En avril dernier, l’ONU a autorisé l’envoi de 12 000 casques bleus en RCA. Dans Appels sur l’actualité, un auditeur de Bangui demande quel sera le rôle de la Minusca – la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine. Au vu des atermoiements lors du récent Forum de réconciliation nationale, fin juillet, à Brazzaville, et de la dégradation continuelle de la situation sur le terrain, cette mission pourra-t-elle vraiment changer la donne – là où les autres missions militaires ont échoué ?
Comment se présente la prochaine mission des Casques bleus en RCA ?
A terme, cette force doit théoriquement compter 12 000 hommes. On parle de la date du 15 septembre pour son installation, mais tous n’arriveront pas en même temps. Certains sont d’ailleurs déjà là… Ce sont les soldats de la Misca, qui à ce moment là passeront sous casques bleus : 6 000 hommes auxquels il faut ajouter des Marocains, des Bangladeshis et des Pakistanais, qui eux ont promis environ 2 500 soldats. De leurs cotés, le Rwanda – qui contribue déjà à la Misca – et le Sénégal ont promis 1 800 policiers… Il manque encore du monde mais dans les chancelleries, on se dit confiant d’arriver rapidement au nombre de 12 000. D’autant que la France envisage de retirer ses hommes une fois que l’Opération onusienne de maintien de la paix sera en pleine capacité opérationnelle. Idem d’ailleurs pour l’Eufor, la force européenne.
Quelle sera leur rôle exactement ?
C’est d’abord d’être partout ! En tout cas, de se déployer sur la plus grande partie du territoire possible, pour poursuivre les missions engagées par Sangaris et la Misca, mais donc avec d’avantage d’effectifs et davantage de logistique et de moyens. Parce que quand on parle de 12 000 casques bleus, il s’agit du volet militaire. Mais une Opération de maintien de la paix comprend aussi des centaines de travailleurs humanitaires qui, eux aussi, vont se déployer un peu partout dans le pays pour travailler. C’est le gros point sur lequel on insiste à New York : il faut que ces casques bleus soient mobiles. Personne n’a envie de voir comme cela arrive dans certaines opérations de ce genre, des casques bleus qui restent dans leur caserne. Plusieurs diplomates insistent sur le fait que ces hommes devront patrouiller, être visibles. Cela fait partie de leur mission de sécurisation. Mais pour être mobile et pour pouvoir se déployer rapidement, surtout pendant la saison des pluies, il faut des hélicoptères… C’est un peu là que pêchent toutes les OMP. Le patron des casques bleus, Hervé Ladsous, a encore lancé un appel aux pays contributeurs pour qu’ils fournissent des hélicoptères. Pour le reste, les casques bleus devront assurer la sécurité de sites, de populations, appuyer le désarmement, soutenir les autorités de transition.
Cette mission peut-elle vraiment changer la situation sur le terrain ?
En tout cas, si personne ne le croyait, cette mission n’aurait jamais vu le jour… On reproche à Sangaris et à la Misca une forme d’impuissance due à leur trop faible effectif. Moins de 8 000 hommes pour couvrir un territoire grand comme la France et la Belgique réunies, c’est peu ! Avec la mission onusienne, on devrait donc atteindre les 12 000 casques bleus, ce qui leur permettra de se déployer davantage. Et puis, on verra si la France retirera tous ses militaires ou si elle n’en laissera pas une partie, comme c’était le cas avant l’opération Sangaris. Même chose pour l’Eufor. Le mandat de l’Eufor ne sera-t-il pas reconduit un certain temps ? En tout cas, plus d’hommes et plus de logistique : 12 000 casques bleus et une importante machine humanitaire. Cela donne des raisons d’espérer une amélioration. D’autant que parmi les vastes missions de cette Opération de maintien de la paix, il y a la restauration de l’Etat et la préparation des élections de l’an prochain. Quant à la solution au conflit elle-même, elle n’arrivera pas avec les casques bleus.
Par: RFI