Touadéra mène un bras de fer avec Poutine et regrette la mort de Prigojine

Rédigé le 06 octobre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadera alias Baba Kongoboro refuse l’ultimatum du Président russe Vladimir Poutine sur le remplacement de Wagner par Africa Corps
Le silence qui durait depuis des semaines s’est rompu le 31 août 2025. Un ultimatum de Moscou est arrivé sur le bureau du président Faustin-Archange Touadéra alias Baba Kongoboro , déclenchant une réaction de colère inhabituelle chez le dirigeant centrafricain. Selon nos sources proches du palais présidentiel, le chef d’État Baba Kongoboro confie désormais en privé qu’il regrette la mort d’Evgueni Prigojine et ne comprend pas pourquoi le chef de Wagner n’avait pas mené sa rébellion jusqu’au bout contre Vladimir Poutine.
Cette amertume trouve sa source dans l’ultimatum russe qui exige la signature d’un nouveau contrat militaire. Moscou veut remplacer la milice Wagner par une structure officielle plus coûteuse : Africa Corps. Pour Touadéra, cette transition représente bien plus qu’un simple changement administratif. Elle signifie la perte de son autonomie et sa transformation en simple exécutant des ordres du Kremlin.
L’alliance entre la République centrafricaine et la Russie s’est construite autour de la présence des mercenaires du groupe Wagner depuis 2018. Ces soldats privés ont assuré la protection personnelle de Touadéra tout en sécurisant et exploitant les mines d’or, de diamants et les forêts du pays, sans oublier le pillage et massacre de la population centrafricaine. Cette collaboration permettait au président centrafricain de maintenir une certaine marge de manœuvre dans ses relations avec Moscou.
Vladimir Poutine souhaite désormais “professionnaliser” cette présence militaire en la plaçant sous le contrôle direct de l’armée russe à travers Africa Corps. Cette nouvelle structure eliminerait l’intermédiaire que représentait Wagner et placerait les forces russes en Centrafrique sous commandement militaire officiel.
La proposition russe pose plusieurs problèmes à Bangui. D’abord, elle est financièrement plus lourde que l’arrangement précédent avec Wagner. Ensuite, elle prive Touadéra de la flexibilité dont il bénéficiait avec Prigojine, qui agissait comme un entrepreneur indépendant capable de négocier directement avec le palais présidentiel. Enfin, elle transforme le président centrafricain en simple relais des décisions prises à Moscou.
Le conseiller militaire russe présent à Bangui, ancien lieutenant de Prigojine, devient dans ce nouveau schéma un représentant direct du ministère russe de la Défense. Cette évolution supprime la relation personnalisée que Touadéra entretenait avec l’organisation Wagner et son défunt patron.
La disparition d’Evgueni Prigojine dans des circonstances troubles a privé Touadéra d’un interlocuteur privilégié. Le patron de Wagner avait développé une relation de confiance avec le président centrafricain, agissant comme un entrepreneur à la fois loyal au Kremlin mais doté d’une indépendance suffisante pour négocier directement avec Bangui.
Prigojine représentait un modèle d’alliance qui convenait parfaitement à Touadéra : un partenaire russe puissant mais pas totalement inféodé à Moscou. Cette configuration permettait au président centrafricain de maintenir une certaine autonomie tout en bénéficiant du soutien militaire russe.
La tentative de coup d’État de Prigojine contre Poutine en juin 2023 avait été suivie avec attention à Bangui. Selon nos informations, Touadéra aurait secrètement espéré que cette rébellion aboutisse, pensant qu’un affaiblissement de Poutine aurait consolidé l’indépendance de Wagner et offert à la Centrafrique un allié plus autonome vis-à-vis du Kremlin.
Aujourd’hui, le président centrafricain réalise qu’il n’est plus considéré comme un partenaire mais comme un tintin, un simple pion dans la stratégie géopolitique russe en Afrique. Cette prise de conscience explique ses regrets concernant l’échec de la rébellion de Prigojine et sa résistance actuelle à l’ultimatum de Moscou.
Le refus de Touadéra de céder immédiatement aux exigences russes place la Centrafrique dans une situation délicate. Moscou dispose de plusieurs leviers de pression pour contraindre Bangui à accepter ses conditions. Le rappel de l’ambassadeur russe constitue la première étape d’une escalade possible.
La Russie pourrait également suspendre son soutien militaire, laissant le gouvernement centrafricain vulnérable face aux groupes armés qui contrôlent encore une partie du territoire. Plus grave encore, Moscou pourrait décider d’armer directement ces groupes rebelles pour déstabiliser le régime de Touadéra.
L’option la plus radicale consisterait pour la Russie à s’emparer directement des sites miniers qu’elle exploite actuellement en partenariat avec le gouvernement centrafricain. Cette mainmise sur les ressources naturelles priverait Bangui de revenus vitaux et démontrerait publiquement l’impuissance du régime.
Face à ces menaces, Touadéra explore discrètement ses options. Un rapprochement avec d’anciens partenaires comme la France reste théoriquement possible, mais il comporterait des risques considérables. Paris a gardé rancune de l’expulsion de ses forces et du choix de Bangui en faveur de la Russie.
L’Italie et les États-Unis représentent des alternatives potentielles, mais aucun de ces pays ne semble disposé à s’engager militairement en Centrafrique avec la même intensité que la Russie. De plus, tout rapprochement avec l’Occident provoquerait une réaction immédiate et probablement violente de Moscou.
La Chine, présente économiquement en Centrafrique, pourrait théoriquement offrir une alternative, mais Pékin évite généralement de s’impliquer dans les conflits internes africains et préfère maintenir de bonnes relations avec tous les acteurs locaux, y compris la Russie.
Le 31 août 2025 pourrait devenir une date historique dans l’histoire récente de la Centrafrique. Pour la première fois depuis l’arrivée de Wagner, le président Touadéra a choisi de résister aux pressions de son protecteur russe. Cette décision témoigne d’une volonté de préserver une autonomie minimale face aux ambitions géopolitiques de Moscou.
L’issue de cette crise déterminera l’avenir des relations russo-centrafricaines et, plus largement, le modèle d’influence russe en Afrique. Si Touadéra cède finalement, il établira un précédent inquiétant pour d’autres dirigeants africains tentés de résister aux exigences de Moscou. Si il maintient sa position, il pourrait ouvrir la voie à une redéfinition des rapports de force entre la Russie et ses alliés africains.
Dans tous les cas, l’ombre de Prigojine continue de planer sur cette crise. Le défunt patron de Wagner incarnait un modèle de partenariat russo-africain que Moscou semble désormais vouloir abandonner au profit d’un contrôle plus direct et plus rigide de ses alliés continentaux.
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