Centrafrique : la politique de rupture a du plomb dans l’aile.
Bangui 13 février 2017, CNC.
Par Eric NGABA.
La rupture promise par l’Exécutif centrafricain au lendemain des élections groupées de 2016 reste et demeure un sujet à caution. Car, les Centrafricains espèrent une nouvelle politique de bonne gestion de la cité. De la nomination des gens aux hauts postes de responsabilité à la gestion de la chose publique, la rupture doit s’imposer pour barrer la route aux vieilles habitudes du passé qui ont conduit le pays au bord du gouffre.
Dès son investiture à la magistrature suprême de l’Etat, le Président de la République, Faustin Archange Touadera, a promis la rupture aux Centrafricains. La rupture avec les veilles méthodes ayant terni l’image des régimes précédant. Cette rupture doit être observée à tous les niveaux des institutions républicaines. Au temps de l’ex président François Bozizé, la République Centrafricaine a connu une gestion calamiteuse de la chose publique car le régionalisme et le népotisme entre autres avaient élu domicile au sommet de l’Etat.
A cette époque, il fallait faire partie de la famille du régime de Bozizé ou du parti des travaillistes (KNK) pour pouvoir bénéficier d’un poste juteux. Les administrations de l’Etat ont été remplis de proches du cercle présidentiel d’où la politisation et le népotisme dans l’administration centrafricaine. Le partage du gâteau était un système d’exercice du pouvoir.
De part et d’autres, l’administration était confisquée par des groupes et des sous-groupes. Des rivalités et tendances ont miné les institutions républicaines. Aujourd’hui, les nouvelles autorités ont promis au peuple centrafricain la rupture. Il s’agit de rompre avec la mauvaise gouvernance du passé. Il faut, à cet effet, tirer les leçons du passé pour mieux avancer. Mais le constat reste le même. Les même qui étaient dans le cercle Bozizé et qui ont contribué à l’effondrement de la République Centrafricaine refont surface. Ils reviennent avec cette même culture politique du passé. Beaucoup de centrafricains s’inquiètent sur le retour progressif des caciques du régime Bozizé dans les affaires de l’Etat.
Ceux qui sont présumés auteurs de malversations financières qui n’ont pas encore répondu de leurs actes devant la justice occupent des postes de haute responsabilité de l’Etat. L’impunité qui caractérise encore le système judiciaire les arrange. Pour se mettre à l’abri des éventuelles poursuites judiciaires, les destructeurs de ce pays cherchent à s’accrocher ravissant la vedette aux dignes fils du pays dans les administrations. La rupture doit se faire avec courage et fermeté. Fermeté à l’égard de ceux qui ont commis du tort au peuple centrafricain.
Aujourd’hui l’ombre de remaniement du gouvernement plane sur le pays. Et la mise en place des institutions de la bonne gouvernance leur sert d’occasion de s’incruster. Les mêmes d’hier sont les mêmes d’aujourd’hui à occuper des postes au haut sommet de l’Etat.
Or, le pays regorge beaucoup de compétences, des femmes et hommes qui souhaitent aussi apporter leur savoir-faire à l’édifice national. Cette rupture prônée par les nouvelles autorités doit marquer la fin de la politique du ventre. Cette politique à travers laquelle les adeptes cherchent toujours à maintenir la commodité de leur train de vie.
L’administration centrafricaine doit changer de visage. Seule la rupture prônée qui doit favoriser son amélioration. Il est une nécessité pour les nouvelles autorités issues des urnes de tirer les leçons du passé afin d’éviter de tomber dans les mêmes pièges, les mêmes erreurs tant décriées.