(Corbeau News Centrafrique)
La plateforme des leaders religieux célèbre Pacque
avec les détenus de Ngaragba
Bangui, (C.N.C),29-03-2016
Les quelque 300 détenus de la maison d’arrêt de Ngaragba – la plus grande maison carcérale du pays ont reçu, ce lundi 28 mars 2016, la visite humanitaire et œcuménique de la plateforme religieuse conduite par Mgr Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui et l’Imam Omar Kobine Layama, Président de la Communauté islamique centrafricaine (CICA), en l’absence du Pasteur Nicolas Guérékoyamé empêché. Les leaders religieux se sont faits accompagnés par une marée des chrétiens catholiques, précisément des fraternités Saint Joseph et Simon de Cyrène qui ont apporté vivres et non-vivres aux prisonniers.
La situation des détenus, à en croire recueillis sur place par CNC, requiert réconfort moral pour les détenus, surtout que la dernière crise dans le pays, agitée dans la majorité par des jeunes (mineurs parfois), la population de Ngaragba est dominée justement par des jeunes de la vingtaine, à ce jour. Arsène Ndirifé, un des jeunes n’a pas hésité pour lâcher le mot souffrance pour évoquer leurs conditions de vie.
« Ici, nous souffrons beaucoup, et pourtant beaucoup parmi nous sont innocents », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « nous reconnaissons que nous avons commis du tort à notre pays et ses lois, c’est la raison la présence de beaucoup d’entre nous ici. Mais, en cette fête de Pâques nous remercions nos pères, à savoir Mgr Nzapalainga, Imam Kobine Layama et le Pasteur Nicolas Guérékoyamé qui sont venus prier avec nous ».
Ali Garbé lui, lance plutôt un plaidoyer pour la libération des détenus arrêtés dans les dernières violences dans le pays, puisque dit-il, la leçon a été bien apprise durant ces mois de prison. Nous implorons la clémence de la Présidente sortante de la transition, notre maman Catherine Samba-Panza et le Président entrant notre père Faustin Archange Touadéra d’avoir une pensée particulière sur nous et de penser à nous libérer. Nous sommes majoritairement des gamins ici et on veut retourner à l’école ou faire nos petites activités de ‘’chercher à manger’’ au quartier », a-t-il plaidé.
Ces témoignages corroborent bien la situation déplorée par Simplice Mapouka, alias Albatroce, Régisseur de la Maison d’arrêt de Ngaragba et de Camp de roux. Selon lui, les problèmes de la Maison de Ngaragba devraient être pris comme un
« défi que nous devons relever en République centrafricaine en matière de prison. Car, ailleurs, les détenus gardent toute leur dignité humaine, alors qu’ici (en Centrafrique), un détenu est d’office considéré comme une personne rejetée dans la société.
Ce qui fait qu’il y a moins d’effort pour garantir aux détenus un environnement propice à leur besoins premiers, à savoir la santé, la nourriture, les conditions d’hygiène, les centres de formation aux divers métiers, ainsi que les airs de jeunes pour les mineurs de moins de 18 ans. Même le personnel pénitencier éprouve d’norme problèmes dont par exemple le manque de vasière et de toilettes pour les femmes ».
L’Archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, après la messe Pâques dite dans l’enceinte même de la prison, est revenu sur l’objectif premier visé par sa visite dans cette prison.
« Nous sommes venus manifester, en ce jour de Pâques, notre solidarité et notre proximité aux personnes qui sont détenues ici à Ngaragba. Nous sommes fiers de voir qu’aujourd’hui, la joie est rentrée dans cette prison », a indiqué le Prélat qui ajoute que « le message que j’ai transmis, c’est qu’il y a un temps pour toute chose. Il fut un temps où ils peuvent peut-être commettre une faute ou on les a accusés à tort, mais ils sont finalement ici. A l’occasion de la Pâques, nous leur avons demandés de porter leur carapace de patience comme Jésus lui-même a portée dans sa passion jusqu’à la mort pour le péché des hommes, puis à la résurrection aujourd’hui. Et, pour résister, nous leur avons demandés de se reposer sur Dieu le Tout puissant qui leur donnera la force nécessaire »
L’Imam Omar Kobine Layama lui, place la visite sous l’angle de la cohésion sociale qui doit prévaloir dans la prison de même que ce qui se fait sur l’ensemble du territoire. « Lorsqu’on parle de Pâques, la résurrection de Jésus Christ, Jésus est aussi dans le cœur des musulmans. Mais surtout, il ne faut pas que la maison carcérale, c’est comme l’hôpital où on y admet les malades de tous bords ou encore de toute confession. En venant ici, nous les hommes de Dieu voudrions rassurer les uns et les autres que la cohésion sociale dont on parle est une réalité ici à Ngaragba », a-t-il déclaré.
Notons que toute la ‘’Semaine Sainte’’, l’Archevêque de Bangui a fait le tour de toutes les prisons de Bangui, notamment la prison des femmes de Bimbo, le Camp de Roux, puis Ngaragba.
Bangui, Fred KROCK Pour CNC