Corbeau News Centrafrique (CNC): 05-11-2014, 16h35. Deux pays qui se ressemblent beaucoup en cartographie. Le premier situé en Afrique de l’Ouest, membre de la CEDEAO et le second en Afrique centrale au cœur du continent, membre de la CEMAC. Tous deux élèves de la démocratie depuis la conférence de Baule. Très bon élève, le Burkina a vite appris les principes du concept politique et les maîtriser pour le bien-être de son peuple. Car, même les hommes en tenue qui voulaient s’imposer après la chute du président Compaoré ont compris sitôt que l’ère de la dictature est révolue et que le pouvoir désormais dans le monde, particulièrement en Afrique qui bouillonne est pour le peuple et rien que pour le peuple. Le président américain Jefferson disait que si on lui demandait de choisir entre un gouvernement sans presse et une presse sans gouvernement, il choisira le second. Ce qui veut dire en démocratie, la liberté d’expression prime. Elle est démocratique. En conséquent, l’on note que le peuple burkinabé a utilisé la voie démocratique et s’est imposé à travers une insurrection populaire qui doit servir d’exemple aux autres peuples africains pour instaurer une véritable démocratie et la bonne gouvernance pour un avenir meilleur des populations qui vivent depuis des décennies dans la précarité où la mauvaise gouvernance et la dictature se sont enracinées.
Indubitablement, le Burkina-Faso est un pays de sahel dont ses richesses n’équivalent pas la moitié de celles de la République centrafricaine en minerais et en production agricole puisque la terre centrafricaine du nord au sud et de l’est à l’ouest est très fertile et favorable à toute semence à cause de son climat plus que celle du Burkina-Faso où l’agriculture est très développée par contre. Elle serait passée pour le grenier de l’Afrique centrale si le gouvernement centrafricain qui pilote aveuglement les affaires de l’Etat depuis plusieurs années avait pour priorité première le secteur agro-pastoral. Reconnu pour ses atouts, la République centrafricaine ne devait pas souffrir d’un problème alimentaire.
En effet, les intellectuels burkinabé et particulièrement le président Thomas Sankara assassiné par son ami et compagnon de lutte Blaise Compaoré qui s’est emparé du pouvoir pendant 27 ans avaient développé une politique de proximité en utilisant le vecteur communicationnel, l’un des baromètres de la démocratie pour véhiculer la pensée et les idées révolutionnaires. Ce qui veut dire que sans les médias qui est le 4è pouvoir, la démocratie n’atteindra pas ses objectifs. Et le monde sera un monde de la barbarie. Puisque les actes ignobles commis par les dictateurs et leurs sbires ne seront connus du public. La planète terre habitée par l’humanité serra sombrée certes en continue dans un monde des ténèbres. Alors que les médias qui constituent l’un de ces baromètres de la démocratie informent, éduquent et distraient les peuples. Le Burkina dispose plusieurs moyens de communication plus que la RCA telles que les radios et télévisions privées, plusieurs journaux privés dans les kiosques, plusieurs cases Internet dans le pays et la messagerie permettant le partage des informations fiables ainsi qu’une bonne éducation populaire même si la radio et la télévision d’Etat sont monopolisées comme en RCA par le pouvoir central durant le règne de Compaoré. Cette détermination du peuple burkinabé à mettre fin au monolithisme dans le multipartisme érigé par un régime sanguinaire après Sankara est salutaire par l’ensemble des africains, oriente, à n’en point douter, la pensée africaniste vers un recyclage des formules démocratiques. L’Afrique a besoin d’un formatage de sa jeune démocratie plus ou moins mal pratiquée à cause de l’appropriation des principes et règles mal cernés par bon nombre de ses acteurs décideurs; notamment les chefs d’Etats arrivés au pouvoir par les urnes ou d’autres moyens antidémocratiques et qui s’accrochent au pouvoir ne voulant pas prendre la retraite de manière démocratique, de revoir les mécanismes et fonctionnements de ces organisations internationales telles que l’UA, la CEDEAO, la CEMAC et bien d’autres institutions sous régionales qui interviennent souvent tardivement après les crises et les conflits politico-militaires et inter-communautaires, encore incapables de résoudre les crises africaines pour que les populations retrouvent la paix et la sécurité.
Le cas de la République centrafricaine est un bel exemple à citer dans le contexte de la transition après un coup d’Etat, dont les institutions sont mises en place et opérationnelles mais très fragiles puis qu’il manque des hommes forts à leur tête ayant une vision et des idées à défendre pour le bien-être de la population et de la génération future. De surcroît l’intervention des forces de la CEEAC qui n’a rien donné jusqu’à leur passation en force onusienne. Mais pour quel résultat en plus ? D’ailleurs, toutes les transitions faites en Centrafrique sont faites par coup d’Etat que par une insurrection populaire. Elles sont plutôt brutales et sanguinaires ; donc une transition sauvage et non civilisée comme celle du Burkina-Faso le pays des hommes intègres où les choses sont passées de manière plus ou moins pacifique.
La première transition en Centrafrique était sanguinaire et datait de 2003 à 2005 quand l’ancien président François Bozizé a destitué le président feu Ange-Félix Patassé démocratiquement élu alors qu’il ne lui restait que deux (2) ans pour terminer son deuxième mandat et passer le flambeau à un autre président qui devrait être élu. Le nouvel homme fort de l’époque n’a pas respecté sa parole d’honneur. Puisque l’appétit vient en mangeant, le général François Bozizé s’y est accroché après deux (2) ans de transition pour être en lice des candidats à la présidentielle de 2005 et briguer un mandat de plus qui l’a conduit jusqu’en 2010-2011 afin de briguer un deuxième mandat par une fraude massive dénoncée par les médias, observateurs nationaux et internationaux. Le balayeur d’Ange-Félix Patassé n’a pas fini son deuxième mandat. Le putschiste mauvais gestionnaire a été balayé en mars 2013 par un autre balayeur sanguinaire qui n’a pas fait plus d’un (1) an au pouvoir à cause de son barbarisme d’Etat exagérée et des milliers des centrafricains tués par les éléments de la coalition séléka composée de six groupes de rébellion qu’il dirigeait. Il a fallu que la communauté internationale tape du poing sur la table pour qu’il quitte le pouvoir le 11 janvier 2014. Michel Djotodia et son premier ministre Me Nicolas Tiangaye démissionnent à Ndjamena lors du sommet des chefs d’Etats de la CEEAC. Deux semaines plus tard, il y a eu élection à l’hémicycle du parlement de transition. Les conseillers nationaux engraissent Catherine Samba-Panza qui gagne les élections avec un fort taux de pourcentage. Cette dame qui sort du néant est élue mais gérer la transition est une équation très difficile pour elle. La néophyte foule aux pieds les priorités du processus pour le retour à l’ordre constitutionnel pendant dix mois. Pas de paix, pas de sécurité et la population centrafricaine meurt tous les jours et ne sait plus à quel saint se vouer. La nomination des proches de Samba-Panza aux cabinets de la présidence et de la primature était d’abord sa priorité au lieu d’attaquer les vrais problèmes centrafricains qui ne sont rien d’autre que la sécurité et la paix puis la relance de l’économie. Puis, choisir un premier ministre de son choix et mettre en place un gouvernement des pilleurs où chacun doit remplir d’abord son ventre et sa poche alors le peuple souffre, continue à être victime des éléments des groupes armés non conventionnels qui jusque-là ne sont désarmés. Tous les jours on compte des morts en Centrafrique depuis cette transition relayée par des hommes sans vision qui pilotent à vue les affaires de l’Etat. Les vols et détournements des fonds de l’Etat ils en font leur priorité et ainsi fonctionne une transition sauvage au cœur de la forêt équatoriale d’Afrique mais jusqu’à quand, on ne sait. Les éléments constitutifs de la démocratie ne manquent pas. C’est plutôt la volonté politique qui fait défaut au niveau des instances du pays qui regorge pourtant d’énormes ressources humaines et le manque de solidarité bien entendu au sein des forces vives de la nation. Aujourd’hui, la classe politique centrafricaine souffre d’un leader charismatique pour être à la tête de file de l’opposition. Elle a perdu sa pugnacité d’antan, son dynamisme et sa crédibilité puisqu’elle a trahit le peuple centrafricain qui attend aujourd’hui choisir un nouveau leader parmi la jeune génération montante. Mais qui voter ? Autant d’interrogations au sein de la population meurtrie. Il revient à cette nouvelle génération politique de bien s’organiser, d’avoir une vision et des idées à défendre pour le bien-être de la population.
En rappel, le chef de la révolution du Burkina-Faso assassiné, Thomas Sankara, disait, Non ; nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples. Nous ne pouvons pas les accompagner dans leur démarche assassine. J’ajoute à sa belle phrase « qu’un homme ou une femme à la tête de la nation qui bafoue les principes et les règles de la démocratie est une bête féroce très dangereuse pour la population ». Pour le moins que je puisse dire, la transition centrafricaine est sauvage. Il faut vite changer la donne et entrer dans une nouvelle ère de démocratie civilisée et apaisée.