Centrafrique : comment la justice meurt en direct sous les yeux de Touadéra

Rédigé le 16 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Depuis début septembre, les avocats centrafricains ont cessé le travail. Pas par protestation politique, mais parce que l’exercice de leur profession est devenu impossible.
Le 4 septembre marque le début d’une paralysie judiciaire en République centrafricaine. Le Barreau a suspendu ses activités, confronté à des obstacles qui rendent l’exercice du droit impossible. Cette décision démontre une crise profonde du système judiciaire centrafricain.
Les revendications des avocats portent sur deux points fondamentaux : l’accès aux clients détenus et une rémunération décente. Actuellement, les forces de l’ordre empêchent régulièrement les avocats d’assister aux interrogatoires de leurs clients. Les procès-verbaux sont établis en leur absence, privant les prévenus de leur droit à la défense.
Arlette Sombo Dibélé, avocate au Barreau de Bangui, témoignait déjà en avril : « On nous refuse l’accès sous prétexte que les interrogations sont en cours. Quand nous arrivons, les décisions sont déjà prises ». Cette pratique transforme la défense en simple formalité administrative.
Les honoraires d’avocat commis d’office n’ont pas été revalorisés depuis des années, rendant impossible la prise en charge correcte des dossiers. Cette situation pousse de nombreux justiciables vers une justice à plusieurs vitesses, où seuls ceux qui peuvent payer accèdent à une défense de qualité.
Par ailleurs, certains avocats font face à des pressions directes. En 2022, Émile Bizon et Manguereka avaient reçu des menaces après avoir dénoncé des dysfonctionnements. Ces intimidations créent un climat d’insécurité qui décourage l’exercice indépendant de la profession.
Le ministre de la Justice, Arnaud Djoubaye Abazène, évoque des « discussions en cours » sans proposer de calendrier précis ni de mesures concrètes. Le président Touadéra parle du Barreau comme d’un « pilier fondamental » de la démocratie, mais les actes tardent à suivre les discours.
Cette situation intervient dans un contexte préélectoral tendu. Le gouvernement semble privilégier la temporisation plutôt que les réformes structurelles nécessaires au bon fonctionnement de la justice.
Cette paralysie affecte directement les justiciables. Des prévenus restent en détention prolongée sans jugement, des familles attendent des réponses qui ne viennent pas, et la confiance dans l’institution judiciaire s’érode.
La grève des avocats montre un problème plus large : l’affaiblissement de l’État de droit en RCA. Quand les défenseurs ne peuvent plus exercer, c’est l’équilibre des pouvoirs qui se trouve menacé.
Au-delà des revendications corporatistes, cette crise soulève des questions essentielles sur l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs. Elle met en lumière les difficultés de la RCA à consolider ses institutions démocratiques.
La résolution de ce conflit nécessitera des engagements précis et un calendrier de mise en œuvre. Sans cela, la crise risque de s’installer durablement, avec des conséquences graves pour l’ensemble du système judiciaire centrafricain.
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