Centrafrique : Intégration, Ras-le-bol des stagiaires du Ministère des Finances.
Bangui, le 22 mars 2017.
Par : Fred Krock, CNC.
Tel un accueil insolite, le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji a été accueilli ce mardi 21 mars 2017, à son arrivée au cabinet par une foule de manifestants. Ce sont des Stagiaires mécontents du Ministère des Fiances et du budget qui réclamaient leur intégration dans la Fonction publique. L’ultra fin politicien ‘’SMS’’ les a reçus tous dans la salle de conférence de la Primature aux fins des arrangements à l’amiable.
Sur banderoles tenues par les manifestants, les mots sont durs voire choquants : « Notre stage a trop duré : 1 an, 2 ans, 3 ans, 4 ans, 5 ans, 6 ans… 15 ans ! » ; « Non à notre utilisation abusive et non rémunérée ! » ; « Non à l’esclavage moderne ! » ; « Non au traitement cruel, inhumain et dégradant ! » ; « Non à la violation flagrante du Statut général de la Fonction publique ! »… Alors qu’ils étaient une centaine, les Stagiaires du Ministères des Fiances et du budget, à prendre d’assaut l’esplanade de la Primature ce mardi matin, pour réclamer leur droit à l’intégration. Il n’y avait pas que ces messages hostiles sur les banderoles déployées, il y avait également une foule bouillante avec des coups de sifflets.
Au cœur de ce mouvement qui correspond à s’y méprendre à une manifestation de ras-le-bol, des réclamations claires et cohérentes. « Nous réclamons notre intégration dans la fonction publique », a confié un manifestant.
En effet, le feuilleton de ce sulfureux dossier remonte en janvier 2012 où par Note n°0219/P/CPRAC que le Conseil permanent de l’Administration centrafricaine a saisi le Président de la République pour attirer l’attention de ce dernier sur « la situation des seize (16) compatriotes, tous ressortissants des Ecoles des régies financières en stage au Ministère des Finances et du budget en instance d’intégration ». Cette note a été accompagnée de la liste complète des Stagiaires en question. Ce qui n’est que normal pour l’Etat d’utiliser les Cadres qu’il a formés avec l’argent des contribuables centrafricains et de les mettre au service de la Nation.
Six mois plus tard, le Conseil Permanent de l’Administration centrafricaine a renvoyé la même note à l’attention du Président de la République en précisant cette fois-ci que les postes budgétaires de ces Stagiaires « avaient préalablement été prévus et qu’à leur retour, ils devaient être tous intégrés directement dans la Fonction publique, en vue de contribuer efficacement, de par leur formation, au renforcement des capacités en ressources humaines dans le cadre d’assainissement des fiances publiques ».
En 2015, le feuilleton s’est accéléré avec la prise de conscience de quelque soixantaine des Stagiaires du Ministère des Fiances et du Budget qui ont finalement compris qu’il fallait entamer des procédures administratives auprès de leurs responsables hiérarchiques aux fins des solutions à leur intégration devenue plafond de verre. Sous le régime de la Transition dirigée par la Dame Catherine Samba-Panza, un dossier bien fourni sur l’intégration de ces stagiaires aurait été déposé au Premier ministre de l’époque en l’occurrence, M. Mahamat Kamoun.
Après instruction, le dossier serait mieux avancé au niveau du Ministère de la Fonction publique sous Mme Odile Zitongo et du Ministère délégué aux Fiances et au budget sous M. Célestin Yanendji. Puisque dans le cadre du Programme de restructuration des Services publics appuyé par la Banque mondiale et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Gouvernement a décidé d’organiser en 2014, une vaste opération de recrutement de mille (1000) Fonctionnaires et Agents de l’Etat en vue de procéder à la mise à jour du fichier de la solde et du personnel de l’Etat. Notons que dans la répartition des quotas, le Ministère des Fiances et du budget requiert soixante (60) places.
Seulement, à la demande dans la Fonction publique, le Ministère des Fiances et du budget n’a présenté aucun candidat à l’intégration à la surprise générale des Stagiaires dudit Département qui attendaient de pieds fermes cette occasion historique. Il y a comme « une sourde oreille ou un fait exprès », selon certains Satgiares, au sommet de ce Département, d’où le sentiment de mécontentement ayant débouché sur la manifestation. Les Stagiaires constitués en collectif ont usé de leur droit de manifester pour revendiquer leur intégration. D’ailleurs, en date du 30 août 2016, le Collectif des Stagiaires ressortissants des Ecoles des régies financières, par le truchement de leur Coordonnateur Hervé Kossi Mandé, a saisi le Premier Ministre au sujet de leur intégration. Puis, le 8 mars 2017, le Collectif a une fois de plus saisi, cette fois, le Président de la République sur leur situation.
Voyant qu’il n’y a plus d’issue à toutes les démarches entreprises, le Collectif a introduit, en date de 13 mars 2017, une demande d’audience auprès du Premier ministre. Toujours sans suite. L’alternative ultime, selon les manifestants, était de sortir dans la rue.
Heureusement, le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji que les manifestants ont identifié comme leur seul dernier rempare n’a pas déçu. Grâce à la magnanimité du Chef du gouvernement, il a pu désamorcer la crise qui avait visiblement pris l’allure d’un embrasement de la capitale, car les manifestants commençaient à mijoter sur la barricade de l’Avenue des Martyrs.
Le PM SMS a commencé par accueillir tous les manifestants qui bouillonnaient dans la salle de conférence de la Primature. Une fois chasser la presse, notamment la Radio Ndeke Luka et le quotidien L’Hirondelle de la salle, le PM a écouté, point par point, les revendications des Stagiaires en vue certainement des actions promptes pour leur résolution.
En cela, le PM s’est positionné comme le veilleur de la République, car on l’a vu vendredi dernier à l’Université de Bangui alors que près des étudiants de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) ont pris en otage, 2 heures durant, le Recteur et tout son Staff pour réclamer des autorités administratives le prolongement du délai fixé pour leur inscription. Sur les cartons qu’ils ont brandis, on peut lire : « Pas de travail », « Pas d’évaluation », « Pas de cours ». Ces étudiants ont brûlé des vieux pneus à l’entrée du rectorat pour dire non à la réforme fixant le délai de paiement des frais d’inscription. Sarandji, par ses précieux et alléchants mots, a pu désamorcer cette crise.
Au sortir du huit-clos avec le Premier ministre, un Stagiaire qui a requis l’anonymat résume : « Nous ne pouvons pas dire d’emblée que nous sommes satisfaits. Du moins, nous sommes marqués par le fait que le Premier ministre a pris son temps pour nous écouter. Toutefois, il a tenté de nous rassurer, mais je pense qu’il nous a donné une réponse politique pour nous calmer. Et donc, nous allons réfléchir sur tout ce qu’il nous a dit pour envisager les perspectives de nos actions ».
En tout cas, tout semble comme si ce n’est que partie remise, car les manifestants n’entendent pas baisser la main jusqu’à l’obtention de gain.
A suivre…