Africa Politology : les dessous de la désinformation en RCA
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Les récentes confessions du journaliste centrafricain Ephrem Yalike ont révélé que des opérations de désinformation liées à un ancien projet d’Evgueni Prigogine sont toujours en activité.
« Ce jour-là, il a menacé de me tuer si je ne lui disais pas la vérité ». Le jour où le démenti d’une énième désinformation est publiée dans un journal centrafricain, le journaliste Ephrem Yalike est suspecté de trahison par ses employeurs russes. Enlevé et menacé de mort, il parvient à prouver son innocence. Il finit par quitter le pays, non sans mal, et monte un dossier pour dénoncer les rouages de la propagande orchestrée par Wagner, pour qui il travaille clandestinement de 2019 à 2022. Écrivant pour Le Potentiel Centrafricain, il était chargé de s’informer sur tout ce qu’il se disait des Russes et de rédiger des démentis sur tout ce qui était négatif. Recevant ses consignes principalement par messagerie Telegram, il publiait dans des articles ou sur les réseaux sociaux des contenus dictés par les agents russes de propagande. Il devait veiller à modifier le nom en bas de la page pour masquer la provenance russe. Parfois, il payait des civils pour simuler une manifestation, puis des médias qui se rendaient sur le terrain pour prendre des photos et publier des articles que les médias russes reprenaient à leur avantage.
Contrairement à l’agence de presse African Initiative, ces opérations de propagande se déroulent dans le plus grand secret. Le journaliste centrafricain devait rendre des comptes de chaque action, répondre à d’innombrables questions chaque jour, et recevait sa paye de la main à la main. Une véritable loi de l’omerta et un climat de peur entourent ces actes de propagande russe qui correspondent en tous points aux méthodes employées par l’organisme Africa Politology. C’est l’un des nombreux legs de feu le patron de Wagner, pour lequel un dénommé Mikhaïl Mikhaïlovitch Prudnikov, employeur d’Ephrem Yalike, a travaillé au Soudan.
L’héritage de Prigojine subsiste grâce à ses représentants
L’un des plus grands projets d’influence du leader de Wagner lui a survécu. En 2013, Prigojine crée le projet Lakhta, qui lui sert à mener des campagnes de désinformation à l’échelle internationale, notamment lors des élections américaines et dans la guerre menée contre l’Ukraine. Le projet est utilisé en Afrique dans le but essentiel de valoriser le Kremlin et la présence des « instructeurs russes », tout en influant sur la politique des pays et en dénigrant l’ONU, l’Occident, les opposants et les journalistes qui ne répondent pas à leurs critères. Pour cela, de nombreux faux profils et des fausses pages Facebook sont couramment utilisés. Les propagandistes se servent également de la radio, afin de rallier le plus de civils possible à leur cause.
Entre 2018 et 2019, un « bureau Afrique » (ou Africa Back Office) est créé à Saint-Pétersbourg à l’initiative de Wagner. Ce bureau est composé de « politologues » spécialisés sur l’Afrique et seraient officiellement engagés par Prigojine et sa milice afin d’y mener des recherches sociopolitiques sur le continent. Parmi les nombreux projets reliés à ce bureau et à ses succursales établies en Afrique, dont la RCA, se trouve Africa Politology. Très loin d’une étude de recherches, il s’agit surtout d’une opération d’influence russe massive rattachée au projet Lakhta.
De Saint-Pétersbourg aux nombreux pays africains, partout où Wagner se trouve, le projet Africa Politology emploi des hommes pour diffuser la propagande du Kremlin. En RCA, l’organisme met en place des évènements consistant à valoriser le Kremlin auprès des civils et de dénigrer tout acteur dont les propos ou actions seraient contraires aux intérêts russes. Sous les ordres de Wagner, l’opération « Stop MINUSCA », à laquelle participe Ephrem Yalike, est une des nombreuses opérations de désinformation d’Africa Politology, à l’aide d’une mise en scène orchestrée par les agents d’influence russes. Cette décrédibilisation met en danger les civils, qui risquent de se retrouver privés d’accès aux soins, à des formations de sécurité et à l’aide humanitaire. En janvier 2023, Africa Politology est sanctionné par le Trésor américain. Si des doutes subsistaient quant à la disparition du projet Lakhta et de ses diverses divisions avec la mort de Prigojine, les récentes révélations du journaliste centrafricain ont prouvé que non seulement il était toujours en activité, mais aussi que le projet Africa Politology continue d’exister grâce à ses employés.
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