ACFPE : 22 millions FCFA détournés sur le budget communication du projet ICOMPETE

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ACFPE : 22 millions FCFA détournés sur le budget communication du projet ICOMPETE

 

La Directrice générale de par intérim de l'ACFPE, madame Renée Bimbo
La Directrice générale de par intérim de l’ACFPE, madame Renée Bimbo

Rédigé le 13 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Après avoir révélé le chaos organisationnel qui a conduit le recrutement des candidats du projet ICOMPETE à l’Agence Centrafricaine pour la Formation Professionnelle et l’Emploi (ACFPE), Corbeau News-Centrafrique dévoile aujourd’hui les dessous financiers de ce scandale. Une enquête menée par notre équipe d’investigation montre qu’un détournement de 22 millions de francs CFA, destinés à la communication du projet, a été instrumenté par une véritable mafia impliquant le chargé de mission au ministère du Travail Aristide Ganabo, la directrice générale de l’ACFPE Renée Bimbo (sœur de la ministre du Travail), le directeur comptable de l’ACFPE et la cheffe de communication Mbalanga Evodie.

Dans notre précédent article, Corbeau News Centrafrique a exposé le désastre organisationnel du projet ICOMPETE, financé par la Banque mondiale pour former 2 000 jeunes déscolarisés. Ce projet qui devait être une bouée de sauvetage pour les jeunes centrafricains âgés de 18 à 25 ans a viré au cauchemar : délai de dépôt des candidatures réduit à moins d’une semaine, saisie monopolisée par Monga Aubin (directeur de la Formation) qui a transformé le processus en machine à cash (500 FCFA par fiche de candidat), affichage des listes le samedi à 11h pour une composition le dimanche, listes désorganisées sans ordre alphabétique avec des milliers d’omissions, et plus de 500 jeunes arrivés trop tard à cause d’une communication inexistante.

Aujourd’hui, notre investigation explique pourquoi cette communication a été si catastrophique : les 22 millions de francs CFA prévus pour sensibiliser les populations ont été purement et simplement détournés.

La première révélation choc de notre enquête concerne le profil de Mbalanga Evodie, cheffe de Service de la Communication du projet ICOMPETE. Cette dernière n’a aucune formation en communication. Mbalanga Evodie est diplômée en géographie.

Comment une géographe se retrouve-t-elle à diriger la communication d’un projet de plusieurs millions financé par la Banque mondiale ? La réponse tient en un nom : Aristide Ganabo, chargé de mission au ministère du Travail. C’est lui qui a imposé cette nomination.

Le projet ICOMPETE prévoyait un budget de 22 millions de francs CFA pour la communication. Cet argent devait financer :

– Une campagne intensive d’une semaine dans la capitale
– Location de plusieurs véhicules pour couvrir tous les quartiers de Bangui
– Carburant en quantité suffisante
– Campagnes radio sur les stations les plus écoutées
– Mobilisation des ONG nationales pour sensibiliser dans les quartiers
– Affiches, dépliants et supports de communication

La réalité découverte par notre investigation est terrible:

Durée de la campagne réduite à : 48 heures au lieu d’une semaine

Véhicules mobilisés : seulement deux véhicules. Le premier appartenait déjà à l’ACFPE (donc aucun coût de location). Le second était un pickup appartenant à un parent ou proche des organisateurs, loué de manière complaisante.

Couverture : deux allers-retours dans Bangui, incapables de couvrir correctement tous les quartiers.

Campagne radio : réduite au strict minimum.

 

Aucune trace de spots publicitaires.

ONG mobilisées : zéro. Aucune organisation n’a été contactée ni sous-traitée.

Supports de communication : zéro. Pas d’affiches, pas de dépliants, rien.

Si on évalue généreusement les dépenses réelles – location d’un pickup pendant 48 heures, carburant pour deux véhicules – on arrive au maximum à 500 000 francs CFA ou 1  million de francs CFA. Il manque donc au moins 21 millions de francs CFA. Cet argent a été détourné.

La mafia à quatre têtes….
Notre investigation établit que ce détournement n’est pas le fait d’une personne. C’est une opération collective impliquant quatre acteurs clés :

1. Aristide Ganabo – Le parrain

Chargé de mission au ministère du Travail, c’est lui qui a imposé Mbalanga Evodie au poste de cheffe de communication malgré son profil inadéquat. Ganabo détient une influence considérable au ministère et intervient dans les nominations à l’ACFPE. Il est le cerveau de l’opération qui a permis de capter les 22 millions.

2. Renée Bimbo – La directrice générale complice

Sœur cadette de la ministre du Travail Anne-Michelle Mwanga, Renée Bimbo dirige l’ACFPE. En tant que première responsable, elle a validé le budget de 22 millions, accepté la nomination de Mbalanga Evodie malgré son incompétence, et certifié les rapports d’exécution mensongers. Sans sa complicité institutionnelle, le détournement aurait été impossible. Au lieu de sanctionner les responsables du chaos, elle a préféré mettre à pied cinq délégués du personnel qui dénonçaient ces dérives.

3. Le directeur comptable de l’ACFPE – Le facilitateur

C’est lui qui a validé les dépenses fictives, signé les ordres de paiement et certifié les rapports financiers mensongers. Son rôle était de contrôler les dépenses et de garantir leur conformité. Au lieu de cela, il a trahi sa mission en fabriquant ou en validant de fausses pièces justificatives pour faire croire à la Banque mondiale que les 22 millions avaient été correctement dépensés.

4. Mbalanga Evodie – L’exécutante

Placée à ce poste grâce à sa relation avec Aristide Ganabo, cette géographe sans expérience en communication a été l’outil du détournement. Elle a signé des rapports d’activité mensongers et s’est pliée aux instructions de ses protecteurs. Son double statut (cheffe de communication et membre du conseil d’administration) lui permet d’échapper aux contrôles.

Pendant que ces quatre personnes se partageaient les 22 millions, plus de 500 jeunes se sont présentés à l’ACFPE après la clôture des inscriptions, ignorant totalement l’existence du projet. Des milliers d’autres dans les quartiers périphériques n’ont jamais su que cette opportunité existait.

L’absence de communication n’était pas une incompétence ordinaire. C’était le résultat voulu d’un détournement planifié. Moins il y avait de communication, plus il était facile de justifier des dépenses fictives et d’empocher la différence.

Alors, la Banque mondiale doit exiger cet audit avant tout nouveau décaissement. Le procureur de la République doit ouvrir une enquête pénale pour détournement de fonds publics. Les responsables identifiés – Aristide Ganabo, Renée Bimbo, le directeur comptable et Mbalanga Evodie – doivent être suspendus de leurs fonctions et poursuivis en justice.

Les sommes détournées doivent être restituées au projet, et une nouvelle campagne de communication, cette fois sérieuse et transparente, doit être lancée pour donner une seconde chance aux milliers de jeunes qui ont été exclus.
Par Alain Nzilo….

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