Dologuélé brise le silence : l’autorité nationale des élections  joue avec le feu

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Dologuélé brise le silence : l’autorité nationale des élections  joue avec le feu

 

Mathias Barthélémy Mourouba, Président de l'autorité nationale des élections (ANE)

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le leader de l’URCA abandonne sa prudence habituelle pour sonner le tocsin démocratique sur l’autorité nationale des élections .

 

Anicet-Georges Dologuélé a rangé ses gants de velours. L’ancien Premier ministre, réputé pour sa mesure, hausse le ton face à ce qu’il considère comme une dérive inacceptable. Quand il évoque l’Autorité Nationale des Élections, ses mots tranchent comme une lame. “Nous ne pouvons pas voir ça et faire semblant”, déclare-t-il, abandonnant sa réserve diplomatique coutumière.

 

L’homme qui a navigué dans les arcanes du pouvoir centrafricain possède une connaissance intime des mécanismes institutionnels. Depuis son poste d’observation à l’URCA, il assiste avec une inquiétude croissante aux ratés répétés d’une institution qu’il juge défaillante. Cinq ajournements des élections locales constituent à ses yeux un bilan accablant qui augure mal de l’avenir.

 

Cette accumulation d’échecs alimente sa conviction que le pays file vers une impasse démocratique. Dologuélé refuse de cautionner par son silence ce qu’il perçoit comme un naufrage annoncé. Chaque nouveau délai entame un peu plus la crédibilité d’un processus électoral déjà fragilisé par des années d’instabilité politique.

 

Sa riposte prend la forme d’une alternative concrète : une commission électorale paritaire associant toutes les sensibilités politiques. Cette formule, expérimentée avec succès par le passé, repose sur un principe simple : transformer la méfiance naturelle entre adversaires en mécanisme de contrôle mutuel. Majorité, opposition, société civile et administration se retrouveraient ainsi autour d’une même table pour veiller au grain.

 

L’ancien chef du gouvernement puise dans sa mémoire institutionnelle pour étayer sa proposition. Il se remémore ces moments où la Centrafrique a su dépasser ses divisions pour organiser des scrutins respectables. Ces précédents historiques nourrissent sa certitude qu’une voie alternative existe, à condition de faire preuve de volonté politique.

 

Son diagnostic va au-delà d’une simple critique technique. Dologuélé y voit le symptôme d’une conception erronée du pouvoir, où les élections deviennent un simple appendice administratif plutôt qu’un moment de vérité démocratique. Cette vision réductrice explique selon lui la légèreté avec laquelle le régime traite ces échéances capitales.

 

Le compte à rebours electoral ajoute une dimension d’urgence à son plaidoyer. Cinq mois séparent le pays de rendez-vous électoraux décisifs. Cette contrainte temporelle ne tolère plus aucune approximation. Dologuélé martèle ce message avec l’autorité de quelqu’un qui a vu de près les conséquences de l’improvisation institutionnelle.

 

Son appel transcende les frontières partisanes. Il s’adresse à l’ensemble de la classe politique centrafricaine, conscient que l’effondrement du processus électoral emporterait tout le monde dans sa chute. Cette approche œcuménique traduit sa conviction que certains enjeux dépassent les calculs politiciens de court terme….