À Bossangoa, quand l’ancien président du Tribunal de Grande Instance, Thierry Ouedemona, aujourd’hui président du Tribunal de Grande Instance de Bimbo, détourne quarante sacs de ciment d’un malien et envoie sa victime vers l’enfer à Ngaragba

Rédigé le 29 septembre 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
L’ancien Président du tribunal de Bossangoa, le magistrat Thierry Ouedemona transforme un vol de ciment dans lequel il est le voleur en machination judiciaire contre un entrepreneur malien.
Le 17 mai 2020, à Bossangoa, l’ancien président du Tribunal de Grande Instance, Thierry Ouedemona, aujourd’hui président du Tribunal de Grande Instance de Bimbo, s’est emparé de quarante sacs de ciment appartenant à l’entrepreneur malien Ibrahim Traoré. Ce détournement, apparemment banal au départ, a ouvert la voie à un engrenage mafieux où justice et criminalité se confondent.
L’entrepreneur malien Ibrahim Traoré n’aurait jamais imaginé qu’une simple affaire de ciment pouvait l’envoyer en prison pour des années. Tout commence à Bossangoa, une ville située à 305 kilomètres de Bangui, dans l’Ouham, où il gère un dépôt de matériaux de construction. Le 17 mai 2020, Thierry Ouedemona, alors président du Tribunal de Grande Instance de Bossangoa, se présente pour se plaindre à monsieur Ibrahim Traoré afin d’obtenir dix sacs de ciment. Le magasinier, sur instruction de Traoré, lui accorde cette faveur. Mais le magistrat Thierry Ouedemona n’en prend pas dix. Il repart avec quarante sacs.
Cette soustraction frauduleuse ne résulte pas d’une simple confusion du magistrat Thierry Ouedemona. Le lendemain, 18 mai 2020, Ibrahim Traoré saisit immédiatement le directeur de cabinet du ministre de la Justice, un certain Ghazialet, qui instruit formellement le magistrat Thierry Ouedemona de restituer les 30 sacs supémentaires. L’ordre est totalement ignoré. Le magistrat s’installe dans l’impunité, convaincu que sa fonction le protège.
Cette affaire, qui aurait dû se résoudre par une restitution immédiate des 30 sacs supplémentaires, se transforme rapidement en bras de fer. Ibrahim Traoré, loin de se douter du piège qui se referme sur lui, poursuit ses activités. Quelques jours plus tard, il se rend à Bangui pour préparer un chantier à Alindao. Mais derrière lui, ses ennemis s’activent.
De Bossangoa à Alindao, la traque est méthodiquement organisée, et c’est encore plus criminel. Le 29 mai 2020, alors qu’il séjourne à Alindao, Ibrahim Traoré est arrêté dans son motel. Les hommes qui l’interpellent ne sont pas de simples gendarmes : ce sont des rebelles de l’UPC, Unité pour la paix en Centrafrique. Ce sont d’ailleurs des alliés de Thierry Ouedemona. Ils l’accusent d’espionnage pour le compte du gouvernement sous prétexte que sa femme est militaire.
Pendant plusieurs mois, Traoré et son épouse sont détenus, torturés et privés de tout contact avec leur famille. Pour sauver sa vie, il doit verser une rançon de 3,5 millions de francs CFA. L’affaire du ciment s’est muée en machinerie criminelle. Derrière le rideau judiciaire, une alliance douteuse entre magistrats, miliciens et fausses accusations se met en place.
Le 16 octobre 2020, une fois libéré, Ibrahim Traoré revient à Bossangoa. Son dépôt est vide. Les marchandises ont disparu. Quand il demande des comptes, le voleur magistrat Thierry Ouedemona lui rétorque qu’il n’est “pas chez lui” et lui promet la prison. La menace se concrétise : arrêté et poursuivi sur de faux motifs, Ibrahim Traoré est condamné à trois mois de prison. Même libéré, il est à nouveau qualifié d’“évadé” et renvoyé à nouveau en détention.
Dans ce processus, il perd deux téléphones, un ordinateur portable et plus de 1,6 million de francs CFA. Son activité est détruite. Sa réputation est brisée. Et pourtant, l’origine du calvaire reste la même : un magistrat voleur Thierry Ouedemona qui a détourné quarante sacs de ciment et mobilisé son influence pour écraser celui qui osait réclamer justice.
Et ce n’est pas tout! L’affaire Ibrahim Traoré dépasse le cadre d’un simple abus de fonction. Elle explique un système où des magistrats utilisent leur robe rouge pour couvrir des détournements et réduire au silence leurs victimes. Comment un président de tribunal peut-il détourner des biens, collaborer avec des rebelles de l’UPC, et en même temps manipuler la justice pour emprisonner celui qui dénonce ses agissements ?
La question reste entière. Ibrahim Traoré, détenu à Ngaragba depuis près de cinq ans, continue de payer le prix de son audace. Derrière lui, une machine judiciaire corrompue a fabriqué des dossiers, multiplié les mensonges et brisé une vie.
La suite de l’enquête exclusive dans le prochain épisode sur CNC.
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