Centrafrique : expulsion des fonctionnaires de la Minusca, le bras de fer se poursuit.
Bangui (République centrafricaine) – Sommés de quitter le territoire centrafricain dans un délai de sept jours, quatre diplomates onusiens, déclarés persona non grata par les autorités centrafricaines, sont toujours en poste au sein de la Minusca à Bangui. Le Gouvernement menace de les arrêter, la Minusca conteste les allégations portées contre eux, et Le bras de fer se poursuit.
Quatre hauts fonctionnaires de la Minusca, à savoir Monsieur Zalko Bars Dimitroff, Chef de bureau de coordination de la Minusca à Bangui , Monsieur Torres Ray, directeur des affaires politiques, Monsieur Carlos José, responsable de la coordination du 3e arrondissement, et Monsieur Kéïta Mamady, agent de la Minusca détaché dans le 3e arrondissement de Bangui, ont été sommés, le 17 février dernier par les autorités centrafricaines de quitter le territoire de la République centrafricaine dans un délai de sept jours à compter du 17 février 2020. Faute de quoi, leurs immunités diplomatiques seraient levées avant d’être arrêtés et traduits devant la justice centrafricaine.
Cet ultimatum du gouvernement centrafricain est exprimé dans une correspondance diplomatique de la ministre centrafricaine des Affaires Etrangères adressée au Représentant spécial du Secrétaire général des nations unies en République centrafricaine en date du 17 février 2020.
Dans cette correspondance diplomatique, la ministre centrafricaine des Affaires Etrangères justifie la décédions des autorités centrafricaines par l’incompatibilité des actions de ces personnes mises en cause avec la mission de l’Onu dans le pays. Or, dans la journée du 17 février, plusieurs dizaines des jeunes du mouvement Cœurs unis (MCU), parti du Président Faustin Archange Touadera, ont manifesté, à la place des nations unies à Bangui, sous la bannière du mouvement des patriotes centrafricains pour la paix (MPCP) pour exiger l’expulsion de ces quatre diplomates onusiens qu’ils accusent d’être de connivence avec les groupes armés en leur fournissant des armes et minutions afin de déstabiliser le pays.
Cependant, la Minusca, qui a toujours nié ces allégations portées contre ses fonctionnaires, refuse de céder aux pressions des autorités centrafricaines, et menace de poursuivre en justice les auteurs de cette compagne de diffamation contre son personnel.
Contacté par CNC, un diplomate africain en poste à Bangui, qui enseigne le droit en ce sens : « C’est au Secrétaire général des Nations-unies de lever ou non, l’immunité des fonctionnaires et experts en mission des Nations Unies dans un pays quelconque comme la Centrafrique par exemple, lorsqu’une telle immunité entrave la recherche de la justice et lorsque sa levée ne porte pas préjudice aux intérêts de l’ONU. Et la responsabilité première des poursuites pénales échoit aux États de nationalité des auteurs présumés d’infractions ».
Et d’ajouter : « Ce n’est pas, en outre, aux autorités d’un pays, en l’occurrence de la République centrafricaines, d’exiger la mutation d’un fonctionnaire de l’ONU et que la décision du gouvernement centrafricain est sans effet. Pour conclure : « D’ailleurs les auteurs de cette décision risqueraient des sanctions des États-Unis ou de l’Union européenne si cela persiste ».
Du côté des autorités centrafricaines galvanisées par des diplomates russes en poste à Bangui, il est hors de question que ces quatre diplomates onusiens restent en poste en RCA. Ceux-ci doivent quitter le pays de gré ou de force ou arretes pour être jugés. Des avocats sont réquisitionnés à cet effet.
Au même moment, deux coordinations de la jeunesse du MCU à savoir, le Mouvement des Patriotes Centrafricains pour la Paix (MPCP) et le Réseau National pour la Sauvegarde des Acquis de la Paix (RNSAP), qui se réclament d’agir pour l’intérêt suprême du territoire centrafricain en général, campent sur leur positions, et prévoient une nouvelle manifestation populaire devant le ministère des Affaires Etrangères, la Minusca et certaines villes de provinces d’ici la semaine prochaine pour exiger toujours le départ sans condition du sol centrafricain de ces quatre fonctionnaires de la Minusca.
Pour certains observateurs de la vie politique nationale, cette nouvelle hostilité diplomatique déclenchée par les autorités centrafricaines est sans doute une nouvelle stratégie politique propre au MCU visant à influencer le processus électoral en cours.
Affaire à suivre…
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