Nous sommes un pays souverains, même si personne ne nous donne d’argent pour organiser les élections, nous les organiserons nous-mêmes : Touadéra impose sa dictature

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Nous sommes un pays souverains, même si personne ne nous donne d’argent pour organiser les élections, nous les organiserons nous-mêmes : Touadéra impose sa dictature

 

 

Nous sommes un pays souverains, même si personne ne nous donne d’argent pour organiser les élections, nous les organiserons nous-mêmes : Touadéra impose sa dictature
Le Premier ministre centrafricain, Félix Moloua devant les élus de la Nation, ce 24 août 2022. CopyrightprimatureRCA

Rédigé le 02 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Le premier ministre centrafricain Félix Moloua vient de prononcer une phrase qui résume toute la stratégie du régime : “Nous sommes un pays souverain. Même si personne ne nous donne d’argent pour organiser les élections, nous les organiserons nous-mêmes.” Cette déclaration confirme ce que beaucoup soupçonnaient déjà : Touadéra a décidé d’imposer sa dictature au mépris de la communauté internationale et des règles démocratiques.

 

Après avoir échoué à obtenir des financements des Occidentaux pour des élections du décembre prochain, le régime de Bangui passe à la vitesse supérieure. Plus question de dialogue avec l’opposition, plus question de respecter les conditions posées par les bailleurs de fonds. Le président a choisi la confrontation directe et assume ouvertement son projet autoritaire.

 

La manœuvre était pourtant calculée au départ. Les autorités centrafricaines ont d’abord tenté de manipuler les Occidentaux en laissant entendre que la Russie allait financer les élections. Cette stratégie visait à provoquer une réaction de jalousie : les pays occidentaux se précipiteraient pour financer le scrutin afin d’éviter une mainmise russe totale sur le processus.

 

Cette manipulation grossière n’a trompé personne. Les Occidentaux ont compris le jeu et ont refusé d’entrer dans cette logique. Leur position reste inchangée : pas de financement sans dialogue inclusif avec l’opposition, pas d’élections crédibles sans respect des standards démocratiques minimaux.

 

Devant ce refus, Touadéra a choisi son camp. L’opposition ne participera pas au processus parce qu’il ne le souhaite pas. Il organisera son élection selon ses propres règles, se déclarera vainqueur avec les scores qu’il fabriquera, et imposera sa victoire au pays. Que la communauté internationale le veuille ou non, il restera au pouvoir et consolidera son régime pour les sept prochaines années.

 

Cette stratégie place le pays dans une situation d’illégalité totale. L’Autorité Nationale des Élections ne respecte pas le code électoral. Le décret de convocation viole la Constitution. Le processus lui-même bafoue toutes les normes légales. Touadéra agit en violation directe de la Constitution du 30 mars 2016 qu’il avait pourtant juré de respecter, y compris sa nouvelle constitution de 2023.

 

Le président a clairement affiché sa position : la loi ne s’applique pas à lui. Il gouverne au nom du “peuple centrafricain”,  formule commode qui signifie en réalité qu’il fait ce qu’il veut puisqu’il prétend incarner ce peuple. Aucune loi n’est au-dessus de lui puisqu’il est le peuple. Cette logique dissout toute notion d’État de droit.

 

La loi existe pour les autres :  pour l’opposition, pour les citoyens ordinaires, pour ceux qui contestent,  mais pas pour Touadéra qui s’en affranchit au nom d’une légitimité populaire auto-proclamée.

 

Rappelons-le, cette dérive a commencé avec la nouvelle Constitution imposée en 2023. Danièle Darlan, alors présidente de la Cour constitutionnelle, avait déclaré ce projet illégal. Dans un pays normal, ce jugement aurait clôturé le débat. La Cour constitutionnelle a le dernier mot sur ces questions.

 

Mais Touadéra n’accepte pas qu’une institution le limite. Sa réaction a été brutale : limoger Danièle Darlan, installer son parent à la tête de la Cour, puis imposer sa nouvelle Constitution à tout le monde. Le texte s’applique maintenant sans que personne n’ait pu vraiment donner son avis.

 

Cette Constitution contient des dispositions contradictoires qui rendent techniquement inéligibles tous les candidats potentiels selon les articles 10 et 67, y compris Touadéra lui-même. Mais ces contradictions juridiques ne comptent pas pour un président qui se place au-dessus des lois.

 

L’opposition a demandé un dialogue pour résoudre ces problèmes constitutionnels, pour réformer l’ANE qui dysfonctionne, pour rendre le Conseil constitutionnel indépendant. Ces demandes visaient simplement à créer les conditions d’élections un minimum crédibles.

 

Sous la pression de la communauté internationale qui a conditionné son financement à l’organisation d’un dialogue, Touadéra a accepté mollement d’engager un pré-dialogue. L’opposition a préparé ses mémorandums détaillant ses exigences et les a remis au premier ministre. Elle a notamment demandé que ce dialogue se déroule sous l’égide d’un médiateur neutre, idéalement un chef d’État africain reconnu.

 

La réponse de Touadéra a été nette : non. Pas de médiateur extérieur, pas de dialogue inclusif. On passe directement aux élections. Même si l’opposition refuse de participer, même si la communauté internationale ne finance pas, le scrutin aura lieu.

 

Le régime s’inspire du référendum constitutionnel organisé précédemment. Même avec une participation dérisoire, le gouvernement a fabriqué des scores impressionnants et imposé les résultats. La même méthode s’appliquera en décembre prochain.

 

Touadéra convoquera le corps électoral dans l’illégalité, organisera un scrutin sans listes électorales vérifiables, fabriquera les résultats qu’il souhaite, et se déclarera réélu pour sept ans. Le monde devra accepter ce hold-up électoral parce que le régime considère que personne ne peut l’en empêcher.

 

La déclaration du premier ministre Félix Moloua sur la souveraineté nationale résume cette stratégie. Nous sommes souverains, donc nous faisons ce que nous voulons. Personne ne peut nous imposer le respect de nos propres lois. La communauté internationale peut garder son argent, nous avons Wagner pour nous protéger.

 

Cette alliance avec les mercenaires russes constitue le fondement de la stratégie présidentielle. Wagner garantit le maintien du régime par la force, peu importe l’opposition interne ou la pression internationale. Le coût de cette protection,  bientôt dix milliards par mois quand Wagner deviendra officiellement Africa Corps – sera prélevé directement sur les ressources naturelles du pays.

 

Touadéra et son entourage se comportent maintenant comme des gens qui ont décidé de tout ignorer. Ils violent ouvertement la Constitution, organisent des élections truquées, répriment l’opposition, et affichent leur mépris total pour la légalité et les normes démocratiques.

 

Cette dérive se déroule sous les yeux de la communauté internationale qui reste largement passive. Les condamnations verbales se multiplient dans les capitales occidentales, mais aucune sanction concrète ne vient punir cette destruction méthodique de l’État de droit.

 

Le peuple centrafricain se retrouve pris au piège d’un régime qui n’a plus aucune limite. La loi n’existe plus pour les dirigeants, la Constitution ne compte pas quand elle les gêne, les institutions obéissent aux ordres, et la répression attend ceux qui osent protester.

 

Les élections de décembre 2025 ne seront pas des élections au sens démocratique du terme. Ce sera une opération de légitimation d’un pouvoir qui s’installe définitivement par la force. Touadéra a choisi la dictature assumée plutôt que le compromis démocratique.

 

Sa déclaration de souveraineté cache mal la réalité : un président qui a perdu toute légitimité s’accroche au pouvoir par tous les moyens, soutenu par des mercenaires étrangers et protégé par l’impunité que lui garantit la passivité de la communauté internationale.​​​​​​​​​​​​​​​​

 

Par Alain Nzilo.

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