Armement : la Russie à la reconquête de l’Afrique ?

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Un arrêt du conflit en Ukraine pourrait entraîner une chute de l’industrie de l’armement russe. Celle-ci, pour stabiliser sa croissance et ses emplois, devrait rechercher de nouveaux marchés mais aussi reconquérir ceux qu’il a perdus sur le continent africain, en proie à des soubresauts chroniques.
Le complexe industriel de défense russe (oboronno-promychlennyï kompleks, OPK) est à la croisée des chemins. En effet, la fin du conflit avec l’Ukraine pourrait sonner le glas d’un âge d’or qui depuis plus de trois ans lui avait permis à l’OPK de voir son chiffre d’affaires et ses effectifs exploser. Certes, cette industrie reste sous contrainte et aussi sous perfusion, car dépendante à la fois de technologies étrangères, notamment chinoises et du budget de la Défense débloqué par Moscou. Ce dernier est d’ailleurs passé de 3,9 % en 2023 à 6,7 % du PIB en 2024. Le budget russe de la défense a doublé entre cinq ans, passant de 61,71 milliards de dollars (Md$) en 2020 à 126 Md$ en 2025. Cette augmentation a en grande partie bénéficié à l’OPK qui a vu ses effectifs croître de 520 000 personnes dans le même temps pour soutenir l’effort de guerre. Mais revers de la médaille, en concentrant ses efforts sur conflit ukrainien, les exportations russes ont chuté, en Inde (qui s’est tournée vers l’Occident) en Chine, en Égypte, en Algérie, etc. Le nombre de clients s’est lui aussi effondré : la Russie exportait des armes vers 31 pays en 2019 contre seulement 12 en 2023. Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), basé à Stockholm, la Chine a surpassé la Russie, en Afrique subsaharienne pour devenir le plus grand fournisseur d’armes entre 2019 et 2023, avec une part de 19 %, contre 17 % pour la Russie.
Fiabilité du matériel
Dans l’hypothèse où le conflit ukrainien prendrait fin, Moscou n’aurait d’autre choix que de trouver de nouveaux débouchés et de partir à la reconquête de ses anciens clients africains. Même si les liens se sont quelque peu distendus ces dernières années et que 28 des 54 pays africains (environ 50 %) ont voté en faveur d’une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Moscou peut compter sur ses anciens alliés. N’a-t-il pas signé des traités d’amitié et de coopération avec la Somalie, l’Éthiopie, le Mozambique et l’Angola dans les années 1970-80 ? N’a-t-il pas coopéré avec les États dits « à orientation socialiste » tels que le Bénin, l’Algérie, le Congo, la Guinée, Madagascar, la Tanzanie, le Cap Vert, ou encore la Guinée Bissau, le Mali ou Sao Tomé ? 44 % des importations d’armements du continent africain entre 2017 et 2021 ne provenaient-elles pas de Russie ? Fin novembre 2024, lors du Sommet Russie-Afrique, le président Vladimir Poutine a offert, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, un « soutien total » à l’Afrique, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Ce qui inclut implicitement la livraison d’armes, à troquer contre les ressources locales (terres rares, or, uranium, diamants…). II faudra cependant convaincre les responsables africains en levant un obstacle de taille : celui de la fiabilité et de la performance du matériel russe. Récemment, le président équatorien Daniel Noboa a traité les équipements russes de « scrap metal » c’est-à-dire de ferraille. Même les membres du groupe paramilitaire Africa Corps (ex-Wagner) se sont plaints de la qualité du matériel russe, le comparant à des « équipements de la Seconde guerre mondiale » et recherchant des solutions alternatives auprès des Brésiliens, des Chinois ou des Turcs….
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