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Centrafrique: Bangui vit au rythme de braquages et de criminalités aggravées

©AFP  /  CNC

Vue aérienne de la ville de Bangui en République Centrafricaine

Les violences intercommunautaires de masse qui ont ravagé le pays pendant un an et demi ont largement diminué, mais toutes les bandes armées n’ont pas été démantelées

Braquages, agressions, disparitions : à l’heure où se déploie une nouvelle mission de l’ONU en Centrafrique, les habitants de la capitale Bangui sont excédés par la criminalité qui continue d’empoisonner leur vie quotidienne. Les violences intercommunautaires de masse qui ont ravagé le pays pendant un an et demi ont largement diminué, mais toutes les bandes armées n’ont pas été démantelées. Les violences se concentrent particulièrement dans les quartiers nord de Bangui comme Boy-rabe, Fouh et Gobongo, fiefs des milices anti-balaka qui ont commis d’innombrables exactions depuis plus d’un an. “On ne peut plus vivre en paix ici à Boy-rabe. Chaque nuit, il y a au moins entre deux à trois cas de braquage. Aucun dispositif de dissuasion n’est en place pour faire peur aux auteurs de ces braquages”, se plaint le gérant d’un bar, Jozias Maïngué. “Alors que tout le monde était en droit de penser que l’ennemi était la Séléka, aujourd’hui c’est tout à fait le contraire. Ce sont les anti-balaka qui terrorisent encore les Centrafricains et particulièrement les Banguissois”, accuse un habitant de Boy-rabe, André Ngaïnam.
Ce sont aussi des anti-balaka “qui ont attaqué la station-service Tradex du 4e arrondissement en plein jour en tirant en l’air. Ils “sont partis avec 18 millions de francs CFA (27.000 euros) sans être inquiétés”, affirme Job Bekoïssé, un revendeur de carburant.

Les miliciens ex-Séléka – qui avaient pris le pouvoir début 2013 avant d’en être chassés en janvier 2014 – sont aujourd’hui soit repliés dans leurs bastions musulmans du nord du pays, soit cantonnés dans des bases militaires de la capitale, contrairement aux anti-balaka, miliciens majoritairement chrétiens, qui se sont fondus dans la population civile. “Des quartiers entiers sont des poudrières et des nids de bandits”, confirme une source militaire française sous couvert d’anonymat. “Les anti-balaka sont en ce moment une entrave à la paix. Tout le monde sait qui fait quoi et tout le monde s’en plaint. Mais personne ne peut dénoncer quoi que ce soit”, par peur de représailles, explique cette source.

Impunité totale

Dans chaque maison, chaque boutique, on a son lot de malheurs à raconter, tel Elie Tonfio, mécanicien qui a pignon sur rue à Boy-rabe: “Mercredi, un colonel des douanes centrafricaines qui rentrait chez lui a été attaqué à sa descente de voiture par des individus qui l’ont poignardé à l’abdomen. Le véhicule a essuyé des tirs provenant d’un responsable des anti-balaka”. “Ils allaient le tuer. Heureusement pour lui, sa fille s’est mise à crier et à appeler au secours. Ils ont pris la fuite en emportant tout qu’il y avait dans la voiture”, poursuit le mécanicien.

Les quartiers sud ne sont pas épargnés non plus. Cela fait 15 jours que Mamadou, un chrétien portant un nom musulman, tout juste arrivé de province pour travailler à Bangui comme moto-taxi, a disparu. “Il n’a plus été revu, ni la moto. Plusieurs témoins ont affirmé l’avoir vu les mains et les pieds ligotés à la base des Anti-balaka avant sa disparition”, s’inquiète son frère aîné, Axel. Excédés par l’impunité qui règne dans la capitale, les habitants du quartier Fouh (nord) ont mis un en place un comité d’autodéfense comprenant des jeunes et quelques Anti-balaka pour patrouiller dans les ruelles à la nuit tombée, en espérant dissuader les malfaiteurs.

Samedi, quatre responsables Anti-balaka ont été arrêtés pour avoir transporté des “armes de guerre” et déférés à la prison centrale de Bangui, selon une source au parquet. Mais les miliciens et délinquants opportunistes sont rarement inquiétés malgré la présence des forces françaises (2.000 hommes) et africaine (6.000) auxquelles la force de maintien de la paix de l’ONU a succédé le 15 septembre, et dont la tâche s’annonce déjà difficile.

AFP

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