Zemio : Un soldat de forces armées centrafricaines échappe de justesse à l’exécution

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Zemio : Un soldat de forces armées centrafricaines échappe de justesse à l’exécution

 

Zemio : Un soldat de forces armées centrafricaines échappe de justesse à l’exécution

 

Rédigé le 04 novembre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

 Torturé et jeté dans un puits par ses propres collègues et les mercenaires russes du groupe Wagner, le soldat FACA  a réussi à fuir vers la RDC

 

 

À Zémio, la semaine dernière, un jeune soldat de deuxième classe des Forces armées centrafricaines a frôlé la mort. Son crime ? Avoir perdu son arme pendant qu’il était parti en ville pour acheter du crédit téléphonique pour appeler sa famille à Bangassou. Ce qui aurait dû donner lieu à une procédure disciplinaire normale s’est transformé en tentative d’exécution sommaire instrumentée par ses propres collègues et des mercenaires russes. Le jeune homme est aujourd’hui réfugié en République démocratique du Congo, ayant échappé de peu à ses bourreaux.

 

Selon des informations recueillies par la rédaction du CNC, le jeune soldat FACA, déployé à Zémio depuis moins d’un mois après un an de service dans l’armée nationale, vivait ses premiers jours dans cette ville frontalière du Haut-Mbomou. Comme beaucoup de soldats isolés loin de leurs familles, il voulait simplement prendre des nouvelles de ses proches restés à Bangassou. Il a laissé son arme dans sa chambre et s’est rendu acheter du crédit téléphonique. Un geste banal qui allait basculer dans le cauchemar.

 

À son retour, l’arme avait disparu. La nouvelle s’est répandue rapidement dans la garnison. Ses collègues militaires et les mercenaires russes présents sur place ont immédiatement accusé le jeune soldat. Sans enquête, sans procédure, sans même chercher à comprendre ce qui s’était réellement passé, ils ont décidé de son sort.

 

Les coups ont commencé. Ils l’ont brutalisé, insulté, accusé de tous les maux. Puis ils lui ont attaché les mains avec des câbles et l’ont traîné derrière la gendarmerie, à la sortie de la ville. Là se trouvait un puits d’eau asséché, un trou profond creusé par les villageois et depuis longtemps abandonné. Ils ont jeté le jeune soldat FACA au fond de ce puits, comme on se débarrasse d’un déchet.

 

Il était environ 17 heures. Les militaires et les mercenaires sont repartis, le laissant au fond du trou avec les mains liées. Leur plan était simple : revenir le lendemain pour l’achever. Le soldat a passé toute la nuit dans ce puits. Des heures d’angoisse, de douleur, dans le noir absolu. Il savait qu’au matin, ils reviendraient pour le tuer.

 

Mais 24 heures plus tard, le jeune soldat FACA a pris une décision : se battre ou mourir. Il s’est débattu pendant des heures pour libérer ses mains des câbles qui les enserraient. La douleur était intense, mais la peur de mourir était plus forte. Il a finalement réussi à se dégager. Restait à sortir du puits.

 

Les anciens creuseurs avaient laissé des prises rudimentaires dans les parois du puits, de petits trous servant d’escalier artisanal. Le jeune soldat FACA s’est agrippé à ces prises, a grimpé centimètre par centimètre, les mains ensanglantées, le corps meurtri. Après des efforts qui lui ont semblé durer une éternité, il est parvenu à atteindre le sommet et à s’extraire du puits.

 

Une fois dehors, il ne pouvait pas retourner à la garnison. Ses bourreaux l’y attendaient. Il a donc fait le seul choix possible : traverser la frontière vers la République démocratique du Congo. Les militaires congolais l’ont arrêté à son arrivée sur leur territoire. Il est actuellement détenu en RDC, où son sort reste incertain.

 

Cette histoire pousse à s’interroger sur l’état de l’armée centrafricaine. Comment en est-on arrivé à un point où des soldats torturent et tentent d’exécuter leurs propres collègues ? Comment des mercenaires étrangers peuvent-ils agir en toute impunité sur le sol centrafricain, participant à des tentatives de meurtre contre des éléments de l’armée nationale ?

 

Zémio est devenue depuis plusieurs mois un théâtre d’horreur où les abus se multiplient. Les mercenaires russes du groupe Wagner, présents massivement dans la région, y imposent leur loi. Les témoignages d’arrestations arbitraires, de tortures, d’exécutions sommaires se sont accumulés depuis leur arrivée. Les civils ne sont pas les seules victimes. Comme le montre le cas du jeune soldat FACA, même les soldats centrafricains ne sont pas à l’abri.

 

La perte d’une arme est effectivement une faute grave dans toute armée. Elle justifie des sanctions disciplinaires, une enquête approfondie, éventuellement des poursuites judiciaires. Mais elle ne justifie jamais la torture et encore moins une tentative d’exécution. L’armée centrafricaine dispose de codes, de règlements, de procédures. Tout cela a été balayé à Zémio au profit de la barbarie pure.

 

Le rôle des mercenaires russes dans cette affaire est particulièrement inquiétant. Ces hommes, qui ne rendent de comptes à personne, se comportent comme s’ils étaient au-dessus des lois centrafricaines. Ils participent à des actes de torture sur des soldats de l’armée qu’ils sont censés former et soutenir. Cette relation toxique transforme les FACA en une force de plus en plus incontrôlable, où la violence remplace la discipline et où la vie humaine ne vaut plus rien.

 

Ce jeune soldat FACA a eu de la chance. Le puits était sec. Il a réussi à se libérer. Il a trouvé la force de grimper. Combien d’autres soldats ont-ils connu le même sort sans avoir cette chance ? Combien ont disparu dans des puits, des fosses, des rivières, victimes de leurs propres collègues ou de leurs “formateurs” russes ?

 

En RDC, le jeune soldat attend. Il ne peut pas rentrer en Centrafrique où il serait immédiatement arrêté ou pire. Il ne peut pas non plus rester indéfiniment en détention en RDC. Son avenir est suspendu à une décision que prendront les autorités congolaises. Mais une chose est sûre : s’il rentre, ce sont les mercenaires et ses anciens collègues qui l’attendent. Et cette fois, il n’y aura peut-être pas de puits sec pour lui sauver la vie.

 

Cette histoire résume le naufrage moral de l’armée centrafricaine. Des soldats censés protéger la population deviennent des criminels. Des mercenaires étrangers imposent leur loi par la terreur. Les procédures judiciaires et disciplinaires sont remplacées par la violence sommaire. C’est un pays de fous, où la vie d’un soldat compte moins que celle d’une arme perdue.​​​​​​​​​​​​​​​​

 

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