Bangui (CNC) – La patrie de Boganda, jadis surnommée « la Suisse de l’Afrique », n’est plus que l’ombre d’elle-même depuis les crises politico-militaires sans fins qui ont ruiné le pays. A quand le temps du renouveau qui verra les fils et filles de Centrafrique goûter enfin les fruits mûrs et savoureux du développement ? En attendant, toutes les aides, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
On apprend ainsi, de sources bien informées, que les Russes se vantent partout d’avoir débuté la construction d’une usine de conditionnement de viande à Gbokolgbo, dans la préfecture de la Ouaka. L’usine devrait créer trente (30) emplois dans la population locale afin de produire une production bouchère de qualité, dans le respect des normes modernes de qualité sanitaire d’emballage sous vide. C’est une bonne chose qui permettra, on l’espère, à de nombreux Centrafricains de jouir d’une alimentation saine et bienfaisante. Mais ce beau projet sera-t-il conduit à bien dans l’intérêt de tous les Centrafricains ? On peut en douter. Et pour cause.
La direction de l’usine serait confiée au sinistre mercenaire peulh Ali Darass, le chef de l’UPC. Ce faisant, les Russes ne se sont-ils pas alliés, bien légèrement, à un criminel cynique pour mieux tirer profit de l’argent qui devrait revenir aux paisibles et laborieuses populations ? Quel Centrafricain ignore que le bétail est une des principales richesses du pays ? Moins spectaculaire que l’extraction de l’or ou des diamants, l’élevage représente pourtant près de 13 % du produit intérieur brut (PIB) de la Centrafrique selon les chiffres officiels. En finançant l’usine de boucherie, la Russie ne veut-elle pas bénéficier, elle aussi, de cette vache à lait ? « La caque sent toujours le hareng », dit l’adage populaire et le centrafricain lambda se demande comment des étrangers alliés à un criminel avéré pourraient privilégier l’intérêt général dans leur entreprise.
D’autant que, d’après les annonces faites, les Russes ont choisi de placer la sécurité de l’usine sous la protection des miliciens locaux. Diantre ! C’est donc aux groupes armés de protéger les intérêts russes maintenant ! Comment croire que le groupe armé renoncera à ses armes après cela ? Voilà comment les Russes prétendent aider la sécurité en Centrafrique.
Pendant ce temps, les représentants russes continuent à avancer leurs pions pour un contrôle accru des institutions de la Centrafrique, pays généreux dont la souveraineté paraît aujourd’hui contrôlée sur les berges de la Volga. Et ils ne cessent d’annoncer la livraison de nouvelles armes comme l’arrivée d’officiers russes dans la MINUSCA, mais ils trouvent toujours une bonne explication pour expliquer leur retard. Qu’en est-il vraiment de toutes ces promesses qui, jusqu’à présent, ont surtout profité aux groupes armés ?
Attendons de voir…
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