(Corbeau News Centrafrique)
Interpellé par le CNT, Mahamat Kamoun annonce une concertation des forces vives avant le forum de Bangui
Bangui, Corbeau News Centrafrique, 14-04-2015
Alors que le premier ministre est attendu par les conseillers nationaux, ce lundi 13 avril 2015 pour se prononcer l’annulation pure et simple des décrets très contestés portant création d’un comité technique d’organisation du forum de Bangui, Mahamat Kamoun a plutôt annoncé une concertation de Catherine Samba Panza avec les forces vives de la nation. Une occasion, selon lui, pour colmater les brèches suite à la polémique autour de la personnalité de Jean Jacques Démafouth, à la tête de ce comité technique.
« Son Excellence, Madame le Chef de l’Etat de la transition, mon gouvernement et moi-même, nous sommes profondément touchés pour le dialogue et la concertation, afin de préserver la paix, la cohésion sociale et l’unité de notre peuple. Comme nous l’avons fait pour les pourparlers inter-centrafricains de Brazzaville, la Présidente de la République a décidé de réunir dans les tous prochains jours, l’ensemble des forces vives de la nation, en vue d’une large concertation sur tous les aspects du forum national de Bangui, en particulier, la vision que les fils et les filles de ce pays ont de ce forum et les objectifs que nous voulons lui attribuer. » a déclaré Mahamat Kamoun, le Premier ministre centrafricain, à l’occasion de son interpellation.
S’agissant de l’interpellation, le Rapporteur général du CNT, Thierry Akoloza rappelle sur le contexte de l’impasse politique qui a conduit le CNT à vouloir demander des explications à l’exécutif. Trois décret signé en date du 4 avril dernier sont à l’origine : « Les décrets signés en date du 04 avril 2015 par le Chef de l’Etat de la transition appellent de la part de la représentation nationale des observations suivantes : Absence de la concertation préalable entre les principales autorités de la transition et les forces vives de la nation avant la prise de cette décision ; Eviction du bureau de la commission préparatoire du forum de Bangui avant la date de la remise de son rapport au gouvernement ; Similitude des missions du comité technique d’organisation et celle du bureau préparatoire du forum ; Désignation non consensuelle de certaines personnalités au sein du comité technique d’organisation ; Exclusion du Conseil national de transition. »
Fort de ce qui précède, le Premier ministre va devoir répondre à un certain nombre de questions énumérées par Akoloza : « Pourquoi le comité de pilotage n’a-t-il pas attendu la remise officielle du rapport de la Commission préparatoire pour proposer la publication de ces décrets qui ne font pas l’unanimité ? Le temps imparti pour la tenue de ce forum vous semble-t-il suffisant pour les préoccupations exprimées lors de consultations populaires à la base ? Qu’envisagerai votre gouvernement pour le loger dans un délai raisonnable ? »
Cependant, l’exécutif n’a pas daigné rapporter les trois décrets querellés tel qu’exigé par le CNT. Il propose plutôt, une modification du premier décret : « La Présidente de la République, Chef de l’Etat, après avoir écouté l’opinion des uns et des autres sur la question, a décidé d’une série de mesures d’apaisement, à savoir le Décret n° 15.123 du 11 avril 2015, modifiant la composition du bureau du présidium du forum national de Bangui. » a annoncé Mahamat Kamoun.
Mais, les alternatives proposées par le gouvernement ne satisfont pas les conseillers nationaux. Pour Laurent Ngone Baba, « la Présidente de la transition est seule responsable de cette crise. C’est elle qui doit la dénouer en rapportant purement et simplement les trois décrets. »
Notons qu’au fond, c’est la désignation de Jean Jacques Démafouth comme coordonnateur du comité technique d’organisation du forum qui fait polémique. Gina Sanzé, conseillère nationale n’est pas passée par le dos de la cuillère pour crever l’abcès : « « Parlant de Jean Jacques Démafouth, du moins pour ceux qui connaissent ce Monsieur ou ceux qui ont été à Brazzaville, Jean Jacques Démafouth était avec la Séléka, on le chasse, il tente de rallier les groupes politico-militaires non combattants, on le chasse… Dernièrement à Ndjamena, Démafouth est parti parler au nom des Séléka … Pour moi, la personnalité d’une telle personne en quête d’identité ne devrait pas faire débat, de surcroit, pour parler de la cohésion sociale et de l’unité pour une personne qui divise déjà. Vous n’allez pas me dire qu’ici il s’agit d’un débat de personne, non ! La question c’est de savoir, est-ce qu’on vraiment la paix et la réconciliation dans ce pays? Si c’est cela que nous voulons, de toutes les décisions que nous allons prendre, nous devons voir que, Monsieur Démafouth, rien que son nom déjà divise actuellement. »
Bangui, Fred KROCK Pour CNC