Le forum de Brazzaville pour la paix en Centrafrique s’est achevé mercredi soir par la signature d’un accord de cessez-le-feu a minima, loin des objectifs fixés.
La signature de cet accord n’avait rien d’acquis à la mi-journée, mais la médiation congolaise est parvenue à sortir les négociations de l’impasse dans laquelle elles s’étaient rapidement trouvées après les exigences posées par l’ex-rébellion Séléka, inacceptables pour la plupart des participants.
Selon une copie du projet d’accord obtenu par l’AFP, la cessation des violences doit intervenir «de la signature de l’accord» et «prendre effet sur l’ensemble du territoire de la République centrafricaine».
L’accord a été signé par une quarantaine de représentants centrafricains et étrangers.
Les deux premiers à le parapher ont été Mohamed Moussa Dhaffane, représentant de l’ex-rébellion Séléka, et Patrice-Edouard Ngaissona, coordonnateur national des milices anti-balaka.
L’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, et l’imam Layama Kobine, président de la communauté islamique de Centrafrique, ont signé sous les applaudissements et les youyous de la salle, avant le président congolais Denis Sassou Nguesso.
Entamé lundi, le «Forum pour la réconciliation nationale et le dialogue politique» n’est pas parvenu à atteindre les objectifs les plus ambitieux qui lui avaient été assignés par le groupe de contact international sur la Centrafrique (une trentaine de pays et d’organisations internationales) : un accord fixant le cadre du désarmement et de la démobilisation des combattants des diverses milices dans le pays, et l’établissement d’une feuille de route pour un nouveau processus de normalisation politique.
«Il fallait bien commencer par la cessation des hostilités», a déclaré M. Sassou Nguesso, hôte de la rencontre, a l’issue de la cérémonie.
«Le plus long voyage commence par le premier pas […] Brazzaville constitue ce premier pas» avant un dialogue national et un «forum de réconciliation nationale qui clôturera formellement le processus que nous venons d’engager», a-t-il assuré.
Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la Séléka, mouvement à dominante musulmane, la Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants et en uranium, est plongée dans le chaos. Les violences intercommunautaires quasi quotidiennes ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Les combattants Séléka et les milices anti-balaka, formées de combattants chrétiens et animistes, s’affrontent dans un cycle sanglant d’attaques et de représailles dont les civils sont les premières victimes.
Mal engagée avant même son début, du fait du boycottage d’un certain nombre d’acteurs politiques, religieux ou de la société civile, la rencontre de Brazzaville avait pris un très mauvais tour après que M. Dhaffane eut posé comme préalable à toute discussion l’acceptation du principe d’une division du pays.
Cette position était jugée inacceptable par la grande majorité des négociateurs et par la France, dont quelque 2000 soldats sont actuellement déployés en Centrafrique, au côté d’une force de l’Union africaine comptant environ 5800 militaires.
Plusieurs négociateurs ont accusé M. Dhaffane et la Séléka de faire de la surenchère en vue d’obtenir la part du lion dans un éventuel nouveau gouvernement de transition.
Aux termes du projet d’accord obtenu par l’AFP, les parties «s’engageaient à renoncer a tout projet de partition» de la Centrafrique.
La fin des hostilités signée sur le papier, il restera à voir si l’accord pourra tenir dans la durée. Une des difficultés pour sa mise en oeuvre tient aux divisions internes au sein de la Séléka et au fait que les anti-balaka sont un mouvement sans organisation centralisée.
M. Gaissonna, leur coordonnateur national s’est néanmoins voulu rassurant : «tout le monde va suivre», a-t-il affirmé à la presse. Refusant que l’on parle de «factions» ou de «tendances», M. Dhaffane a affirmé quant à lui que sa signature engageait «toute l’ex-coalition Seleka».
AFP