Affaire Armel Sayo : Quand le pouvoir transforme la vérité en “complot contre le peuple centrafricain “

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Affaire Armel Sayo : Quand le pouvoir transforme la vérité en “complot contre le peuple centrafricain “

 

Affaire Armel Sayo : Quand le pouvoir transforme la vérité en "complot contre le peuple centrafricain "

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Lors de la conférence de presse hebdomadaire du 21 juillet 2025, le porte-parole du gouvernement, Maxime Balalou, a multiplié les références à “l’unité nationale” et à la “vérité”. Ce discours, prononcé dans le contexte explosif de l’affaire Armel Sayo, accusé de “menaces contre l’État” et détenu dans des conditions opaques , apparaît comme une manœuvre visant à étouffer les vérités. En insistant sur des slogans patriotiques, Balalou tente de transformer une affaire judiciaire controversée en un symbole d’attaque contre la nation.

 

La disparition durant 21 jours de l’ancien ministre Armel Sayo, officier de l’armée nationale, nourrit les rumeurs de torture  pratiquée par les mercenaires russes du groupe Wagner. La diffusion des images ressemblant parfaitement à lui, gisant dans le sang, avec le corps tranché, avait encore accentué la défiance, jusqu’à provoquer l’inquiétude de Paul Biya, président du Cameroun. Interrogé sur ces accusations, Balalou a préféré recentrer le débat sur la “cohésion nationale”, évitant toute clarification sur la situation réelle de Sayo.

 

“Je l’ai toujours dit et je le redis”, répète Balalou, en appelant à la “préservation de l’unité nationale”. Selon lui,

 

“un complot est ourdi contre ce peuple pour nous ramener en arrière, pour créer la misère encore au peuple centrafricain. Je pense que nous ne pouvons pas accepter”.

 

Cette formule transforme une affaire individuelle en une menace collective, un procédé rhétorique qui permet de délégitimer toute critique en la présentant comme hostile au peuple centrafricain.

 

Sur la gestion des rumeurs, le porte-parole se félicite de l’“intérêt pour la vérité” :

 

“Toutes les manipulations, les fuites en avant que nous constatons à travers des manipulations de l’opinion ne vont pas empêcher le gouvernement de continuer sereinement à mener l’enquête”.

 

Toutefois, il ne donne aucun élément réel sur les accusations de possible torture de l’ancien ministre Armel Sayo, préférant dénoncer des “bizarreries” véhiculées par les réseaux sociaux, jugés responsables de “troubles”.

 

Maxime Balalou affirme que la RCA “respecte les droits des individus” et que Sayo reste “présumé innocent”. Mais la famille et les avocats de l’ancien ministre ne peuvent cependant ni le voir ni obtenir d’informations fiables sur son état. Cette contradiction alimente le doute sur l’indépendance de la justice, utilisée ici comme un bouclier pour justifier une détention hors de tout contrôle public.

 

“Ne vous laissez pas enivrer par des informations qui créent des troubles. Pourquoi on n’organise pas ces genres de live là ? Si c’est de parler des questions personnelles, des questions des bizarreries, on ne prend que notre temps à ne faire que ça”.

 

Balalou oppose ainsi les “bonnes informations”,  celles validées par le gouvernement,  aux critiques en ligne, réduites à des rumeurs. Cette stratégie vise à discréditer les voix dissidentes, alors même que les réseaux sociaux restent, faute de médias indépendants solides, un des rares espaces de contestation.

 

“La RCA appartient à tout le monde. Et qu’ensemble, aujourd’hui, c’est le président de la RCA qui gouverne la RCA. C’est notre président. Derrière lui, travaillons. Travaillons pour développer notre pays”.

 

Cet appel à l’unité derrière le président vise à fédérer autour du régime des criminels, transformant toute critique en un acte anti-patriotique.

 

L’analyse de ce discours montre une stratégie classique de contrôle narratif :

  • Émotions patriotiques pour détourner l’attention des manquements de l’État.
  • Diabolisation des réseaux sociaux comme source de “manipulation”.
  • Mise en avant de l’État de droit, tout en refusant la transparence sur Sayo.
  • Narratif positif sur le développement, malgré les réalités sociales et économiques inchangées.

 

La rétention d’informations sur la détention et de la disparition durant 21 jours d’Armel Sayo renforce l’impression d’une communication organisée, davantage tournée vers la propagande que vers l’information. Tant que le gouvernement continuera d’invoquer l’unité nationale pour esquiver les critiques, la méfiance des Centrafricains ne fera que croître….

 

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