Bangui (République centrafricaine) – A l’occasion du sommet mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose à Lyon (France) du 9 au 10 octobre 2019, le Président de la république a initié en marge une rencontre dite « citoyenne » avec la communauté centrafricaine de France qui logiquement devrait s’articuler sur la présentation des choix et orientations du gouvernement, les différents chantiers entrepris ainsi que les difficultés rencontrées.
Les attentes de la diaspora centrafricaine de France se résumaient aux initiatives du pouvoir pour endiguer la crise favorisant des mesures d’accompagnement économique et éventuellement les investissements de la diaspora pour créer l’emploi et relancer la machine économique.
Faisant l’économie des soubresauts et messes de minuit qui ont précédé la rencontre, l’élu de la nation centrafricaine croyait par angélisme dompter l’arène mécaniquement, artificiellement acquise à sa cause et qui l’écoutait religieusement nonobstant l’absence délibérée des ténors de contradictions de la diaspora centrafricaine de France.
Le chef de l’état s’est ainsi prêté à un long exposé sans motifs et vide de contenu surtout assimilable à un bilan à mi-parcours. Ce discours qui a failli endormir l’assistance est diamétralement opposé aux attentes d’un peuple meurtri qui n’aspire qu’au désarmement, la paix, la cohésion sociale, la justice etc…conditions nécessaires et sine qua non à la tenue des élections libres, transparentes et crédibles.
Au delà d’un protocole de questionnements préétablis puisque les intervenants étaient cooptés plus ou moins par affinité, il a suffit d’une question bien calibrée d’un compatriote sur la connotation propagandiste de la rencontre pour faire sortir le Président de la république de sa réserve avec un timbre colérique au point qu’on s’est interrogé sur le sort de ce compatriote si jamais cette rencontre avait lieu dans la capitale centrafricaine.
En effet, le chef de l’état a confondu naïvement et de façon ostentatoire la contradiction qui est l’essence de l’équilibre démocratique aux obstacles (bâton dans les roues).
Apeuré par cette réaction allergique et épidermique du Président de la république, le citoyen lambda s’interroge : Quelle était la quintessence du message du président de la république à l’endroit de la diaspora centrafricaine de France ? Quelles sont ses réelles attentes de la communauté centrafricaine de France ? S’agissait-il d’un message de pré campagne électorale et de l’inopportunité de la transition tant prônée par l’opposition démocratique ? A défaut d’être en pré campagne électorale, pourquoi distribuer en marge des tee-shirts à l’effigie du Président de la république accompagner de brochures capitalisant les « supposés efforts » du pouvoir ? Que faisait le coordonnateur national du MCU à la tribune d’honneur alors qu’il n’est ni membre du gouvernement ni membre de la délégation officielle du chef de l’état ? Selon les dispositions de la salle, la proximité directe du coordonnateur du mouvement présidentiel avec le chef de l’état sur La tribune a t-elle une explication ou renvoie t-elle un signal à la diaspora de France ?
Par ailleurs, en l’absence d’un communiqué officiel de l’ambassade relatif à la rencontre citoyenne, comment peut-on expliquer l’absence du ministre des affaires étrangères qui est l’interface de la diaspora au sein du gouvernement ?
Au delà de toutes polémiques politiciennes, la diaspora centrafricaine de France composée de façon cosmopolite de grands intellectuels avec une clairvoyance politique inouïe a compris finalement que le but de la rencontre citoyenne était de courtiser la diaspora pour adhérer sans réserve au fameux accord de Khartoum ainsi qu’au mouvement MCU. Tous les ingrédients préparatoires de cette rencontre citoyenne concourent à confirmer qu’il s’agissait de la promotion du mouvement politique qui soutient les actions du chef de l’état.
Dans cette optique, il est important de rappeler que le bureau du MCU de Lyon venait d’être mis en place. En outre, il apparaît paradoxal que l’élu de la nation finance sur fonds propres les « liveurs » tant détesté ou les médias privés pour assurer la couverture médiatique de la rencontre alors que la présidence de la république dispose d’un service de presse. Comparativement à la première rencontre citoyenne tenue au palais du congrès à Paris en 2016, on avait enregistré la présence du ministre des affaires étrangères, de la presse présidentielle avec un modérateur appartenant à la présidence. Suivant cette logique, il urge de souligner que le modérateur de la rencontre de Lyon était un responsable imbibé du MCU France. La formule organisationnelle est sorti du cadre institutionnel de l’Etat et relève de la simple propagande même si on ose pas le dire publiquement.
Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 18 octobre 2019.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
Tel : 0666830062.