Centrafrique: Arrestation de Francis BOZIZÉ, le micmac du Président Faustin TOUADÉRA.
Bangui, le 9 août 2016. 12:11′.
Par: Gisèle MOLOMA.
Depuis l’arrivée à Bangui le mercredi dernier jusqu’à son arrestation fabriquée dans les locaux de la MINUSCA, le Colonel Francis BOZIZÉ se trouve au cœur d’un scandale judiciaire sans précédent. Cette situation pousse la population centrafricaine à s’inquiéter du jeu dangereux que joue le Président Faustin Archange TOUADÉRA, et celui joué par la MINUSCA dans cette arrestation au point qu’elle ne cesse de s’interroger sur la réelle volonté du Président Faustin Archange TOUADÉRA à mettre fin à cette crise politico-sécuritaire qui a fait autant du mal au pays.
Un retour sur demande bien que démenti.
Arrivée à Bangui le mercredi 3 août dernier sur autorisation du Président Faustin Archange TOUADÉRA qui a pu parler avec son père François BOZIZÉ au téléphone 72h plutôt, le Colonel Francis BOZIZÉ, ancien soldat de l’armée française, ex-Commandant en Chef de la rébellion qui a conduit son père au pouvoir en 2003, ancien Ministre délégué à La Défense de son père (2003-20012), a été conduit directement au quartier Boy-Rabe quelques minutes après son arrivée à l’aéroport international de Bangui M’poko. Une cérémonie festive a été organisée à son honneur le lendemain dans la résidence privée de l’un des anciens dignitaires du régime défunt de son père afin de saluer son retour triomphal au pays. Cette cérémonie qui a pu réunir plusieurs dizaines des officiers FACA proches du régime défunt serait à l’origine de l’inquiétude, d’une part du Président Faustin Archange TOUADÉRA qui croit à un complot en préparation et d’autre part de la Communauté Internationale qui n’a été informée du retour du Colonel Francis Bozizé que par la voie de presse.
Choquée de l’attitude du Président Faustin Archange TOUADÉRA vis-à-vis des proches de l’ancien Président François Bozizé qui se comportent désormais aux princes, la Communauté Internationale n’a pas manqué de rappeler au Président TOUADÉRA la nécessité de respecter son engagement, non seulement devant le peuple centrafricain, mais aussi vis-à-vis d’elle concernant la justice pour les victimes de cette crise, le respect des droits de l’homme.
Expulsé ou arrêté.
Pour la communauté internationale, le fils aîné du général et ancien Président François BOZIZÉ, le Colonel Francis Bozizé doit quitter immédiatement et sans condition le Centrafrique ou arrêté en vertu du mandat d’arrêt lancé contre lui. La première proposition, acceptée par le Président Faustin Archange TOUADÉRA mais refusée catégoriquement par l’intéressé qui a déclaré vouloir se constituer prisonnier et ou éventuellement mourir dans son pays. « J’en ai assez de me vadrouiller », disait Francis à ses acolytes en ajoutant pour conclure que « si c’est un pays étranger qui m’arrête c’est pour mourir dans le geôle de la prison de la CPI ». Une position ferme de ne point quitter le Centrafrique qui aurait mis la tortue dans une situation inconfortable et gênante qui l’a poussé à contacter son père François BOZIZÉ depuis le Kenya pour des conduites à tenir.
Après plus d’une heure de discussion au téléphone, les deux têtes (BOZIZÉ et TOUADÉRA alias la tortue) se sont mis d’accord sur un simulacre d’arrestation de Francis afin de baisser la pression, et du côté de la Communauté Internationale, et du côté des Centrafricains. L’objectif de cette arrestation est double: faire échapper le fils du père à la Justice internationale et créer une mascarade de procès afin de faciliter sa liberté de mouvement par une mise en résidence surveillée. Une supercherie longuement méditée et orchestrée avec un appui inattendu de la MINUSCA qui croyait appliquer la décision de la Justice centrafricaine, se laisse berner par les trois “F” (François-Faustin-Francis).
Une crise ouverte entre le parti KnK et le clan TOUADERA
Selon nos informations, certains anciens officiers dans la garde prétorienne de BOZIZE ne cessent de multiplier des réunions sur réunions afin de trouver un moyen de mettre « dehors » Francis BOZIE ou de « s’en prendre au Président TOUADERA » selon leur propre terme. Ils s’activent dans les entraînements des certains anti-balaka en vue de donner l’assaut pour libérer manu militari Francis une fois aux mains du juge d’instruction. En tête de ces officiers l’évadé de la SRI Eugène Ngaikoisset alias « le boucher de Paoua ». Un risque réel d’un affrontement fratricide est ainsi dans l’air. La libération quant à elle de Francis Bozize est loin d’être acquise du moment c’est la MUNISCA qui travaille sur son dossier avec le gouvernement centrafricain.
La bozizie ouvre par cette occasion une crise anodine contre le pouvoir légal de Touadera. Selon nos informations, le parti de l’ancien président Bozize le Knk s’apprête à condamner cette arrestation qui s’apparente, selon eux, à une justice à deux vitesses. « Le gouvernement négocie avec les criminels comme le 50/50 et arrête d’autres fils présumés tel comme Bea Bertin, Eugene Ngaikoisset et Francis Bozize » selon le cri lancé par un militant de knk en colère. “Nous n’allons pas nous laisser faire” a-t-il conclu.
Francis Bozizé bien traité dans sa garde à vue.
Selon des informations de sources sûres provenant du milieu de la Section de Recherches et d’Investigation (SRI), le Colonel Francis BOZIZÉ, depuis son arrestation par les policiers de la MINUSCA et remis aux autorités judiciaires centrafricaines, a été gardé à vue à la SRI dans une condition digne d’une résidence hôtelière avec comme agents de sécurité les soldats Égyptiens de la MINUSCA qui nous ont interdit de l’interviewer.
En tout cas, les centrafricains suivent de près cet événement qui risque de coûter cher au Président Faustin Archange TOUADÉRA s’il persiste dans sa politique de roublardise. Dans le petit monde de la tortue, les gens vivent à l’envers. Ce qui est bizarre et étonnant, certains criminels de gros calibres sont actuellement en Centrafrique et circulent librement partout où ils veulent sans se cacher, ils ne sont pas inquiétés par la Justice. Quelques-uns ont été reçus par le Président Faustin Archange TOUADÉRA à Bangui comme en province. L’affaire de Francis Bozizé n’est qu’un leurre et les Centrafricains ne sont plus dupes, les auutorités doivent changer.
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