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Centrafrique : Hollande et l’incident secret de Bangui

LeParisien.fr

Coup de chaud à Bangui ! Lors de son escale express en Centrafrique, au retour de l’hommage à Nelson Mandela en Afrique du Sud, François Hollande a peut-être échappé au pire. Il est 19h15 mardi quand son Falcon 7X se pose sur le tarmac de l’aéroport M’Poko, dans la capitale centrafricaine. Cette étape à haut risque, l’Elysée l’a calée dimanche dans le plus grand secret, sécurité oblige.

 

Chef d’état-major particulier du président, le général Benoît Puga, qui a servi en Centrafrique, a tout préparé avec les militaires français sur place pour sécuriser la zone. Car les hommes du président savent la situation chaotique… Dans la nuit précédant la visite, deux soldats français de 22 et 23 ans sont morts dans une embuscade, sans doute tendue par les Séléka. « Et ça tirait encore autour de l’aéroport quand l’avion s’est posé », confie une source en haut lieu.

Dans l’appareil qui compte une quinzaine de sièges, François Hollande, Laurent Fabius, Valérie Trierweiler, Benoît Puga, la Madame Afrique de l’Elysée Hélène Le Gal, une conseillère com, un photographe et, côté « bodyguards », la chef du GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République) Sophie Hatt, ainsi qu’un officier qu’on appelle le Siège, chargé de porter la valise de protection en kevlar.

Deux 4 x 4 et cinq pick-up font irruption dans la nuit

Dans le pavillon présidentiel de la base militaire qui jouxte l’aéroport, sorte de zone VIP, le président français s’entretient depuis une quinzaine de minutes avec Michel Djotodia, président de transition imposé par les Séléka, ces miliciens musulmans qui ont chassé le président Bozizé en mars. Depuis, ils sèment la terreur. Et se plient de très mauvaise grâce à l’opération Sangaris de désarmement engagée à Bangui il y a quelques jours. « Djotodia était en panique de rencontrer Hollande. Il avait peur qu’il lui demande de dégager », confie-t-on à Paris. D’où, dans l’air, une certaine électricité… Hollande, de fait, se montre inflexible sur l’organisation d’élections d’ici un an, mais fait savoir à son « homologue » qu’il restera en fonctions d’ici là.

A l’extérieur, les hommes de Djotodia l’ignorent. Ont-ils alors tenté une manœuvre d’intimidation? Le Falcon 7X est stationné sur le tarmac quand, soudain, deux 4 x 4 et cinq pick-up font irruption dans la nuit. Ils se postent en face de l’avion présidentiel. « Ça a été la panique du côté des forces spéciales qui protègent l’appareil », témoigne une source locale en décrivant la scène. A bord de chaque véhicule, une dizaine d’hommes en uniforme, armés jusqu’aux dents. Ils sortent des pick-up, kalachnikovs à la main. Personne n’est mis en joue, mais la situation reste très critique. Hollande n’est qu’à quelques dizaines de mètres des canons de leurs mitrailleuses. Et dans l’un des véhicules, un jerrican fait craindre le pire aux militaires français…

«Cet aéroport est une vraie passoire…»

Un général soudanais de la Séléka sort d’un des véhicules et discute avec eux. Puis finit par ordonner à ses acolytes de remonter à bord des pick-up et de quitter les lieux. Plus de peur que de mal, certes. La scène ne dure que cinq minutes. Mais malgré le couvre-feu et l’interdiction de sortir armé, les Séléka sont parvenus à s’approcher dangereusement du chef de l’Etat, à deux pas d’un camp militaire français! « On a eu chaud, raconte un témoin de la scène. On ne sait pas comment ils ont fait pour arriver là. Cet aéroport est une vraie passoire… » « Ça a été très, très tendu », avoue-t-on à l’Elysée. De fait, seuls des barbelés séparent le début de la piste cabossée d’atterrissage du campement de fortune des réfugiés, où sont massées 40000 personnes. Sur le tarmac de Bangui, Hollande est donc peut-être passé à côté d’un drame… mais n’y a vu que du feu, grâce aux soldats français. Lorsqu’il quitte le pavillon présidentiel, les Séléka ont déjà rebroussé chemin, s’évanouissant dans la pénombre.

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