Africa Corps (ex-Wagner) : soutien ou fardeau ?
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Les revers se poursuivent et s’accumulent pour la société militaire privée (SMP) Africa Corps (ex-Wagner) en Afrique. Cinq de leurs membres ont été encore tués le 21 novembre dans le centre du Mali.
Selon un dernier bilan, cinq mercenaires de l’Africa Corps ont été tués le 21 novembre lors d’une embuscade du groupe Katiba Macina, faction djihadiste liée au Jama’at Nasr al-Islam wal-Muslimin (JNIM – Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans) entre Bandiagara et Sévaré, dans la région de Mopti au Mali. C’est sur la route stratégique du Serpent (Snake Road) que ces supplétifs des Forces armées maliennes (FAMa) auraient perdu la vie. Selon plusieurs sources concordantes, les plus chanceux auraient survécu mais ils ont été faits prisonniers par les assaillants. L’embuscade du JNIM aurait entraîné la perte de deux véhicules blindés légers que les terroristes auraient saisis. En outre, les militants islamistes ont diffusé des vidéos sur les réseaux qui montrent les cadavres des mercenaires russes tués et les prisonniers.
Massacres
Cette nouvelle déconvenue interroge sur la présence de cette SMP, au Mali et d’une manière plus générale en Afrique. En effet, l’arrivée de Wagner fin 2021 sur les terres maliennes en soutien aux forces gouvernementales ont été perçues à l’époque comme une délivrance par la population et par les autorités politiques qui leur ont laissé une immense marge de manœuvre opérationnelle. Mais les premiers succès militaires (avec la reprise de Kidal notamment) n’ont pas effacé des mémoires les exactions auxquelles les mercenaires se sont livrés, avec la complicité des FAMa, sur les populations civiles. Là encore plusieurs études concordantes rappellent que le groupe avait tué, à la date d’août 2023, au moins 1800 civils africains, au nom du « soutien à la paix et à la stabilité ». Les massacres sont tels que les autorités civiles maliennes et les ONG peinent à dénombrer les morts. L’exemple le plus criant est sans doute celui de Moura alors contrôlée en mars 2022 par la Katiba Macina. Un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) conclura au mois de mai 2023 qu’au moins 500 civils, dont une vingtaine de femmes et sept enfants, ont été massacrés pendant au moins quatre jours par les forces armées maliennes et des « personnels militaires étrangers ». Les exemples de ces exactions signées par Wagner, auxquelles il faudrait ajouter les vols, les rackets et les viols, sont nombreux : Sambani en août 2023 (16 civils tués) ; Ersane en octobre 2023 (17 tués) ; Goma Koura et Nampala en novembre 2023 (40 à 60 tués) ; Wellingara en janvier 2024 (25 tués) ; Diankabou en mars (20 tués), Abeïbara en juin (60 à 70 tués). Le 5 novembre dernier, Africa Corps a exécuté six bergers à Nara, certains ont été décapités et leurs corps brûlés.
Mépris
Au-delà de ces atrocités, se pose aussi la question de l’efficacité opérationnelle de l’ex-Wagner. La déconvenue du 21 novembre rappelle celle, nettement plus cuisante, du 29 juillet dernier. Les violents affrontements entre d’un côté le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) et de l’autre les FAMa et Africa Corps ont provoqué la mort de 84 mercenaires et de 47 soldats maliens, aux abords de la ville de Tin Zaouatine, à la frontière avec l’Algérie. De son côté, le CSP-DPA n’a eu à déplorer que 18 morts. Les observateurs extérieurs ne s’y trompent pas. Ainsi le Groupe d’experts de l’ONU sur la Mali a clairement établi que non seulement le groupe Wagner n’avait pas réussi à améliorer la sécurité du Mali mais qu’en plus la surface du territoire malien contrôlé par les différents groupes terroristes avait presque doublé en un an ! Cette impuissance commence à irriter le pouvoir en place et des tensions commencent à se faire jour avec les supplétifs d’Africa Corps, ces derniers traitant ouvertement les FAMa « d’amateurs ». Un mépris et une condescendance qui passe mal dans la hiérarchie militaire malienne. Car malgré les promesses, la reconquête territoriale et le gain sécuritaire ne sont pas au rendez-vous. Et ce, alors même qu’Africa Corps coûte plus de 100 millions d’euros par an à Bamako ! Une faillite militaire et un échec financier qui pourraient tourner au fiasco politique et à la crise sociale ? L’hypothèse pourrait se révéler si le soutien devient un fardeau.
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