La Banque Mondiale suspend le projet Maïngo après un viol : quand les 50 millions de dollars dans les égouts

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La Banque Mondiale suspend le projet Maïngo après un viol : quand les 50 millions de dollars dans les égouts

 

La Banque Mondiale suspend le projet Maïngo après un viol : quand les 50 millions de dollars dans les égouts
Le Premier ministre centrafricain, Félix Moloua devant les élus de la Nation, ce 24 août 2022. CopyrightprimatureRCA

 

Rédigé le 01 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

La Banque Mondiale suspend le projet Maïngo après un viol, laissant 25 milliards de francs CFA bloqués pendant que les enfants centrafricains croupissent dans l’ignorance.

 

Le 2  septembre 2025, le Premier ministre Félix Moloua recevait une délégation de la Banque Mondiale menée par Guido Rwanga dans un silence assourdissant. L’objet de cette rencontre ? Négocier la reprise d’un projet suspendu pour l’une des raisons les plus honteuses qui soit : un cas de viol commis dans le cadre du programme Maïngo, financé à hauteur de 50 millions de dollars.

 

Ce projet, lancé en grande pompe en 2021 pour “renforcer le capital humain” centrafricain, devait transformer l’éducation, la santé et l’emploi dans un pays où l’indice de développement humain plafonne à 0,32%. Mais au lieu de construire des écoles et de former des enseignants, le programme a enfanté un scandale sexuel qui paralyse aujourd’hui l’ensemble du dispositif.

 

La suspension du projet Maïngo constitue un camouflet retentissant pour un gouvernement qui multiplie les effets d’annonce sur l’amélioration du système éducatif. Comment expliquer aux parents centrafricains que 25 milliards de francs CFA destinés à l’éducation de leurs enfants restent bloqués à cause de l’incapacité des autorités à protéger les bénéficiaires du programme ?

 

Cette défaillance sécuritaire traduit un dysfonctionnement profond dans la supervision des projets de développement en Centrafrique. Comment un cas de viol a-t-il pu se produire dans un programme censé “autonomiser les femmes et les jeunes filles” ? Cette question reste sans réponse claire de la part des responsables centrafricains.

 

L’incident qui a provoqué la suspension s’inscrit dans un contexte plus large de défaillances gestionnaires du projet Maïngo. Dès octobre 2024, le ministre de l’Économie Richard Filakota pointait déjà des “insuffisances dans la gestion du projet”, conduisant au non-renouvellement du contrat de l’ex-coordonnatrice Irène Sabendo. Ces dysfonctionnements répétés interrogent sur la capacité réelle du gouvernement centrafricain à piloter des programmes d’envergure.

 

La promesse de reprise “dès octobre 2025” formulée par Guido Rwanga sonne comme un pansement sur une jambe de bois. Car au-delà de ce cas spécifique, c’est toute la crédibilité de la Centrafrique comme partenaire fiable qui se trouve entamée. Comment les bailleurs internationaux peuvent-ils avoir confiance dans un pays incapable de garantir la sécurité de base dans ses propres programmes de développement ?

 

Cette suspension intervient à un moment particulièrement critique pour l’éducation centrafricaine. Avec un taux de scolarisation primaire qui stagne autour de 60% et des infrastructures scolaires délabrées, chaque mois de retard dans la mise en œuvre du projet Maïngo condamne des milliers d’enfants à rester sur le carreau. Pendant que les bureaucrates négocient à Bangui, les salles de classe restent vides et les enseignants sans formation.

 

L’ironie de la situation atteint son comble quand on réalise que ce projet visait précisément à “renforcer la résilience des populations, en particulier des jeunes et des femmes”. Comment protéger les femmes centrafricaines quand les programmes censés les aider deviennent des lieux d’agression ? Cette contradiction décrédibilise totalement l’approche gouvernementale en matière de protection sociale.

 

Les 50 millions de dollars du projet Maïngo représentent une manne considérable pour un pays où le budget de l’éducation reste rachitique. Ce blocage prive non seulement les bénéficiaires directs de services essentiels, mais hypothèque également les chances de la Centrafrique de remonter dans les classements internationaux de développement humain.

 

La gestion calamiteuse de ce dossier s’inscrit dans une longue liste de projets de développement avortés ou détournés en Centrafrique. De la reconstruction post-conflit aux programmes d’urgence humanitaire, le pays accumule les échecs dans la mise en œuvre de l’aide internationale, alimentant la méfiance des partenaires techniques et financiers.

 

Cette affaire Maïngo pose également la question de la redevabilité des responsables centrafricains. Qui sera sanctionné pour ces dysfonctionnements ? Qui paiera pour l’incapacité à protéger les bénéficiaires du programme ? Le silence gouvernemental sur ces questions essentielles laisse présager une impunité qui encouragera la répétition de tels scandales.

 

Au-delà des aspects financiers, cette suspension porte un coup terrible à l’image de la Centrafrique sur la scène internationale. Comment prétendre à la respectabilité diplomatique quand les projets de développement se transforment en scandales sexuels ? Cette réputation sulfureuse complique davantage la mobilisation de nouveaux financements pour le développement du pays.

 

L’attitude de la Banque Mondiale, bien que compréhensible, explique également les limites de l’approche par projets dans des contextes fragiles. Suspendre un programme entier pour un incident, aussi grave soit-il, punit l’ensemble des bénéficiaires pour les fautes de quelques-uns. Cette logique punitive perpétue le cercle vicieux du sous-développement.

 

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