CENTRAFRIQUE : BRADERIE TROQUANTE À GRANDE ÉCHELLE DES CONCESSIONS MINIÈRES CONTRE DES ARMES, À QUI LE PROCHAIN TOUR APRÈS LA RUSSIE ET LA CHINE ?
Bangui, 25 juin 2018 (CNC) /
La crise fratricide centrafricaine a engendré la prolifération et la dissémination à grande échelle des armes de tout calibre sur l’ensemble du territoire national. Ce phénomène a été rendu possible par la porosité de nos frontières et l’érosion de l’autorité de l’Etat. Animé par les inquiétudes d’un probable génocide, le conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité la résolution 2127 mettant notre chère nation sous embargo.
L’embargo est une mesure restrictive et coercitive visant à interdire la vente et la libre circulation des armes à un pays, à cela s’ajoutent l’interdiction de voyager et le gel des avoirs des principaux protagonistes de la crise. Le suivi de l’embargo a été confié à un comité de sanction, organe subsidiaire du conseil de sécurité de l’ONU créé le 5 décembre 2013.
Ce dernier a prolongé ou reconduit les sanctions pour deux années consécutives au motif que la situation actuelle du pays n’est pas favorable à la levée totale de la sanction. Comme le miel attire toujours les abeilles, la Chine a aussi emboîté le pas à la Russie en obtenant l’accord du comité de sanction du conseil de sécurité de l’ONU à New York pour équiper nos forces de défense en armes et autres équipements militaires. Pour contourner cette sanction lourde de conséquences, le pouvoir a opté pour une offensive diplomatique en vue de la levée partielle de l’embargo avec des partenaires russes suivi désormais de la Chine mais malheureusement en bradant au passage des concessions minières en violation des dispositions de l’article 60 de la constitution.
La braderie ne se limite pas seulement aux concessions minières mais s’étend aussi à nos valeurs voire nos passeports diplomatiques attributs de notre souveraineté nationale. La braderie s’entend ici par la vente en deçà de la moyenne mondiale c’est à dire en deçà des prix pratiqués sur le marché. Cette marge représente un manque à gagner puisqu’elle ne serve pas les intérêts de l’Etat ni de la population mais alimente des comptes privés. Il n’est pas ainsi difficile de comprendre que le profit de ce pillage organisé engraisse un clan déterminé. Inquiété par le flou, l’ambiguïté et l’incompréhension sur les vrais objectifs de la présence sur l’ensemble du territoire national des soit-disant militaires russes, le citoyen lambda réagit avec de multiples interrogations :
Dans cette braderie galopante des ressources minières, a t-on conscience et le sentiment de violer les dispositions de l’article 60 de la constitution ?
Dans la négative, faille t-il opter pour une révision constitutionnelle axée sur l’article 60 ?
Le pouvoir discrétionnaire consacré par l’article 33 de la constitution donne t-il au président de la république le pouvoir de brader les ressources minières ?
La braderie de nos ressources contre les armes était-il un passage obligé pour la levée partielle de l’embargo ?
Pourquoi la Chine a insisté devant le comité de sanction de bénéficier en vue de la levée partielle de l’embargo de même privilège que la Russie ?
Le pouvoir connaît-il les agendas cachés des différents pays qui se bousculent pour nous livrer des armes ?
Saviez-vous ce qui se cache derrière les différentes aides et missions humanitaires ?
La courbe linéaire de la course aux armes conduira t-il le pouvoir à en réclamer aussi au Vatican ?
Il est vrai que notre armée a un besoin urgent en armes pour sécuriser le pays mais allons-nous faire un catalogue de toutes les armes du monde ?
Si tel est le cas, à qui le prochain tour pour nous livrer des armes en contrepartie de la braderie ?
N’y a t-il pas de risques que ces ces armes de diverses traçabilités puissent se retrouver dans la nature ou sur les marchés aux puces ?
En dépit du concours vain de trois puissances membres du conseil de sécurité de l’ONU, peut-on affirmer que notre pathologie est simplement incurable ? On constate impuissant que trois membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU ont déjà intervenu dans la crise centrafricaine, existe t-il encore de places pour les deux autres membres restant ? Il apparaît après étude que tout mélange est nocif et toxique, l’importation des armes de divers pays ne risque t-il pas de faire tousser le régime ? Dans le cadre de l’exception accordée par le comité de sanction à la Centrafrique, le cumul de levées partielles garantit-il cette fois ci une prochaine levée totale de l’embargo en janvier 2019 ? Devant le comité de sanction, la France, les USA et l’Angleterre ont demandé plus de précision à la Chine sur la livraison d’armes…ce droit de réserve fait-il de ces États des ennemis de la paix en Centrafrique ? En plus de sa présence économique, les chinois ont-ils besoin de ce tremplin pour assoir leur influence dans le pré carré français tant convoité ? La Centrafrique sortira t-elle gagnante dans la mise en concurrence des puissances militaires sur son sol ? En l’absence du ministre des affaires étrangères toujours exclu des déplacements présidentiels, qui est le véritable artisan de la braderie de nos ressources ? Le citoyen lambda pose tellement de questions que le pouvoir a un devoir de communiquer, de clarifier et d’informer l’opinion nationale sur cette superbe supercherie. L’étau se resserre et même des langues se délient dans le camp présidentiel…le juda va bientôt embrasser son maître. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.
Paris le 22 juin 2018.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections. Tel : 0666830062.