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Centrafrique : la décentralisation , mythe ou réalité ?

Centrafrique : la décentralisation , mythe ou réalité ?

 

Faustin Archange Touadera, le Président de fait centrafricain
Faustin Archange Touadera. CopyrightDR

 

La décentralisation est souvent évoquée comme une solution pour rapprocher l’administration des citoyens et améliorer la gouvernance locale. En République centrafricaine, cette notion est régulièrement mise en avant par les partisans du Président Baba Kongoboro, qui prétendent que la présence de gouverneurs et de préfets dans les régions en est une preuve tangible. Pourtant, une analyse plus approfondie révèle que la situation est loin d’incarner une véritable décentralisation. En réalité, le pouvoir reste largement concentré au niveau central, ce qui limite fortement l’autonomie des régions et des collectivités locales.

 

Bangui, 12 août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

En effet, le gouverneur de la région du plateau, Joseph Dekombo, a été investi dans ses fonctions jeudi dernier. Lors de son discours, il a clairement expliqué sa mission : « Nous, gouverneurs, nous allons seulement poursuivre la feuille de route donnée par le président de la République […] Nous sommes prêts à suivre la feuille de route du président de la République». Ces propos confirment que le rôle des gouverneurs en Centrafrique n’est pas de prendre des initiatives locales autonomes, mais bien de mettre en œuvre les décisions du gouvernement central.

 

Décentralisation et centralisation : les bases du débat….

 

La décentralisation implique le transfert de compétences, de pouvoirs et de responsabilités du gouvernement central vers des entités locales, telles que les régions, préfecture ou communes. Ce processus vise à donner plus d’autonomie aux autorités locales pour qu’elles puissent mieux répondre aux besoins spécifiques de leurs populations. Il s’agit d’une démarche qui consiste à renforcer la démocratie locale et à améliorer l’efficacité de la gouvernance.

 

À l’opposé, la centralisation maintient les principales décisions et pouvoirs au niveau national. Dans ce cas, les représentants locaux, comme les gouverneurs et les préfets, sont souvent des relais du pouvoir central, appliquant les directives du gouvernement sans grande marge de manœuvre.

 

Gouverneurs et préfets : des relais du pouvoir central.

 

En République centrafricaine, le président nomme les gouverneurs pour superviser les régions. Ces derniers sont chargés de coordonner les actions des préfets, qui gèrent les préfectures. Sur le papier, ces structures pourraient donner l’impression d’une décentralisation. Pourtant, le fait que ces responsables soient nommés par le président et non élus par les populations locales montre clairement la centralisation du pouvoir.

 

Les gouverneurs et préfets ne disposent pas d’une véritable autonomie pour adapter les politiques publiques aux besoins locaux. Leur rôle se limite essentiellement à l’exécution des directives émanant du gouvernement central. Cette absence d’autonomie locale démontre que le pouvoir réel reste concentré à Bangui, à la présidence de la République entre les mains de Baba Kongoboro.

 

Une décentralisation limitée : les défis pour les régions.

 

Les partisans du gouvernement vantent la présence de ces structures comme une preuve de décentralisation, mais cela ne reflète pas la réalité. Dans un véritable système décentralisé, les régions disposeraient de plus de pouvoirs pour gérer leur développement, définir leurs priorités, et prendre des décisions en matière de santé, d’éducation, d’infrastructure, et autres services publics. En République centrafricaine, ces décisions continuent d’être prises au niveau central, souvent sans réelle consultation des populations locales.

 

De plus, la centralisation du pouvoir empêche les gouverneurs et préfets de réagir rapidement et efficacement aux crises locales. L’obligation de suivre les directives de Bangui, sans possibilité d’adaptation aux réalités du terrain, limite leur capacité à répondre aux besoins urgents des citoyens. Ce manque de flexibilité renforce la distance entre les populations et l’administration, aggravant ainsi la méfiance envers les autorités.

 

Décentralisation : mythe ou réalité en République centrafricaine ?

 

Loin d’être un modèle de décentralisation, la République centrafricaine reste largement centralisée. Les gouverneurs et préfets, bien qu’importants dans la structure administrative, ne disposent pas des pouvoirs nécessaires pour incarner une véritable autonomie locale. Le pouvoir reste concentré au niveau du gouvernement central, limitant ainsi les capacités des régions à se développer de manière indépendante.

 

En réalité, les discours qui vantent la décentralisation en République centrafricaine ne correspondent pas à la réalité du terrain. La structure actuelle demeure profondément centralisée, et une véritable décentralisation nécessiterait des réformes significatives, notamment en matière de transfert de pouvoirs et de ressources aux autorités locales. Pour l’instant, la décentralisation en Centrafrique reste un concept largement théorique, utilisé plus comme un outil de communication politique que comme une réalité concrète au service des citoyens.

 

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