LA POLICE CENTRAFRICAINE, LA VÉRITÉ EN FACE
D’aucuns pensent que la Police Centrafricaine est inefficace car elle manque de cadres compétents.
Archifaux, puisqu’il y a dans cette Police de valeureux officiers formés, comme leurs frères d’arme
de la sous-région, dans des académies de police encore appelées écoles supérieures comme celles de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Maroc et au Cameroun. On peut avoir en mémoire les Généraux de police Ismaïlia-NIMAGA, Jean WILIBYRO-SACKO qui furent ministres de la sécurité et qui ont bien géré.
La Police Centrafricaine, jadis très active et efficace, était réputée et respectée pour avoir déjoué, sous les défunts Empereur Jean-Bedel-BOKASSA 1er et le Général d’Armée André-KOLINGBA avec le Colonel Jean-Christophe-GRELOMBE, des coups d’Etat en gestation dans les pays voisins dont les auteurs et complices en transit sur le territoire centrafricain ont toujours été interpellés et leurs matériels saisis en dépit des moyens obsolètes et rudimentaires de la police centrafricaine qui étaient en déphasage avec l’évolution du monde sécuritaire.
Cette police va connaître un déclin sans pareil sous le régime du Président déchu François BOZIZE, qui a pourtant reconnu après sa chute le rôle primordial joué par la police en matière de renseignements pendant les événements des séléka. Répondant lors d’une interview à Christophe-BOISBOUVIER de Radio France Internationale, il a déclaré : «nous avons su que le Tchad était derrière les séléka car à chaque prise des villes, nous avons reçu des informations des services de police de ces villes sur la présence des éléments tchadiens parmi les séléka». Mais qu’avait-il fait pour cette police quand il était encore au pouvoir ?
Sous la présidence de François BOZIZE, la police a fait l’objet d’une gestion marquée par le népotisme et le tribalisme car les postes clés étaient occupés par les membres de son groupe ethnique. Les policiers n’ont jamais eu de galons, excepté ses parents comme Yves-Valentin GBEYORO et Serge-WILIBOY, qui, seuls parmi leurs promotionnaires, ont été promus commissaires Principaux de police à titre exceptionnel. Il en est de même pour Sylvain-MBOROBONA, le seul de sa promotion à être promu commissaire de police à titre exceptionnel. A cela s’ajoute les nominations de militaires et civils proches de BOZIZE comme ministres de la Sécurité avec pour mission de démanteler le syndicat de la police et de sanctionner les policiers ayant géré des dossiers impliquant François BOZIZE et ses proches, à savoir notamment la tentative de coup d’Etat du 28-mai 2001 et la rébellion de novembre 2001 à mars 2003.
Mais pourquoi BOZIZE en voulait-il tant à la police ?
Voici l’arbre qui cachait la forêt. Un policier, paix à son âme, voisin de François BOZIZE à la Cité (4ème arrondissement) avait vu les mouvements des militaires qui venaient nuitamment pour des réunions au domicile de ce dernier en prélude à son coup de force du 28 mai 2001. Il a rédigé une fiche, arme redoutable de tout bon policier, au président Ange Félix PATASSE,qui n’avait pas cru à cela car il était grisé de confiance aveugle à BOZIZE. Ayant des antennes dans l’entourage de PATASSE, comme KONAMNA, MOKONAM et Joël-MOIDAMSE-SINFEI, BOZIZE a été informé. Une fois le coup de force du 28 mai manqué, PATASSE s’est réveillé trop tard. Devenu président, François Bozizé s’emploiera à marginaliser la police, mais c’était une erreur grave car la police fait partie du système de sécurité. Cette attitude a eu des conséquences sur les autres appareils sécuritaires car le système, par définition, est un ensemble d’éléments lié entre eux dans le cadre d’interaction ; tout changement affectant l’un a des répercussions sur les autres.
Avec sa bénédiction, le défunt Général Jules-Bernard-OUANDE et certains officiers généraux et supérieurs de la police tels que Ernest LATAKPI, à l’époque Directeur général de la police,Joël MOIDAMSE-SINFEI, Chef de cabinet particulier de BOZIZE, Yves-Valentin GBEYORO,Directeur de l’Office Central de Répression du Banditisme (OCRB) à l’époque, ainsi que Arnauld DEIYA-AHMAT, Directeur de la Réformes des textes au Ministère de la Fonction publique, ont procédé à une intégration inédite dans l’histoire de la police centrafricaine et du monde entier .Car on trouvait dans ce lot une panoplie de gens aux profils atypiques (maçons, handicapés, éleveurs et grabataires), certains, en raison de leur âge très avancé, ne pouvant faire une épreuve physique au risque d’avoir un arrêt cardiaque. Ce recrutement insolite, n’avait pas respecté les règles de l’art, à savoir visite médicale et test écrit qui sont les pré requis pour entrer dans un corps de police. Pour justifier leur acte ignoble, les auteurs ont allégué que les cadres de la police venus fraîchement du Cameroun seraient des partisans de Ange Félix PATASSE et donc susceptibles de déstabiliser le régime BOZIZE.
Mais là où le bât blesse, c’est que ces fils et filles à papa ont été intégrés avec des galons de commissaire, commandant, pour certains et capitaine, lieutenant, pour d’autres sans une formation préalable. Comme le dit un adage, il n’y a jamais eu de un sans deux, de deux sans trois, de trois sans quatre, cette situation s’est encore réitérée sous OUANDE II, puisqueOUANDE a été deux fois ministres de la sécurité ; ensuite sous Richard GOUANDJIA, Josué BINOUA et Denis KIZIMALE-WANGAO qui a été plus loin en intégrant pour la plupart les parents de son épouse, policière intégrée dans les mêmes conditions sous OUANDE I. Vous comprendrez que dans ce deal, chacun avait placé les siens.
OUANDE avait inséré ses proches, DEIYA –AHMAT-Arnauld avait placé son épouse, sage-femme de formation, au grade de commandant de police ; sous OUANDE II, Ernest-LATAPKI, Directeur de Cabinet, a inséré sa fille au grade de commissaire de police, etc.
Ces facteurs n’ont pas été sans conséquence sur les performances des services de police. Il y a une persistance de l’insécurité urbaine car les cadres formés sont écartés au profit des bras cassés qui ne maîtrisent pas la situation et tâtonnent. Il règne dans ce corps une indiscipline à grande échelle par faute d’une formation militaire et policière préalable ; Un service vital de la police tel que la sûreté urbaine, qui est chargée de la sécurité et de la sûreté, n’est pas réhabilité jusqu’aujourd’hui car son local est toujours occupé par le contingent camerounais de la MINUSCA ; La Direction des services de police administrative, un des services de police restés opérationnels après la chute de François Bozizé et qui a fonctionné jusqu’à la prise de pouvoir de la Cheffe de l’Etat de transition Catherine SAMBA-PANZA, manque de budget de fonctionnement et de moyens matériels. Une telle direction très sensible doit parfois recourir aux services de cybercafés pour imprimer des documents confidentiels pour le Ministre, voire la Cheffe de l’Etat. Ses mises en garde ne sont même pas suivies bien que ses prévisions se vérifient. La Direction de surveillance du territoire n’existe que de nom puisque dirigée par un capitaine de la gendarmerie qui ne maîtrise pas ce qui se passe autour de lui. Mais rien d’étonnant à cela quand on sait qu’un philosophe disait : «nul n’entre ici s’il n’est géomètre».
Pour mieux corroborer cette hécatombe, il n’y a qu’à réfléchir aux derniers événements de la cité banguissoise. Un passager en possession de 152 carats de diamants centrafricains et 50.000 000 FCFA qui a rempli toutes les formalités et tous les contrôles sera interpellé sur la piste, au bas de l’échelle de l’avion par un agent de la police, qui lui a couru après. On se demande pourquoi sur la piste au bas de l’échelle ?
Peut-être que ce policier n’a pas eu sa part de gâteau et a préféré verser du sable dans le tapioca ! L’histoire nous le dira un jour.
Le commissariat de l’aéroport Bangui M’poko, est équipé d’un appareil aux rayons X, d’une brigade minière équipée et d’une brigade de douane, elle aussi équipée. Sous d’autres cieux et à une certaine époque, le commissaire de l’aéroport, le commandant de la brigade minière et le commandant de la douane ainsi que tout leur personnel seraient déjà limogés et en train d’être entendus par les services spécialisés. Toujours à l’aéroport, une bagarre a opposé un parent d’un passager à un policier en service qui a même perdu les boutons de sa tenue, mais cela n’a pas fait l’objet d’un compte rendu aux chefs hiérarchiques de ce commissaire devenu policier sans formation préalable car intégré dans la police en 2004 par Jules-Bernard-OUANDE directement au grade de commissaire de police. Elle brille par le laxisme, le népotisme et l’indiscipline. C’est un grand danger pour la République si l’on n’arrive pas à sécuriser l’aéroport, porte d’entrée et de sortie de tout le pays, arrivera-t-on à sécuriser tout le pays ? Cette commissaire ne respecte pas sa hiérarchie car ne rend compte qu’au directeur de cabinet qui est banda comme elle ou au Ministre, au détriment de ses supérieurs hiérarchiques qui sont le Directeur Général de l’émigration-Immigration, le Directeur Général adjoint de l’émigration-immigration et le Directrice des frontières. Une séance de travail prévue au commissariat de l’aéroport s’est tenue sans ce commissaire qui, prévenue de l’arrivée de ses trois supérieurs hiérarchiques, a préféré quitter le bureau pour revenir après leur départ.
Plus grave, le personnel de ce commissariat devrait être récompensé en grade pour acte de bravoure, mais le commissaire a fait une discrimination en ne triant que les membres de son groupe ethnique parmi les autres.
Tous les régimes stables et forts au monde le sont grâce à une police efficace, forte et dynamique. Il n’y a qu’à voir Israël ou bien se rapprocher du Cameroun de Paul BIYA pour être édifié.
Les policiers centrafricains ont toujours la mémoire courte et oublient très facilement l’histoire, sinon ce commissaire de l’aéroport ne devrait pas clamer haut et fort à qui veut l’entendre que : «je suis parent à la présidente Catherine SAMBA-PANZA». Ou bien les policiers n’ont pas encore acheté une lunette prescrite par un ophtalmologue digne de ce nom pouvant leur permettre de faire une bonne lecture des évènements. C’est pourquoi lisent-ils très mal. Dans un passé récent, on avait vu des officiers généraux et supérieurs de la police qui ont fait la pluie et le beau temps car ils avaient le monopole des nominations, des décisions concernant la vie des policiers et de la police, du fait de leur accointance avec le régime de BOZIZE, de leur appartenance ethnique ; se bombaient la poitrine en affirmant : «c’est mon régime, notre régime, je suis parent direct de BOZIZE», se sont même attribués des pseudonymes comme des vedettes. Où sont-ils aujourd’hui ?
Si ma mémoire ne me trahit pas, j’ai la faiblesse de penser au Général de police, Joël-MOIDAMSE-SINFEI, chef de cabinet particulier de BOZIZE, au commissaire de police, Yves-Valentin-GBEYORO alias le Grand-Baobab le Tout Puissant, qui en fuyant a pris soin de partir avec sa cigare, le commissaire principal de police Sylvain-MBOROBONA alias Singo qui venait même au bureau à l’époque directeur de l’OCRB en tenue du parti KNK bien qu’il est interdit au policier de s’habiller en tenue, casquette et insigne d’un parti politique y compris leur maisonnée. Ils fréquentent même les pègres, les falsificateurs des billets de banque ainsi que de faux documents tels que passeports et visa pour Paris.
Décidément la police centrafricaine n’est pas encore au bout de son chemin de la croix ,car des rumeurs provenant de la bouche des intéressés eux-mêmes : un militaire habitant le quartier Benz-vi ;qui affirment être le beau-frère du ministre de la sécurité ; un étudiant fils d’un ancien officier supérieur de la police décédé, être parent du directeur de cabinet du ministre de la sécurité et du délégué de solde du ministère de l’intérieur qui déclare être proche parent du Directeur Général de la police faisant état de leur reversement imminent dans la police, si cela venait à se concrétiser. Nous n’osons pas croire à cela, puisque le Général METENKOUE est un homme intègre, légaliste, guidé par la vertu républicaine.
Madame la présidente de la transition, Monsieur le Ministre de la sécurité, Monsieur le Directeur Général de la police, c’est l’homme qui fait l’histoire ; et en faisant l’histoire, il fait son propre histoire.
Présentement vous faites l’histoire de la police, en la faisant vous faites aussi la vôtre ; évitez à ce corps moribond une mort programmée savamment, car nous sommes tous appelés un jour à répondre devant l’histoire à défaut nos enfants.
Un adage dit : «la vie est une scène de théâtre d’où chacun vient jouer son rôle et s’en va». Jouons bien notre rôle car il est de coutume qu’à la fin de chaque spectacle, les spectateurs donneront leur appréciation sur le rôle de chaque acteur et ils garderont un bon souvenir ou mauvais témoignage.“