Le BRDC dénonce l’incohérence du pouvoir face aux élections de décembre prochain

Rédigé le 28 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
L’opposition centrafricaine réunie au sein du BRDC tire la sonnette d’alarme sur un processus électoral bâclé et des listes électorales fantômes.
Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (BRDC) a organisé ce jeudi 25 septembre une conférence de presse pour dénoncer les contradictions du gouvernement dans la préparation des élections de décembre. Leur porte-parole, Martin Ziguelé , n’a pas mâché ses mots face à ce qu’il considère comme une parodie électorale en préparation.
L’histoire commence le 2 septembre dernier. Le Premier ministre Félix Moloua invite l’ensemble du bloc républicain à une réunion de lancement du dialogue politique. Une rencontre qui se veut consensuelle, où toutes les parties prenantes discutent des conditions d’organisation des prochaines élections. À l’issue de cette réunion, les participants se mettent d’accord sur un point : le BRDC va transmettre un document détaillant leurs conditions pour poursuivre le processus de dialogue.
Le 14 septembre, le BRDC respecte sa parole et envoie son cahier de charges au gouvernement. Tout semble sur de bons rails pour un dialogue constructif. Mais trois jours plus tard, le 17 septembre, c’est la douche froide. Les membres du BRDC apprennent par la presse que l’Autorité nationale des élections (ANE) vient de convoquer le corps électoral pour les élections de décembre. La convocation prend effet à partir du 29 septembre.
Cette annonce surprend d’autant plus que l’un des problèmes centraux de ces élections reste non résolu : le fonctionnement défaillant de l’ANE et surtout l’absence totale de listes électorales affichées. Ziguélé rappelle que même si la loi a été modifiée pour supprimer l’obligation d’affichage un an avant le scrutin, l’obligation d’affichage existe toujours. Logiquement, cet affichage devrait précéder toute convocation du corps électoral.
Le BRDC a vérifié sur le terrain. Résultat : dans aucune commune du pays, les listes électorales ne sont affichées à ce jour, comme l’exige pourtant la loi. Comment convoquer des électeurs sans leur dire qui peut voter et où ? Comment organiser des élections sans que les citoyens puissent vérifier leur inscription sur les listes ?
Face à cette situation, le BRDC interpelle la MINUSCA. La mission des Nations unies a reçu mandat d’assister et d’accompagner ce processus électoral. Martin Ziguelé demande à la MINUSCA de faire son travail “de manière courageuse”. Il ne s’agit pas de prendre position politiquement, précise-t-il, mais de s’assurer que le chronogramme électoral et les opérations respectent les normes techniques minimales imposées par le mandat du Conseil de sécurité de l’ONU.
L’opposition rappelle les leçons de 2020. Cette année-là, elle avait déjà alerté sur les dysfonctionnements du processus électoral et demandé un dialogue politique préalable. Le président burundais Sylvestre Ntibantunganya était même venu plaider pour ce dialogue. Il avait essuyé une fin de non-recevoir du pouvoir. La suite, tout le monde la connaît : des élections contestées, des violences post-electorales, une crise politique majeure.
“Nous ne voulons pas que l’histoire se répète”, insiste Martin Ziguelé. “On dit que lorsque l’histoire se répète, c’est une tragédie”. Le BRDC craint que le pouvoir ne reproduise les mêmes erreurs : organiser des élections dans la précipitation, sans respecter les procédures de base, sans dialogue préalable avec l’opposition.
La contradiction est claire. D’un côté, le gouvernement invite l’opposition au dialogue, fait mine de vouloir organiser un processus inclusif. De l’autre, il lance unilateralement la machine électorale sans attendre les conclusions de ce dialogue, sans même respecter les obligations légales d’affichage des listes.
Cette incohérence montre soit une incompétence totale du pouvoir dans la gestion des processus démocratiques, soit une stratégie délibérée pour organiser des élections sous contrôle, sans véritable débat ni transparence. Dans les deux cas, cela ne présage rien de bon pour la démocratie centrafricaine.
Le BRDC tire donc la sonnette d’alarme. Il rappelle que des élections bâclées ne règlent aucun problème et risquent au contraire d’aggraver les tensions. Mais le pouvoir écoutera-t-il ? L’expérience de 2020 laisse planer le doute sur la volonté réelle du gouvernement d’organiser un scrutin transparent et apaisé.
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