Ndélé : quand Le préfet de Bamingui-Bangoran s’empare de force d’une base des Nations Unies

Rédigé le 23 novembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Alors que l’OIM a confié la garde de ses installations de Ndélé à la mairie en raison de difficultés financières, le préfet de Bamingui-Bangoran, de son côté, a abandonné sa résidence officielle pour venir s’installer de force dans l’ancienne base humanitaire. Des équipements onusiens commencent déjà à disparaître.
Une nouvelle affaire d’abus de pouvoir vient de secouer la préfecture de Bamingui-Bangoran. Le préfet de la région a confisqué de force l’ancienne base des agences des Nations Unies OCHA et OIM à Ndélé. L’inquiétude grandit sur le sort des équipements humanitaires laissés sur place.
L’histoire commence avec le départ de l’agence OCHA de Ndélé, qui avait transmis ses installations à l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Face à des contraintes de financement, l’OIM a dû suspendre temporairement ses activités dans la ville. Avant son départ, l’agence onusienne avait confié la garde de la base à la mairie de Dar El Kouti, avec mission de préserver l’intégrité des lieux et des équipements. La base dispose de chambres régulièrement louées aux travailleurs humanitaires et aux autorités en mission à Ndélé. Une infrastructure précieuse dans cette région enclavée du nord-est centrafricain.
Mais le préfet, très gourmant et jaloux, a quitté sa résidence officielle, l’ancienne maison de l’empereur Bokassa située sur la colline, réhabilitée par la MINUSCA, pour venir s’installer dans l’ancienne base onusienne. Cette décision surprend. Sa résidence habituelle bénéficie pourtant de la protection des FACA déployés dans le secteur. Pourquoi abandonner une résidence officielle sécurisée ? L’insécurité le pousse-t-il à fuir malgré la présence militaire ? Préfère-t-il le confort de chambres climatisées ? Ou cherche-t-il simplement à contrôler directement les équipements laissés par l’OIM ?
Dès l’arrivée du préfet dans les lieux, la situation se dégrade rapidement. Selon nos sources, des éléments des FACA ont proféré des menaces d’enfoncer le portail contre des clients qui passaient la nuit dans la base. Des équipements commencent à disparaître. Les panneaux solaires, les batteries, les climatiseurs et autres meubles de la base risquent de prendre bientôt le chemin de Bangui, comme c’est souvent le cas dans ces affaires de détournement de biens publics ou humanitaires.
Le préfet aurait agi avec la complicité de Benjamin Mawada, originaire lui aussi de Bamingui-Bangoran. Les deux hommes partagent leur appartenance au MCU, ce qui expliquerait cette coordination dans l’accaparement de la base onusienne. Dans une déclaration inquiétante, le préfet se serait comparé à “l’épervier qui vole les âmes des animaux”, menaçant d’arracher l’âme de quiconque oserait le contrarier. Une rhétorique qui rappelle celle du sous-préfet de Bambari lors du récent couronnement des chefs des quartiers le 15 octobre dernier.
Cette prédation des biens publics et humanitaires par certains responsables administratifs intervient dans un contexte où les populations de Bamingui-Bangoran ont besoin d’une administration au service du développement, et non d’autorités préoccupées uniquement par l’enrichissement personnel. L’OIM et les autorités onusiennes à Bangui n’ont pas encore réagi officiellement à cette confiscation. Reste à savoir si cette affaire connaîtra des suites judiciaires ou si, comme souvent, l’impunité prévaudra.
Par Florent Mbissi….
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC




