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Affaire Castel : Gide, l’ADIT et Mazars bouclent la contre- enquête

 

Bangui, 29 nov. 21 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Les cabinets Gide Loyrette Nouel, ADIT et Mazars doivent remettre, d’ici à la fin de l’année, le rapport commandité par le géant des boissons Castel sur sa filiale Sucaf RCA. Celle-ci est accusée par l’ONG The Sentry d’avoir financé le groupe armé UPC, dont l’un des chefs, Hassan Bouba, a été arrêté à Bangui.

 

Castel s’active pour mettre derrière lui l’affaire Sucaf RCA, sa filiale centrafricaine accusée par l’ONG The Sentry d’avoir financé le mouvement armé Union pour la paix en Centrafrique (UPC), en pleine guerre civile, contre une protectin de sa sucrerie et de ses champs de canne. Selon nos informations, le leader français du marché africain de la bière et des boissons gazeuses a commandité un rapport sur l’affaire au cabinet d’avocats Gide Loyrette Nouel – qui l’accompagne de longue date -, appuyé pour l’occasion par Mazars pour le volet d’audit comptable et par le groupe d’intelligence économique ADIT. Ce trio remettra d’ici à la fin d’année ses travaux à la direction du groupe. Au lendemain de la parution du rapport de l’ONG américaine, le 18 août, le groupe avait annoncé, dans un très court communiqué, avoir pris acte des “allégations graves” portées à l’encontre de sa filiale et avoir “saisi son comité d’éthique dans le but de diligenter une enquête”, à l’issue de laquelle il communiquerait. L’exercice est totalement inédit pour l’entreprise du très secret Pierre Castel, habitué à gérer son empire sans partage et sans rendre de comptes à quiconque.

 

A Bangui, l’étoile de l’UPC pâlit.

 

Le rapport de The Sentry désignait comme principaux bénéficiaires de “l’accord tacite” entre Sucaf RCA et l’UPC le chef du groupe armé, Ali Darass, et son numéro deux, Hassan Bouba. Les deux chefs rebelles se seraient partagés, entre 2014 et 2019, pas moins de 258 000 $ versés par la société sucrière, directement ou par le biais de prestataires locaux.  Sucaf RCA aurait par ailleurs réparé et ravitaillé en carburant la flotte de pick-ups armés Toyota de l’UPC, modèles identiques à ceux employés pour l’attaque du camp de réfugiés d’Alindao, en 2018, qui a fait plus de 112 morts parmi les civils. Toujours selon l’ONG, cette attaque aurait été commanditée par Hassan Bouba alors qu’il avait été nommé un an plus tôt, au terme d’accords politiques entre le gouvernement et plusieurs groupes rebelles, conseiller du président Faustin Archange Touadéra. Il a ensuite intégré le gouvernement fin 2020 comme représentant de l’UPC, prenant le portefeuille de l’élevage. Depuis cette nomination, Bouba et Darassa étaient en froid, entraînant le groupe armé au bord de la scission. Mais le vent banguissois a tourné pour Hassan Bouba, qui a été arrêté le 19 novembre, dans le cadre d’une enquête de la Cour pénale spéciale (CPS) mandatée pour poursuivre les auteurs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Centrafrique. Il a cependant été libéré vendredi dernier, à la surprise générale.

 

Vers une réorganisation de Somdiaa

 

Le dossier pourrait avoir des conséquences sur l’organisation interne de Castel, et notamment la gestion de Somdiaa, son ex-rival sur le marché du sucre africain, dont il a acquis 87 % du capital en 2010, profitant d’une situation financière difficile liée au retrait du fond Emerging Capital Partners (ECP, AI du 30/06/10). Malgré ce rachat, Somdiaa est resté sous le contrôle de son management historique, dont Alexandre Vilgrain, petit-fils du fondateur Jean Vilgrain. Or Sucaf RCA, bien que créé par Castel en 2003, était passé sous le contrôle de Somdiaa, dont le management nomme, depuis, ses administrateurs et principaux cadres.

 

Africa Intelligence 29/11/2021

 

 

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