seulement 7 ans d’existence, la Constitution de la République centrafricaine du 30 mars 2016 pourrait connaître sa première révision fracassante. Initié par le pouvoir de Bangui, le projet très controversé de révision constitutionnelle a été présenté à la presse, le jeudi 26 mai 2022, par le président de la Commission institution et démocratie de l’Assemblée nationale, désigné pour la cause comme initiateur. Il doit être soumis à l’approbation du parlement puis au référendum le jour des élections municipales. Mais d’ores et déjà, l’opposition démocratique et la société civile montent au créneau et s’organisent. Une grande mobilisation contre ce projet se prépare à l’horizon.

Retour sur le serment devenu une parjure. 

 

Prestation de serment du Président Faustin Archange Touadera, le 30 mars 2021 dans l'hémicycle de l'assemblée nationale à Bangui. Photo Présidence
Prestation de serment du Président Faustin Archange Touadera, le 30 mars 2021 dans l’hémicycle de l’assemblée nationale à Bangui. Photo Présidence

 

Un serment devant Dieu

 

Il y a un an, le 30 mars 2021, le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA, réélu dans une élection très controversée pour un second et dernier mandat, avait prête serment, pour la seconde fois sur la même Constitution, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale à Bangui devant le dame, juge garante de la loi fondamentale, la présidente de la Cour constitutionnelle et en présence de plusieurs personnalités nationales et étrangères.  Debout,  lmain gauche sur ladite Constitution, et la main droite levée, Faustin Archange TOUADERA a lu en français et sango, la langue nationale, ce qui est écrit dans la Constitution :

« Moi, Faustin Archange TOUADERA, je jure, devant Dieu, et devant la nation, d’observer, scrupuleusement  la Constitution de la République centrafricaine, de sauvegarder l’intégrité du territoire, de préserver la paix, de consolider l’unité nationale, d’assurer le bien d’être du peuple centrafricain, de remplir consciencieusement le devoir de la charge, sans aucune considération d’ordre ethnique, régionale ou confessionnelle. De ne jamais exercer les pouvoirs qui me sont dévolus par la constitution à des fins personnelles. Ni de réviser le nombre et la durée de mon mandat et de n’être guidé en tout que par l’intérêt national et la dignité du peuple centrafricain ».

 

Et ensuite….

 

C’est Madame la présidente de la Cour constitutionnelle, Professeure Danielle Darlan de prendre la parole pour dire au Président Touadera, au nom de la Cour, ceci :

« La cour constitutionnelle prend acte de votre serment… La tâche est immense et difficile, mais vous avez les moyens constitutionnels et légaux pour l’accomplir… N’écoutez pas le chant de sirènes. Je veux parler de ceux  qui tenteront, pour servir leurs propres intérêts, de vous amener à oublier ce pour quoi le peuple vous a élu; qui tentera de vous détourner de l’essentiel qui est la République et son peuple; qui tentera de vous amener à user de vos pouvoirs pour servir leurs propres intérêts. Cela existe et a existé  sous tous les régimes. N’oubliez pas qu’ils représentent qu’eux-mêmes, et ils ne servent  qu’eux – même. Se faisant, ils ne désirent  qu’une seule chose : vous éloigner du peuple qui est votre force, et détourner les pouvoirs constitutionnels du Président de la République  à leur profit. Le défi qui doit être le ciment  qui soutient tous les autres : la réconciliation  des Centrafricains avec eux-mêmes ».

Pour conclure ses conseils, Madame Danielle Darlan lui rappelle ceci: «…nous allons consigner votre serment que l’on pourrait y faire recours en cas de besoin ».

 

Une année plus tard..

 

Une année seulement après ces beaux discours que lui et la Présidente de la Cour constitutionnelle ont tenus, l’homme de 30 mars, à force de devenir le premier homme le plus sécurité au monde, écoute sans arrêt, les chants de sirènes et veut toucher au nombre et à la durée de son mandat. Il tire désormais les ficelles dans l’ombre. Lui qui avait juré de ne pas s’engager dans le tripatouillage de la Constitution en vue de réviser le nombre et la durée de mandat présidentiel, s’active avec ses mercenaires russes de la société Wagner, depuis quelques mois à réviser la Constitution en vue de sauter justement le verrou limitant à deux le nombre de mandat présidentiel.

Mais pour l’opposition démocratique et la société civile, « c’est une révision  pour rien à l’exception de la volonté de créer un Empire ». Elles projettent la création d’un Front commun en vue d’exprimer leur opposition à toute modification de la Constitution

Nous ne voulons pas que notre pays soit pris en otage par un petit groupe des personnes qui voudrait emmener le président à s’éterniser au pouvoir “, déclare un membre du bureau politique du parti MLPC.

 

La paix et la sécurité menacées.

 

Pour des nombreux observateurs, Touadera veut replonger le pays dans le chaos, et c’est très dangereux pour lui.

” Si Faustin Archange Touadera veut sortir par la grande porte, il n’a qu’à respecter ce que le peuple lui a donné comme mandat. Et s’il fait du forcing, il faut qu’il se rappelle de l’histoire, de son ancien patron, du guinéen Alpha Condé, pour ne citer que ces deux cas “.

Pour Joseph Bindoumi président de la Ligue Centrafricaine des Droits de l’homme, une figure de la société civile,  qui a refusé de participer à cette conférence de presse, la Constitution du 30 mars est comme le crâne d’un chauve, sans soucis et donc sans poux.

Joseph Bindoumi” Je ne suis pas venu à cette conférence de presse parce que l’initiative est contraire à ma vision. EN DROIT c’est le citoyen qui obéit à la LOI et non la LOI qui obéit au citoyen. Si nous voulons exister comme peuple ,respectueux de l’État de Droit, laissons la Constitution tranquille. Ne donnons pas l’impression de chercher les poux sur le crâne d’un chauve “.

Pour Maître Crépin Mboli-Goumba, « Le Président Touadera échouera dans sa tentative de tuer la démocratie. Mais il aura essayé, pour son bon plaisir et celui des siens. Il n’aura finalement été fidèle à aucun de ses engagements, pas même son serment! ».

Affaire à suivre

 

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