Le Tribunal Administratif de Bangui ordonne le sursis à exécution de la note convoquant de nouvelles élections à l’UMC, organisée par le ministère du tourisme

Rédigé le 30 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Dans une décision rendue ce mercredi 29 octobre 2025, le Tribunal Administratif de Bangui vient d’infliger un camouflet retentissant au Ministère des Arts, de la Culture et du Tourisme en ordonnant le sursis à exécution de la note circulaire n°052/MACT/DIRCAB/DGAC.25 qui prévoyait l’organisation de nouvelles élections parallèles à l’Union des Musiciens Centrafricains (UMC).
Cette décision de justice constitue une victoire juridique éclatante pour le bureau exécutif légitime dirigé par Armand Touaboy, élu démocratiquement le 30 août 2025, et un désaveu cinglant des manœuvres administratives instrumentées par le tandem Philippe Bokoula – Dany Ngarasso pour confisquer le pouvoir au sein de l’organisation des musiciens centrafricains.
Le jugement, dont Corbeau News Centrafrique a pu obtenir copie, est sans appel : le Tribunal Administratif se déclare compétent, la requête est recevable, et l’exécution de la note circulaire ministérielle est suspendue. Les dépens sont mis à la charge du Trésor public. Le jugement sera notifié à l’Union des Musiciens Centrafricains représentée par Armand Touaboy et au Ministère en charge des Arts, de la Culture et du Tourisme.
Pour comprendre toute la portée de cette décision de justice, il est indispensable de revenir sur l’enchaînement des événements qui ont conduit à ce bras de fer juridique entre une association légalement constituée et une administration qui a largement outrepassé ses prérogatives.
Tout commence le 30 août 2025 lorsque l’Union des Musiciens Centrafricains organise son Assemblée Générale Élective conformément à ses statuts et règlements intérieurs. Cette consultation démocratique, supervisée par un comité électoral indépendant, voit l’élection d’Armand Touaboy à la présidence de l’UMC.
Le scrutin se déroule dans le respect strict des procédures statutaires de l’association. Les musiciens centrafricains exercent leur droit souverain de choisir leurs dirigeants dans un cadre démocratique et transparent. Aucune irrégularité n’est constatée. Le processus électoral est irréprochable.
Cette élection marque normalement la fin du mandat intérimaire de Dany Ngarasso, qui avait assuré une transition après le départ de l’ancien bureau. Conformément aux usages démocratiques les plus élémentaires, Ngarasso aurait dû céder sa place au nouveau bureau légitimement élu et accepter le verdict des urnes.
Mais c’est sans compter sur l’ego surdimensionné de Dany Ngarasso et son refus catégorique d’accepter le choix démocratique de ses pairs. Plutôt que de reconnaître sa défaite et de faciliter une passation de pouvoir sereine, l’ancien président par intérim décide de transformer son échec personnel en crise institutionnelle.
Incapable d’accepter que les musiciens centrafricains aient choisi un autre leader, Ngarasso refuse obstinément de transmettre les documents officiels et archives de l’UMC au nouveau bureau élu. Cette rétention de documents, qui pourrait constituer un abus de confiance ou un détournement, empêche le nouveau bureau d’exercer normalement ses fonctions.
Cette attitude montre une conception profondément antidémocratique du pouvoir. Pour Ngarasso, l’UMC semble être sa propriété personnelle dont il pourrait disposer à sa guise, indépendamment de la volonté exprimée par les membres de l’association. Cette mentalité autocratique est totalement incompatible avec les principes de gouvernance associative basés sur la démocratie et l’alternance.
Face à cette impasse créée par le refus de Ngarasso de respecter les résultats électoraux, un nouveau personnage fait son entrée dans cette saga : Philippe Bokoula, chargé de mission au Ministère des Arts, de la Culture et du Tourisme, et surtout ami personnel de Dany Ngarasso.
C’est ici que commence véritablement la dérive administrative qui va transformer un simple conflit interne à une association en affaire d’État mettant en cause l’intégrité même de l’administration publique centrafricaine.
Plutôt que de respecter la neutralité et l’impartialité qui devraient caractériser tout fonctionnaire, Bokoula va utiliser sa position administrative pour servir les intérêts personnels de son ami. Il va transformer le Ministère de la Culture en instrument au service d’une vengeance personnelle et d’une ambition contrariée.
Révélant une connaissance anticipée du résultat probable de l’élection du 30 août, Philippe Bokoula rédige dès le 25 août une note circulaire ministérielle visant à empêcher la tenue de l’Assemblée Générale Élective de l’UMC.
Cette tentative préventive de sabotage électoral échoue. Les musiciens centrafricains, conscients de leurs droits et de l’autonomie de leur association, maintiennent leur consultation démocratique malgré les pressions administratives. Le 30 août, l’élection a bien lieu et Armand Touaboy est élu.
Constatant l’échec de sa première manœuvre, Bokoula ne désarme pas. Le 2 septembre 2025, soit trois jours seulement après l’élection, le Ministère de la Culture intervient officiellement pour contester les résultats du scrutin.
Cette intervention constitue une ingérence manifeste dans les affaires internes d’une association qui ne relève pas de la tutelle du Ministère de la Culture. Rappelons en effet une vérité juridique fondamentale que l’administration semble vouloir ignorer obstinément : l’Union des Musiciens Centrafricains est une association officiellement reconnue par l’État centrafricain, et cette reconnaissance relève exclusivement du Ministère de l’Administration du Territoire, seule tutelle compétente en matière associative.
Le Ministère de la Culture n’est qu’un partenaire institutionnel de l’UMC. Il peut collaborer avec l’association, la soutenir dans ses projets culturels, mais il n’a strictement aucune prérogative légale pour intervenir dans son organisation interne et encore moins pour contester ou invalider ses élections.
Cette confusion des rôles, sciemment entretenue par Bokoula et son équipe, vise à créer un flou juridique permettant de justifier des interventions qui n’ont aucun fondement légal.
Ne parvenant pas à faire plier le nouveau bureau élu par ces premières interventions, l’administration franchit un nouveau cap dans l’illégalité. Par la note circulaire n°052/MACT/DIRCAB/DGAC.25, signée par Albertine Ouaboua, Directrice Générale des Arts et de la Culture, le ministère annonce l’organisation d’une Assemblée Générale Élective pour pourvoir “tous les postes prévus par les textes réglementaires de l’UMC”.
Cette initiative constitue une provocation caractérisée et une violation manifeste de l’autonomie associative. Comment un ministère qui n’a aucune tutelle légale sur une association peut-il s’arroger le droit d’organiser ses élections ? Comment peut-il imposer un calendrier, fixer des modalités de candidature et désigner un lieu de vote pour une consultation interne à une organisation indépendante ?
Le communiqué ministériel invoque un prétendu “désaccord entre les responsables de l’Union des Musiciens Centrafricains” pour justifier cette nouvelle intervention. Cette formulation est aussi vague qu’elle est trompeuse. Quel désaccord ? Entre quels responsables ? Le ministère se garde bien de préciser, préférant maintenir le flou pour légitimer une démarche qui n’a aucun fondement juridique.
La réalité est beaucoup plus simple : il n’y a pas de “désaccord entre responsables”, mais un refus catégorique d’un seul homme, Dany Ngarasso, d’accepter sa défaite électorale. Transformant son échec personnel en prétexte administratif, l’ancien président par intérim bénéficie une fois de plus du soutien actif de son ami Philippe Bokoula pour tenter d’organiser de nouvelles élections dont il espère sortir vainqueur.
La note circulaire fixe des modalités précises pour ce processus électoral parallèle. Les candidatures devaient être déposées au secrétariat de la Direction Générale des Arts et de la Culture, situé au rond-point des Nations Unies, jusqu’au vendredi 25 octobre 2025 à 15h30. L’Assemblée Générale devait ensuite se tenir à l’École Nationale des Arts (ENA).
Ces dispositions montre clairement l’ampleur de la dérive administrative. Le ministère ne se contente pas de soutenir l’organisation d’un nouveau scrutin, il en devient l’organisateur direct. Les candidatures doivent être déposées dans ses locaux, sur ses formulaires, selon son calendrier. L’UMC est ainsi dépossédée de la maîtrise de son propre processus électoral au profit d’une administration qui n’a aucune compétence légale en la matière.
Face à cette escalade dans l’illégalité, le bureau exécutif légitimement élu de l’UMC, dirigé par Armand Touaboy, choisit la voie de la légalité et du droit. Plutôt que de s’enfermer dans une confrontation stérile ou de céder face aux pressions administratives, il décide de saisir la justice pour faire respecter ses droits et l’autonomie de l’association.
Cette décision de porter l’affaire devant le Tribunal Administratif de Bangui révèle une maturité démocratique et une confiance dans les institutions judiciaires centrafricaines qui honorent les dirigeants de l’UMC. Ils démontrent ainsi qu’en République Centrafricaine, même face à l’arbitraire administratif, le droit peut encore triompher.
Le recours déposé devant le Tribunal Administratif vise à obtenir le sursis à exécution de la note circulaire n°052/MACT/DIRCAB/DGAC.25. L’objectif est clair : empêcher la tenue de ces élections parallèles illégales et faire reconnaître par la justice l’absence de compétence du Ministère de la Culture pour intervenir dans l’organisation interne de l’UMC.
Ainsi, ce mercredi 29 octobre 2025, le Tribunal Administratif de Bangui a rendu sa décision. Et cette décision constitue un désaveu complet et sans appel des manœuvres du Ministère de la Culture.
Le tribunal commence par affirmer sa compétence pour juger cette affaire. Cette affirmation est fondamentale car elle signifie que les juridictions administratives centrafricaines considèrent que les actes du Ministère de la Culture à l’égard de l’UMC relèvent bien du contrôle juridictionnel et peuvent être contestés devant la justice.
En reconnaissant sa compétence, le Tribunal Administratif établit un principe essentiel : aucune administration ne peut agir en dehors de tout contrôle judiciaire. Tout acte administratif peut faire l’objet d’un recours et être annulé s’il est contraire au droit.
Le tribunal déclare ensuite la requête recevable. Cette décision confirme que le bureau élu de l’UMC avait parfaitement qualité pour agir en justice et que les conditions de forme et de procédure ont été respectées.
Cette recevabilité n’est pas une simple formalité. Elle signifie que le Tribunal a considéré que la requête était sérieuse, fondée sur des arguments juridiques solides, et méritait un examen au fond.
C’est le cœur du jugement. Le Tribunal Administratif ordonne le sursis à exécution de la note circulaire n°052/MACT/DIRCAB/DGAC.25 de la Directrice Générale des Arts et de la Culture.
Cette décision a un effet immédiat et radical : la note convoquant de nouvelles élections à l’UMC ne peut plus être appliquée. Les élections parallèles que le ministère voulait organiser ne peuvent pas avoir lieu. Le processus électoral illégal est stoppé net.
Le sursis à exécution est une mesure d’urgence qui suspend l’application d’un acte administratif lorsqu’il existe un doute sérieux sur sa légalité et que son exécution risque de causer un préjudice grave et difficilement réparable.
En accordant ce sursis, le Tribunal Administratif envoie un signal clair : il existe effectivement un doute sérieux sur la légalité de l’intervention du Ministère de la Culture, et l’organisation d’élections parallèles causerait un préjudice irréversible à l’UMC et à son bureau légitimement élu.
Alain Nzilo
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