Centrafrique : Jean-Édouard Koyambonou, dernier sauveur de l’Autorité nationale des élections comparée désormais à un malade en phase terminale?

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Centrafrique : Jean-Édouard Koyambonou, dernier sauveur de l’Autorité nationale des élections comparée désormais à un malade en phase terminale?

 

Centrafrique : Jean-Édouard Koyambonou, dernier sauveur de l’Autorité nationale des élections comparée désormais à un malade en phase terminale?
La vice – présidente de l’autorité nationale des élections en Centrafrique

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 L’Autorité nationale des élections (ANE) traverse l’une des périodes les plus critiques depuis sa création. Incapable de mener à terme la révision du fichier électoral entamée en septembre 2024, cette institution centrale du processus démocratique fonctionne aujourd’hui à l’aveugle, sans calendrier clair ni méthode de travail visible.

 

Un analyste politique centrafricain compare désormais l’ANE à un malade atteint du sida : affaiblie, sans repères, prête à accepter toute proposition comme un moribond accroché à la moindre promesse de guérison.« Même si un prétendu pasteur dit pouvoir la soigner par la prière, elle accepte. Même si un vendeur ambulant propose un sirop miracle, elle accepte. C’est exactement ce que fait aujourd’hui l’ANE », affirme-t-il.

 

En effet, prévue initialement pour durer quelques mois, la révision du fichier électoral stagne depuis près de dix mois. Des opérations d’enrôlement sont toujours incomplètes dans plusieurs zones, notamment dans l’Ouham-Pendé, le Mbomou ou encore la Vakaga. Cette lenteur alimente les doutes sur la capacité de l’ANE à organiser, dans les délais, les élections législatives, présidentielle et communales, voir régionales  prévues pour décembre 2025.

 

Le 11 juillet dernier à Bangui, Parfait Onanga-Anyanga, représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique centrale, a suggéré publiquement de reporter le scrutin, estimant que les conditions techniques et financières n’étaient pas réunies. Plusieurs leaders de l’opposition, dont Martin Ziguélé et Crépin Mboli-Goumba, ont rejoint cet appel, exigeant également une réforme en profondeur de l’ANE, qu’ils accusent de partialité et d’amateurisme.

 

Un aveugle pour guider une institution à l’agonie

 

Dans ce contexte, l’ANE s’ouvre à toutes les propositions, sans ligne stratégique définie. C’est ainsi que Chantal Jean-Édouard Koyambonou, ancien Premier ministre sous Patassé et conseiller à la présidence, a été reçu à deux reprises par le président de l’ANE. Ancien membre de la Commission électorale indépendante en 2011, Koyambonou propose aujourd’hui son appui au processus électoral.

 

Mais son implication provoque des réactions mitigées. Connu pour ses problèmes de vision, il est perçu par certains comme l’image même de l’aveuglement général qui affecte l’ANE. “Au pays des aveugles, les borgnes sont rois. Mais ici, c’est un aveugle qui tente de diriger une institution déjà perdue”, ironise un observateur. “Koyambonou a été utile à une époque, mais aujourd’hui, il incarne surtout le désespoir de l’ANE”.

 

La crise de confiance s’est aggravée le 7 juillet dernier, après la diffusion d’un enregistrement audio d’Arsène Gbaguidi, directeur des élections à la Minusca. Dans ce document sonore authentifié, le haut responsable des Nations unies livre un constat accablant sur le fonctionnement de l’ANE, évoquant des dysfonctionnements graves et des pratiques de corruption.

 

Ces déclarations ont provoqué un choc dans les milieux diplomatiques et politiques à Bangui. Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) a immédiatement demandé la suspension de l’appui de la Minusca à l’ANE, jugeant incohérent que l’ONU continue à soutenir une structure que son propre responsable considère comme défaillante.

 

Dans l’enregistrement, Gbaguidi revient également sur la mise en place précipitée de l’ANE actuelle, créée le 24 décembre 2020, soit trois jours seulement avant le scrutin présidentiel. Il précise que plusieurs membres de l’ancienne équipe ont été reconduits temporairement avec l’appui de la communauté internationale pour permettre le déroulement des élections.

 

L’ANE actuelle a par ailleurs décidé seule d’organiser le référendum constitutionnel de 2023, alors que la Minusca n’était pas autorisée par le Conseil de sécurité à appuyer ce processus.

 

Une institution prête à tout accepter

 

Dans les faits, l’ANE agit aujourd’hui comme un corps sans direction, sans autonomie, ni capacité technique. Faute de compétences internes, l’institution sollicite toute aide extérieure, sans filtrage ni stratégie. “C’est un malade qui accepte tous les remèdes : prière, herbes, injections douteuses. Même les charlatans sont écoutés”, commente un technicien électoral local.

 

Aucun audit du fichier électoral n’a été engagé, les techniciens formés par l’ONU ont été écartés, et l’actuel budget électoral n’a toujours pas été validé par le gouvernement. Les soutiens extérieurs — Union européenne, PNUD, Union africaine — exigent des garanties techniques, mais l’ANE, elle, continue d’avancer à l’aveugle.

 

Malgré les alertes, le gouvernement reste déterminé à organiser les élections en décembre 2025. Officiellement, aucune date de report n’est envisagée. Le calendrier électoral, toujours en attente, devait être publié depuis mars. Selon plusieurs sources internes, la présidence pousse pour des élections rapides, quitte à les organiser dans des conditions incomplètes.

 

En privé, des diplomates estiment que poursuivre dans cette direction pourrait déclencher une crise post-électorale grave. “On ne peut pas aller à des élections crédibles avec une institution que même ses partenaires qualifient de corrompue et dysfonctionnelle”, résume un fonctionnaire onusien.

 

Ceci dit, l’ANE n’est plus seulement une institution fragile : elle est devenue un symbole d’abandon. Comme un malade en phase terminale, elle accepte toute visite, tout remède, tout discours — pourvu qu’on la maintienne en vie, encore quelques mois….

 

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