(Corbeau News Centrafrique
Violences à Bangui: le couvre-feu rétabli
Bangui, (.R.F.I) 27-09-2015
Le climat demeure tendu ce dimanche à Bangui, la capitale centrafricaine, au lendemain d’une nouvelle flambée de violences à proximité du PK5, un quartier à majorité musulmane. On déplore au moins 20 tués et une centaine de blessés, selon des sources hospitalières. Le Premier ministre a annoncé une série de mesures.
Le couvre-feu est rétabli à Bangui de 18h à 6h du matin. Le Premier ministre a également demandé le renforcement des patrouilles des forces de défense et de sécurité centrafricaines, et à la mission française Sangaris et à la Minusca de leur prêter main-forte. Il a aussi interdit tout rassemblement près des barricades qui pourraient être érigées. Dans son allocution, Mahamat Kamoun a enfin lancé un appel aux travailleurs du secteur public et privé pour qu’ils reprennent leur travail dès ce lundi.
Situation toujours tendue
Dans la capitale centrafricaine, la situation reste tendue après les événements meurtriers de samedi, déclenchés après le meurtre d’un moto-taxi. Difficile de démêler le vrai du faux, tant la rumeur circule vite et alimente la paranoïa. Ce qui est sûr, c’est que des échanges de tirs ont repris progressivement à proximité du quartier majoritairement musulman du PK5. Ils n’ont toujours pas cessé, provoquant de nombreux blessés supplémentaires.
Partout dans le centre-ville, la population a érigé des barricades pour protester contre la lenteur de l’intervention des casques bleus samedi, et contre la présence française dans le pays. Samedi, l’ONU a fait le choix de se positionner autour de la zone de tension pour éviter que la situation ne se propage à d’autres quartiers. Cette décision est fortement critiquée par la population qui accuse les casques bleus d’avoir laissé faire. Sur les banderoles tenues par les manifestants, on peut notamment lire des appels à la démission de la présidente Catherine Samba-Panza, à la démission de son gouvernement et au retour, dans leur pays, des casques bleus.
Selon des sources proches du Conseil national de transition, le Parlement de la transition, la maison du président du CNT a été assaillie ce dimanche par des milliers d’habitants. Venus avec des corps, ils lui demandaient de prendre ses responsabilités.
Cette situation inquiète les autorités religieuses. Joint par RFI, l’imam de la mosquée Ali-Babolo, Loisir Iyaya, appelle ainsi la population au calme. « Nous demandons aux jeunes de rester calmes et de ne pas commettre des exactions. A la population de Bangui et celle de la République centrafricaine en général, nous leur demandons de tenir compte de la cohésion sociale et de faire des réunions entre nous et nos frères chrétiens. Nous demandons à tous de rester calmes et de ne pas se venger », a déclaré Loisir Iyaya.
Des milliers d’habitants se réfugient dans les camps de déplacés
Plusieurs milliers de personnes ont déjà fui leurs habitations pour se réfugier dans les camps de déplacés. Ces derniers avaient tendance à se vider ces derniers mois. Pour l’instant, le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) ne donne pas d’estimations précises, car les camps de déplacés sont situés dans des zones encore inaccessibles. Cependant, les affrontements pourraient occasionner, selon le HCR, encore de nombreux mouvements de populations.
Le bilan toujours provisoire fait état d’au moins 24 morts et plus d’une centaine de blessés. La situation extrêmement tendue complique le travail des humanitaires, comme ceux de Médecins sans frontières. « Nous avons l’habitude malheureusement de travailler dans ce type de contexte et de conditions. Bien sûr, compte tenu du contexte, les expatriés restent à leur base ; on limite les mouvements, voire on s’en interdit complètement en fonction des informations que nous recevons de nos confrères qui sont basés dans différents quartiers de Bangui. L’essentiel des mouvements se déroulent entre notre base et l’hôpital », indique Linda Gaouaou, responsable de MSF en Centrafrique, ajoutant cependant que les équipes restent en alerte et sont prêtes à recevoir des blessés si la situation se dégrade.
Bangui, RFI