Centrafrique: des 100 jours du President Faustin Archange TOUADÉRA, que dire?
Bangui, le 10 juillet 2016. 17:22′.
Par: Producteur Indépendant.
Des 100 jours du Président F. A. TOUADERA, que dire ?
S’il est très tôt de porter un jugement objectif et juste sur le bilan d’un Président qui hérite d’un pays en déconfiture, on peut toute fois relev”er les faits et gestes qui ont aminé cette période.
Sur le plan diplomatique, si tout le monde veut s’accorder que sur le plan international, le Président TOUADERA a replacé la RCA dans le concert des Nations, par ses déplacements au siège de l’ONU, son passage à Bruxelles et son séjour semi-privé public à Paris, il n’en est pas le cas sur le plan sous-régional et régional.
La diplomatie de proximité du Président TOUADERA ne semble pas porter fruit au niveau sous-régional. Au bout de 100 jours, le Président n’a pas pu rencontrer tous ces homologues de la sous-région. En dehors de sa visite furtive à Ndjamena auprès de DEBY au Tchad, ce qui n’a jamais empêché les déplacements incessants du recherché Nouredine Adam qui est sous sanction de l’ONU, et qui se déplace allégrement entre la Tchad et la RCA au vu et au su de tout le monde, malgré les sanctions qui pèsent sur lui et réactivant ses troupes. Il faut noter le passage à Brazzaville de manière presque informelle pour aller voir le Médiateur International de la crise centrafricaine, le Président SASSOU NGESSO Denis. La visite à Libreville au Gabon pour rencontrer le Président Gabonais, Ali BONGO, n’a jamais eu lieu et a été reportée aux calendes grecques. C’est profitant de l’investiture du Président Equato-guinéen à laquelle il était convié, que le Pr
ésident a vu son homologue à Malabo. Avec le Cameroun, à peine commencé, le divorce semble consommé. A ce jour, le Président TOUADERA n’a pas encore rencontré le Président Paul BIYA. Et pour les Camerounais, avec tout ce que le Président BIYA a fait pour la RCA et au Président TOUADERA lui-même qui a bénéficié des largesses de son Homologue camerounais, le Président centrafricain, F. A. TOUDERA, bouderait le Président camerounais Paul BIYA. On se rappellera que par le passé, par cette même attitude affichée par la Présidente de Transition C. SAMBA-PANZA, cette dernière n’a jamais été reçue par le Président Camerounais. Le Président Centrafricain ferait mieux de ne pas tomber dans ce cas de figure, quand on sait que le Cameroun est la porte d’entrée, le rempart et que le Cameroun abrite le plus gros contingent des déplacés refugiés centrafricains. On ne devrait pas négliger un tel partenaire.
Plus grave encore, au niveau des Représentations sous-régionales, certaines Ambassades ouvertes par les Autorités de Transition dans le cadre de la nouvelle carte diplomatique centrafricaine, ne sont pas fonctionnelles. Les fonctionnaires et Agents de l’Etat affectés dans ces Missions ont vu leur Décret de nomination rapporté. Ce sont les cas de la Guinée-Equatoriale où seule l’Ambassadrice devrait être en poste ; tous les autres diplomates étant ceux qui ont vu le Décret de nomination rapporté. On peut ajouter les cas du Gabon et du Nigeria.
Une Grande Ambassade comme celle du Cameroun, la plus grande dans le dispositif diplomatique centrafricain de la sous-région ne compte que 2 Diplomates, l’Ambassadeur et le Conseiller Culturel. Donc, il n’y a pas de Premier Conseiller, ni de Conseiller Economique, ni Conseiller Consulaire.
Sur le plan diplomatique, en particulier a niveau sous-région, où la plupart des pays accueillent beaucoup de refugiés centrafricains qui ont besoin de l’assistance de leur représentation, il y a lieu de faire quelque chose rapidement. La politique de bon voisinage devrait être privilégiée.
Sur le plan économique, la déclaration de politique générale du Premier Ministre, si on peut la saluer par sa longueur, plus de 70 pages, a présenté une compilation de catalogues des différents secteurs économiques du pays, a parlé un peu de sécurité et tout cela sans objectifs clairs et fixés, sans chronogramme établi, sans chiffrage.
Le programme de société du Président traduit dans le discours programme lors de l’investiture ne s’est pas traduit en un vrai programme de politique du Gouvernement. Si tant que le Président s’est rendu compte des réalités du terrain, on attend de voir la reformulation de cette politique avec les nouveaux paramètres socio-économiques.
Sur le Plan Sécuritaire, les derniers évènements survenus tant à Bangui qu’en province, montrent qu’on est loin du compte. La politique de la main tendue du Président de négocier avec les groupes armés est une mauvaise approche. Elle affaiblit l’autorité du Président légitime et a ouvert la porte à toute sorte de revendications et mettant en péril le vivre ensemble prôné par le Président de la République.
Quand on est légitime comme le Président élu, détenteur du monopole de la violence physique légitime que lui confère la Loi fondamentale, on ne négocie pas avec des non institutionnels et la force doit rester à la LOI. Même le Haut-Commissaire au Droit de l’Homme de l’ONU a demandé aux autorités centrafricaines avec la MINUSCA d’appliquer la loi et protéger la population.
L’embargo n’est pas là pour empêcher le Gouvernement légitime à assurer la sécurité de sa population. Selon la Résolution 2127 et 2149 agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, l’embargo est là pour rassurer que les gens qui ne doivent pas être armés ne le soient pas. Il revient donc au Gouvernement légitime d’informer par courrier formel le Comité des Sanctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies qu’il a besoin de telle ou telle quantité d’armements pour assurer la sécurité de sa population. La Résolution 2264 insiste aussi sur le rôle des nouvelles autorités élues à qui incombe la protection de sa population par ses propres moyens d’abord. Si le Gouvernement ne prend pas les devants la MINUSCA ne fera rien.
Comme dit l’Ambassadeur de France en RCA « il revient aux Centrafricains de reconstruire de leur pays ».
Sur le plan des déplacés, le mouvement s’est encore accéléré ces derniers temps vers le Tchad et le Cameroun et ce se chiffre en millier de personnes.
De manière générale, en toute objectivité, il est difficile de parle des 100 jours du Président. On peut toujours tirer sur les comètes, car le Président avait donné l’air d’avoir la clé de la solution du problème centrafricain. Il se trouve qu’on est dans un domaine social qui est mouvant. En science politique, 1+1 n’est pas forcément égal à 2, comme il en est de même des mathématiques pures où 1+1= 2 plus des résidus. A l’observation, les actions du Président sur le terrain ne sont pas encore visibles.
Attention, « à long terme on est tous morts », a dit l’autre.
Dire le contraire de ce que dit l’autre n’est pas forcement être contre lui. A chacun de dire sa vérité et que les autres en jugent.
Averty T. T.