Nola étranglée : quand l’État livre la Sanga aux prédateurs étrangers

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
La ville de Nola se noie sous l’indifférence d’un pouvoir qui bradé ses richesses aux intérêts étrangers.
À 720 kilomètres de Bangui, Nola vit un calvaire silencieux. La Sanga, artère vitale qui reliait autrefois cette ville forestière au Congo-Brazzaville, ne porte plus de bateaux. Les eaux ont baissé, les chenaux se sont comblés, victimes des activités minières qui grignotent les berges sans contrôle. Une société chinoise extrait l’or en amont, rétrécissant progressivement le lit de la rivière. Résultat : les embarcations qui transportaient vivres, carburant et marchandises depuis Brazzaville via Salo ne peuvent plus naviguer.
Aloïse Mokomitobi, chef de quartier, observe cette agonie quotidienne. Les derniers bateaux ont cessé leurs rotations il y a des mois. Le port pétrolier de Salo, deuxième réserve du pays, tourne au ralenti. Les habitants assistent, impuissants, à l’envolée des prix. Odette Mwangimba, commerçante, paie une palette de poissons 250 000 francs CFA contre 50 000 auparavant. Le carburant devient introuvable. Cette inflation n’est pas conjoncturelle : elle traduit l’effondrement d’un système d’approvisionnement sacrifié sur l’autel des intérêts miniers étrangers.
L’industrie forestière, poumon économique de la zone, a sombré avec la navigation fluviale. Efbaka, Karambua, Sésame : ces noms résonnent comme autant de promesses non tenues. Ces entreprises ont fermé leurs concessions, abandonnant Nola à son isolement. Leurs grumes transitaient par la Sanga vers les ports du Congo. Sans voie navigable, l’exploitation forestière perd sa rentabilité. Les emplois disparaissent, les revenus s’évaporent, la ville se vide de sa substance économique.
L’État centrafricain porte une responsabilité écrasante dans cette débâcle. Pendant que les sociétés étrangères modifient le cours de la Sanga, les autorités restent aveugles. Aucun contrôle environnemental, aucune étude d’impact, aucune protection des voies navigables. Les services compétents, représentés par Achille Poulzy et Arnaud-Serge Guy Akoumung-Pamako, évoquent des problèmes de balisage et d’entretien. Leurs brigades de Bommassa et Ubongi manquent de moyens, subissent vandalisme et sabotages. La réglementation reste inadaptée, les financements inexistants.
La route qui relie Nola à Bangui achève de parachever l’isolement. Défoncée, impraticable par endroits, elle décourage les transporteurs. Les marchandises qui transitaient autrefois par voie fluviale doivent emprunter ce chemin de croix terrestre. Les coûts explosent, répercutés sur les consommateurs. Une ville entière devient otage de choix politiques qui privilégient les investisseurs étrangers au détriment des populations locales.
Cette situation expose l’abdication d’un État qui livre ses ressources sans contrepartie véritable. Les entreprises chinoises exploitent l’or, transforment la géographie fluviale, repartent avec leurs profits. Les concessions forestières ferment après avoir vidé les parcelles les plus rentables. Nola paie le prix de cette prédation organisée. Ses habitants subissent une double peine : la perte de leurs moyens de subsistance et l’explosion du coût de la vie.
Le drame de Nola révèle les failles d’une gouvernance qui sacrifie l’intérêt général aux arrangements privés. La Sanga peut retrouver sa navigabilité, les forêts peuvent être exploitées durablement, l’économie locale peut renaître. Mais cela exige une volonté politique que Bangui refuse d’assumer. En attendant, une ville entière agonise dans l’indifférence, symbole d’un pays qui dilapide son patrimoine naturel au profit d’intérêts qui lui sont étrangers…….
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