Bangui (République centrafricaine ) – La crise sanitaire mondiale qui bouleverse les modes de vie et comportements n’a pas épargné notre chère nation la République centrafricaine. Ce virus dévastateur et mortel à vitesse exponentielle a défié le système sanitaire des nations développées et la psychose d’un ravage hante les États africains très limités avec des moyens rudimentaires de lutte contre la pandémie.
C’est dans ce contexte de faiblesse du système de santé publique que le Président de la république, chef de l’état, sur recommandations du comité de crise a édicté des mesures complémentaires préventives clarifiant son adresse à la nation du 19 mars 2020.
En effet, l’article 8 alinéa 4 de la constitution donne une légitimité juridique au Président de la république dans ce cas de figure et qui dispose : « l’Etat peut, lorsque les circonstances l’exigent et en vue de la protection de la santé publique, prendre des mesures temporaires de contrôle, de prévention et même de restriction des libertés ».
Animé par le souci d’endiguer la propagation du virus et en attendant d’entériner juridiquement les textes règlementaires, le Président de la république a édicté une série de mesures entre autres la fermeture temporaire des écoles, universités, bars dancings, aéroports et la limitation ou restriction de certaines libertés publiques.
L’absence de fermeture des établissements publics et privés, des transports urbains et l’absence des mesures d’accompagnement pour compenser la baisse évidente du pouvoir d’achat ainsi que l’absence de sanctions en cas de non respect rendent ces mesures paradoxales, ambiguës et susceptibles de remettre en cause l’efficacité des mesures en vue d’obtenir les résultats escomptés.
C’est dans ce climat de doute et d’incompréhension lié au manque d’informations sur le virus que le citoyen lambda s’interroge :
Les mesures prises par le Président de la république pour lutter contre la propagation du virus sont-elles efficaces pour atteindre les résultats escomptés ? Ces mesures seront-elles aussi applicables dans les zones de non-droit occupées par les groupes armés ? Les parlementaires, les partis politiques, les syndicats et la société civile réunis dans un relent de l’union sacrée sont-ils associés à la gestion de la crise pandémique ? Les mesures prises par le président de la république sont-elles adaptées à notre mode de vie ? La population effarée respectera t-elle les mesures prises ? Quelles seront les sanctions envisagées en cas de violation chronique des consignes ? Pourquoi les mesures édictées par le Président de la république n’ont-elles pas défini le délai d’entrée en vigueur ? Pourquoi le milieu carcéral considéré comme un foyer de propagation du virus n’a pas retenu l’attention du Président de la république ? Doit-on toujours attendre de voir la réaction, le comportement et la riposte des autres États alors que l’urgence est pendante ?
De toute évidence, il a été prouvé que le confinement est le meilleur moyen de lutter efficacement contre la propagation exponentielle du virus mais nous sommes d’avis avec le Président de la république que le confinement n’est pas compatible à notre mode de vie mais un couvre-feu nocturne corollaire de l’état d’urgence prévu à l’article 44 de la constitution pouvait faire office d’un confinement partiel. Par ailleurs, il urge de rappeler l’opinion nationale que cette urgence sanitaire n’est pas seulement et exclusivement l’affaire du Président de la république.
En conséquence, nous invitons toutes les compétences nationales de s’investir de près ou de loin dans cette bataille qui ébranlera certainement notre économie déjà fragilisée. La contribution de la population à cette pandémie serait d’observer scrupuleusement les gestes barrières qui consistent à respecter la distanciation sociale d’au moins un mètre, de saluer à distance c’est à dire d’éviter de donner la main, de tousser ou éternuer dans les coudes, de se moucher avec un mouchoir à usage unique et surtout de se laver les mains avec du savon de façon continue.
Pour finir en cette période de surenchère, nous invitons humblement les autorités établies de veiller à l’inflation des prix de denrées de première nécessité pour faciliter la faisabilité et l’efficacité des moyens de lutte contre le coronavirus.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 27 mars 2020.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.