A Timangolo, un village situé dans l’Est du Cameroun, à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Centrafrique, quelques 6000 réfugiés centrafricains qui ont fui les violences meurtrières de leur pays, tentent d’oublier les affres de la guerre et de reconstruire une nouvelle vie, en exil.
Tout comme Zeinabou Djibril, jeune femme de 35 ans réfugiée depuis 5 mois dans ce camp d’espoir, ils sont des milliers à avoir perdu leurs familles, leurs biens, leurs pâturages, a avoir marché des semaines durant, pour arriver assoiffés, exténués et en état de malnutrition dans l’Est du Cameroun.
« Un jour, les Anti-balaka (milice chrétienne centrafricaine responsable d’exactions perpétrées à l’encontre de la communauté musulmane) sont venus chez nous. Ils ont tué presque toute ma famille. Les survivants ont fui. Nous avons marché jour et nuit jusqu’à arriver ici», témoigne la femme, originaire de la ville de Bouar, dans le Nord de la RCA.
Ces milliers de déracinés qui vivent sous les tentes et bâches en plastiques distribuées par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), et qui se nourrissent des portions alimentaires octroyées par cette organisation onusienne ont émis le souhait, pour la plupart d’entre eux, d’exercer une activité lucrative.
Une ambition encouragée par le HCR, même s’il n’est pas toujours facile de trouver un emploi décent pour ces exilés.
« La plupart des réfugiés que nous recevons dans nos sites sont illettrés. Beaucoup d’entre eux étaient bergers ou dans le secteur de l’agriculture. Ce qui veut dire que les opportunités pour trouver un travail dans le contexte camerounais sont faibles. Nous sommes en train de trouver un moyen pour les aider à être autonomes, savoir quelles sont leurs capacités, pour donner une réponse adéquate à leur requête», a exposé à Anadolu, Peggy Pentshi-à Maneng, le chef de bureau HCR de la région de l’Est Cameroun.
Pour le moment, les réfugiés s’organisent en prenant leur mal en patience. Ils n’ont pas encore commencé d’activité lucrative mais ils savent néanmoins qu’ils peuvent compter sur l’aide de la population locale.
« Ils sont les bienvenus ici ; nous avons gracieusement offert le terrain au HCR pour le site. Nous avons aussi trouvé un espace où les réfugiés pourront exercer du commerce. Nous les encourageons à se joindre à nous dans nos activités quotidiennes », explique Hamoa Hamdjoda, le 1er adjoint au maire de la commune de Kette, l’arrondissement administratif dont dépend Timangolo.
Comme Zeinabou Djibril, certains réfugiés espèrent une paix prochaine en Centrafrique qui leur permettra de rejoindre les leurs. D’autres en revanche, envisagent de s’établir durablement dans l’Est du Cameroun et reconstruire un quotidien loin de la violence.