ACFPE : La bataille pour les 10% déchire les petits dictateurs

Rédigé le 24 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le directeur financier et le logisticien (frère de la DG) s’affrontent pour contrôler les commissions sur les achats publics de l’ACFPE.
Alors qu’ils menacent de mort les lanceurs d’alerte qui dénoncent leurs détournements, les responsables de l’Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi (ACFPE) se déchirent entre eux pour le contrôle des commissions illégales sur les achats publics de l’ACFPE. Corbeau News Centrafrique démontre aujourd’hui la guerre intestine qui oppose le directeur financier et le logisticien de l’ACFPE, Paul, qui n’est autre que le frère de la directrice générale par intérim Renée Bimbo. Une bataille pathétique pour les “10%” qui expose au grand jour la véritable nature de cette institution devenue un repaire de corruption.
Paul, le frère de la DG qui contrôle tout….
Nouvelle révélation de notre investigation : le logisticien de l’ACFPE, qui porte le nom de Paul, est le frère de la directrice générale par intérim Renée Bimbo. Un népotisme familial qui ne surprendra personne, tant cette pratique est courante dans les institutions centrafricaines sous gestion Bimbo-Mouanga.
Rappelons que Renée Bimbo elle-même est la sœur cadette de la ministre du Travail Annie-Michelle Mouanga. Nous avons donc une ministre qui place sa sœur à la tête de l’ACFPE, laquelle place ensuite son propre frère au poste stratégique de logisticien. Un véritable clan familial qui se partage les postes et les ressources de l’institution.
Mais le népotisme ne s’arrête pas aux nominations. Paul, profitant de sa position de frère de la directrice générale, s’est arrogé des pouvoirs qui dépassent largement ses attributions. Selon nos informations, il intervient désormais dans des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence. Par exemple, les ordres de mission qui devraient être émis par le service des Ressources Humaines sont maintenant décidés par Paul.
Cette concentration de pouvoir entre les mains du frère de la DG crée un système où les règles administratives normales sont contournées. Paul décide qui part en mission, qui reçoit des primes, qui obtient des avantages. Une gestion personnelle et familiale de l’institution publique.
Les 10% : Le nerf de la guerre….
Pour comprendre la bataille qui fait rage à l’ACFPE, il faut expliquer le système des “10%”. Dans le jargon de la corruption administrative centrafricaine, les “10%” désignent la commission illégale que les responsables prélèvent sur les achats publics.
Le mécanisme est simple : quand l’ACFPE doit acheter du matériel, des fournitures ou des services, le responsable chargé de l’achat gonfle artificiellement le prix ou négocie un prix de faveur avec le fournisseur. En échange, le fournisseur reverse 10% du montant de la facture au responsable. C’est un système de corruption mis en place partout en Centrafrique qui permet d’enrichissement personnel sur le dos des deniers publics.
À l’ACFPE, les sommes en jeu ne sont pas négligeables. Comme nous l’avons révélé, l’institution gère des fonds colossaux : projets financés par des partenaires internationaux comme la Banque mondiale (comme ICOMPETE), budgets de l’État, financements des organisations installées dans le pays. Les achats se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions de francs CFA. Les 10% prélevés sur ces montants représentent donc une véritable fortune.
D’où la bataille féroce pour contrôler ces commissions. Celui qui contrôle les achats contrôle les 10%. Celui qui contrôle les 10% s’enrichit rapidement. Et à l’ACFPE, plusieurs responsables veulent leur part du gâteau.
La guerre entre le directeur financier et le logisticien….
Au cœur de cette bataille se trouvent deux protagonistes : le directeur financier (DCF) et Paul, le logisticien frère de la DG.
Normalement, dans une institution bien gérée, les rôles sont clairs. Le service logistique est chargé de gérer les achats : identifier les besoins, consulter les fournisseurs, négocier les prix, passer les commandes. Le directeur financier, lui, valide les dépenses et assure le paiement des factures après vérification.
Mais à l’ACFPE, rien ne se passe normalement. Le directeur financier et le logisticien se livrent une guerre sans merci pour contrôler les achats et, par conséquent, les précieux 10%.
La stratégie de Paul, le logisticien….
En tant que frère de la directrice générale, Paul pense que le contrôle des achats lui revient de droit. Il estime que sa position familiale lui confère une légitimité pour gérer les commandes et toucher les commissions.
Paul voudrait que tous les achats passent par son service logistique. Cela lui permettrait de négocier avec les fournisseurs, d’obtenir ses 10%, et d’asseoir son pouvoir au sein de l’institution.
La contre-offensive du directeur financier….
Mais le directeur financier n’entend pas se laisser écarter du festin. Lui aussi veut sa part des 10%. Alors, il a développé une stratégie pour court-circuiter Paul et le service logistique.
Au lieu de laisser le service logistique gérer les achats, le directeur financier bloque les procédures à son niveau. Lorsqu’une commande doit être passée, au lieu de transmettre le dossier au logisticien, il prend les choses en main personnellement.
Et voici le comble : le directeur financier se rend lui-même au marché KM5 (PK5), le grand marché Mamadou Mbaïki situé dans le 3ème arrondissement de Bangui, pour effectuer directement les achats. Il négocie avec les commerçants, achète le matériel ou les fournitures nécessaires, et ramène le tout à l’ACFPE.
En faisant ainsi, le directeur financier récupère directement les 10% pour lui-même. Il négocie un prix gonflé avec le commerçant, paie avec les fonds de l’ACFPE, et empoche la différence. Pas besoin de partager avec le logisticien ou d’autres intermédiaires.
Le marché KM5 : Le théâtre des achats clandestins….
L’image est surréaliste : le directeur financier de l’ACFPE, un cadre supérieur censé gérer les finances d’une institution publique importante, qui se balade au marché KM5 pour acheter lui-même du matériel comme un simple particulier.
Le marché KM5, officiellement appelé marché Mamadou Mbaïki mais communément connu sous le nom de PK5, est le plus grand marché de Bangui. On y trouve de tout : matériel informatique, fournitures de bureau, équipements divers. C’est aussi un lieu où les prix sont négociables et où les arrangements informels sont monnaie courante.
En se rendant personnellement au KM5, le directeur financier évite toute trace administrative. Pas de procédure d’appel d’offres, pas de demande de devis ou proforma à plusieurs fournisseurs, pas de commission d’achat. Juste lui, un commerçant, et un arrangement qui leur profite à tous les deux au détriment de l’ACFPE.
Cette pratique viole toutes les règles de la commande publique. Les achats d’une institution comme l’ACFPE doivent suivre des procédures strictes : justification des besoins, autorisation budgétaire, appel d’offres ou demande de devis, commission d’achat, réception et vérification du matériel, paiement sur facture. Rien de tout cela n’est respecté quand le directeur financier fait ses courses au KM5.
La frustration de Paul : “C’est moi qui devrais toucher les 10%”….
De son côté, Paul, le logisticien, est furieux. C’est son service qui est censé gérer les achats. C’est lui qui devrait négocier avec les fournisseurs et toucher les commissions. Mais le directeur financier lui coupe l’herbe sous le pied en faisant les achats lui-même.
Paul se retrouve marginalisé dans son propre domaine de compétence. Le service logistique qu’il dirige devient une coquille vide, contournée systématiquement par le directeur financier qui préfère agir seul pour garder 100% des commissions.
Cette situation crée une tension permanente entre Paul et le directeur financier. Selon nos sources, les deux hommes se collaborent difficilement.
Paul, en tant que frère de la directrice générale, pense avoir la légitimité familiale pour imposer sa volonté. Mais le directeur financier, fort de sa position stratégique dans le circuit financier de l’institution, ne compte pas se laisser faire.
Une mésentente profonde qui paralyse l’institution….
Cette guerre pour les 10% crée une mésentente profonde au sein de la direction de l’ACFPE. Le directeur financier et le logisticien, deux postes clés de l’institution, ne travaillent plus ensemble. Ils se sabotent mutuellement, chacun cherchant à préserver son pré carré et ses sources de revenus illégaux.
Cette situation a des conséquences directes sur le fonctionnement de l’ACFPE. Les achats ne se font plus de manière rationnelle et transparente, mais en fonction des intérêts personnels des uns et des autres. Les procédures administratives sont contournées. Les règles de bonne gestion sont bafouées.
L’ironie suprême : Ils se battent entre eux tout en menaçant CNC….
Ce qui rend cette situation particulièrement pathétique, c’est l’ironie absolue de la situation. Ces responsables de l’ACFPE qui menacent de tuer les lanceurs d’alerte, qui promettent de retrouver et de limoger ceux qui fournissent des informations à CNC, sont incapables de s’entendre entre eux.
Ils se présentent comme des gens puissants, capables de contrôler l’institution, de punir les fautifs, de mener des “enquêtes discrètes”. Mais la réalité, c’est qu’ils passent leur temps à se chamailler pour des commissions de 10% comme des petits commerçants qui se disputent un étal au marché.
Ils veulent s’attaquer à des “ennemis extérieurs” alors qu’ils sont déjà en guerre entre eux. Ils promettent de protéger l’ACFPE contre les dénonciateurs alors qu’ils sont les premiers à la détruire de l’intérieur par leur cupidité.
C’est pathétique. C’est risible. Et c’est tragique pour les Centrafricains qui comptaient sur l’ACFPE pour former les jeunes et créer des opportunités d’emploi.
Par Alain Nzilo…..
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