Trafic des faux diplômes : le gouvernement fournit des diplômes falsifiés à ses députés analphabètes

35 députés déclarés admis au bac 2025, malgré leur niveau jugé très médiocre d’un élève de la maternelle.
Rédigé le 12 août 2025 .
Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC).
En effet, l’article 153 de la Constitution du 30 août 2023 impose désormais à tout candidat à la députation d’être titulaire du baccalauréat ou d’un diplôme équivalent. Cette exigence, qui devait théoriquement élever le niveau du débat parlementaire, a entraîné une réponse criminelle de la part du pouvoir : organiser la régularisation de ses députés analphabètes par la délivrance de faux diplômes.
Selon plusieurs sources au sein de l’administration, trente-cinq députés sortants ont été ajoutés à la liste des admis au baccalauréat 2025, sans avoir mis un seul pied dans une salle de classe. Certains n’ont jamais dépassé l’école primaire. D’autres ne savent ni lire ni écrire. Ces élus, choisis pour leur loyauté politique au MCU, parti au pouvoir en Centrafrique, ont bénéficié d’un accompagnement discret mais efficace, coordonné au plus haut niveau par le Président lui-même, pour obtenir les documents nécessaires à leur candidature.
Le dispositif est bien connu : fausses inscriptions dans les établissements secondaires, bulletins inventés, identités introduites dans les bases de données du ministère de l’Éducation, résultats fabriqués. Ce sont des diplômes sur commande, livrés à temps pour satisfaire aux exigences constitutionnelles. En échange, les bénéficiaires s’engagent à rester dans le camp présidentiel.
Ce climat a provoqué des tensions jusque dans les rangs du Mouvement Cœurs Unis (MCU). À Mbaïki, la désignation du député sortant Makango Ghislain Magloire, dont les lacunes scolaires sont notoires, a été contestée par son collègue Brice Kevin Kakpayen. Ce dernier a publiquement affirmé que Makango n’a jamais obtenu le bac. Sa mise à l’écart de l’investiture a été perçue comme une sanction politique. Il s’est donc présenté en indépendant, accusant la direction du parti d’avoir instauré un système fondé sur l’exclusion et les règlements de compte.
Le bac est devenu un outil de fidélisation. Pour rester député, il faut le diplôme. Pour avoir le diplôme, il faut rejoindre le pouvoir. Tout s’achète, tout s’arrange. Le ministère de l’Éducation est impliqué dans cette opération discrète. Des recteurs valident des dossiers fictifs, des inspecteurs appliquent des consignes, des centres d’examen ajoutent des noms à la dernière minute. Le résultat final est présenté comme régulier, avec une liste d’admis publiée selon le calendrier officiel.
Dans un pays où les véritables candidats échouent souvent faute de professeurs ou de manuels, la réussite programmée d’élus analphabètes n’est pas passée inaperçue. Des centrafricains ont dénoncé l’écart entre les conditions réelles d’apprentissage et les privilèges accordés à ceux qui détiennent un mandat. Le silence des institutions renforce ce sentiment d’impunité.
L’article 153 n’a pas eu pour effet de moraliser la vie politique. Il a seulement changé les règles du contournement. Le bac, dans ce contexte, n’est plus un diplôme ; c’est un document politique. La majorité des députés actuels, concernés par cette obligation nouvelle, ont trouvé une solution rapide : faire établir un faux certificat, se soumettre aux consignes du parti présidentiel et poursuivre leur carrière.
Le processus électoral est donc ouvert, mais verrouillé de l’intérieur. Derrière les discours officiels sur la rigueur et le mérite, la réalité est plus simple : ceux qui obéissent obtiennent les papiers nécessaires. Les autres sont écartés. Le bac devient un filtre, mais pas un filtre académique. C’est un instrument de tri politique, dont les résultats sont décidés à l’avance.
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