Au cœur de la mafia du détournement au sein des entrepôts de la MINUSCA à Bangui

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Au cœur de la mafia du détournement au sein des entrepôts de la MINUSCA à Bangui

 

Au cœur de la mafia du détournement au sein des entrepôts de la MINUSCA à Bangui
‎tony Mushimbelé

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Durant deux semaines, une investigation menée par la rédaction du CNC au sein des entrepôts de la Minusca à Bangui  dévoile un système sophistiqué de malversations et du détournement massif organisées.

 

Des détournements répétés touchent les entrepôts logistiques de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Ces installations, situées à PK4 sur l’avenue Barthélémy Boganda et à l’aéroport de Bangui Mpoko, subissent des vols organisés depuis plusieurs années. Notre investigation établit la responsabilité directe de Tony Mushimbelé, ressortissant congolais de la RDC qui occupe le poste de chef du plan de stock.

 

Des vols sans trace d’effraction

 

Les deux entrepôts de PK4 sur l’avenue Barthélémy Boganda et de l’aéroport de Bangui Mpoko stockent du matériel de grande valeur : batteries sèches, panneaux solaires, équipements médicaux, carburant et engins lourds. Ces installations sont organisées en trois sections :  ingénierie, approvisionnement et médical,  protégées par des systèmes de verrouillage électronique.

 

Tony Mushimbelé possède une clé électronique universelle qui ouvre tous les conteneurs. Cette clé lui donne un contrôle total sur les stocks. Malheureusement, ce système de protection n’a pas garanti une sécurité optimale aux équipements de la Minusca. Depuis 2020, plusieurs vols ont été découverts sans qu’aucune porte ou conteneur ne soit forcé. Pourtant, sur le système informatique, le logiciel du stock affiche des inventaires complets alors que les conteneurs sont vides ou partiellement vidés. Ceci dit, le système de contrôle de la comptabilité n’a pas fait correctement son travail.

 

En droit, quand des vols se produisent dans un entrepôt sécurisé sans effraction, la responsabilité revient aux détenteurs des clés. Tony Mushimbelé, seul possesseur de la clé universelle, porte donc aussi la responsabilité première de ces dysfonctionnements.

 

Une série de vols sophistiqués

 

Les incidents de vols dans les entrepôts de PK4 et Mpoko sont nombreux et suivent un schéma récurrent. À PK4, des batteries sèches, essentielles pour les opérations logistiques, ont disparu sans que les conteneurs ne soient forcés. À Mpoko, des panneaux solaires et des équipements valant des millions de dollars se sont volatilisés. Des témoignages rapportent que des responsables ont été vus la nuit chargeant des véhicules avec des marchandises extraites des entrepôts. Ces opérations, menées discrètement, échappent à tout contrôle.

 

Un ancien employé, Marius Lakouéténé, arrêté pour vol de carburant, a été libéré après quelques jours de détention. Mais la suite de l’enquête reste sans suite sans que les responsabilités ne soient bien établies.  Tous les employés pointent du doigt Tony Mushimbelé d’être impliqué. Craignant des représailles, Marius a fui et refusé de témoigner officiellement, un signe du climat de peur qui règne au sein de la mission.

 

Ces vols, réalisés sans effraction, indiquent une manipulation interne. En droit, l’absence de traces d’entrée forcée pointe vers une utilisation abusive des clés électroniques, dont Tony Mushimbelé est le principal détenteur. En tant que chef, il est responsable de la supervision des accès et de la sécurité des stocks. Sa non-sanction, malgré ces incidents, suggère une protection institutionnelle qui viole les principes de responsabilité et de transparence attendus d’une mission onusienne.

 

Des boucs émissaires pour couvrir les coupables

 

En 2020, des panneaux solaires disparaissent de l’entrepôt de l’aéroport de Bangui Mpoko. Étienne Bissakounou, simple employé de la section ingénierie, est arrêté pour ce vol. Il passe quinze jours en détention à la Section des recherches et investigations (SRI) puis est libéré sans explication et sans procès.

 

Cette arrestation pose question. Tony Mushimbelé, responsable direct des stocks volés, n’a fait l’objet d’aucune investigation. Pourtant, sa fonction de chef du plan de stock et sa possession de la clé universelle auraient dû en faire le premier suspect. L’arrestation de Bissakounou semble avoir servi à détourner l’attention du véritable responsable.

 

Une mafia de protection institutionnelle

 

L’unité de conduite et discipline de la MINUSCA, dirigé par Adama Ndao et Diakaridja Bakayoko, est censée enquêter sur les manquements. Pourtant, des témoignages indiquent que Tony Mushimbelé bénéficie d’une protection verrouillée . Un membre de l’unité nous a révélé en privé que Tony Mushimbelé serait impliqué dans de multiples délits, mais que son dossier est systématiquement étouffé.

 

En droit, l’inaction de l’unité de conduite et discipline constitue une faute grave. Les responsables de cette unité sont tenus de mener des enquêtes impartiales et de sanctionner les coupables, quel que soit leur statut. La protection apparente de Mushimbelé viole les principes de gouvernance des Nations Unies et suggère une complicité institutionnelle.

 

Favoritisme et abus de pouvoir

 

Tony Mushimbelé, également responsable des opérations logistiques, contrôle l’attribution des permis de conduire internes de la MINUSCA, nécessaires pour opérer les engins lourds. Ces permis sont distribués de manière sélective à un cercle restreint de proches, souvent des jeunes chargés de tâches personnelles pour Mushimbelé, comme des courses ou des livraisons. Les employés de la section ingénierie, souvent marginalisés, sont cantonnés à des travaux pénibles, tandis que les favoris bénéficient de privilèges. Par exemple, certains jeunes, recrutés par Mushimbelé, ont obtenu des postes et des permis sans qualifications, tandis que des employés expérimentés, comme un témoin ayant sept ans d’ancienneté, n’ont jamais eu accès à ces opportunités.

 

Un cas notable concerne Irène Gondjia, ancienne agente de sécurité privé FOX recrutée par Mushimbelé. Elle a perdu son emploi dans des circonstances troubles, possiblement pour couvrir les agissements de ce dernier. Ce système de favoritisme, combiné à des recrutements douteux, illustre un abus de pouvoir institutionnel. En droit, de telles pratiques constituent une violation des principes d’équité et de mérite dans la gestion des ressources humaines, engageant la responsabilité du chef.

 

 

Un enjeu de crédibilité

 

Cette affaire dépasse le simple cas de détournements. Elle questionne la capacité de la MINUSCA à contrôler ses propres services et à prévenir les malversations. Les dysfonctionnements révélés nuisent à la crédibilité de la mission auprès des Centrafricains.

 

La MINUSCA a été déployée pour stabiliser le pays et accompagner les institutions. Comment peut-elle remplir cette mission si elle ne parvient pas à assurer la transparence de sa propre gestion ? Les citoyens centrafricains sont en droit d’exiger une utilisation rigoureuse des ressources destinées à leur pays.

 

Tony Mushimbelé, par ses fonctions et son contrôle exclusif des accès, porte la responsabilité principale de ces détournements. Les preuves rassemblées – vols sans effraction, témoignages concordants, système de protection – établissent son implication. Sa maintien en poste constitue une anomalie qui doit cesser.

 

Par ailleurs, les autorités onusiennes à New York doivent intervenir rapidement. La réputation des Nations Unies en République centrafricaine dépend de leur capacité à traiter cette affaire avec la rigueur requise. Les Centrafricains observent et jugent l’efficacité de la mission à l’aune de sa capacité à respecter ses propres principes.

 

Le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui mandate la MINUSCA, doit exiger des comptes. Les ressources allouées à la stabilisation de la République centrafricaine ne peuvent être détournées sans conséquences. La communauté internationale investit dans cette mission pour la paix et la stabilité, non pour enrichir des individus sans scrupules.

 

Cette enquête révèle un système de détournements organisés au sein de la MINUSCA. Tony Mushimbelé, chef du plan de stock, occupe une position centrale dans ce système. Sa responsabilité est établie par les faits : contrôle exclusif des accès, vols sans effraction, témoignages convergents, protection institutionnelle….

 

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