Bimbo : quand la réforme pénitentiaire cache-t-elle l’abandon des femmes détenues ?

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Bimbo : quand la réforme pénitentiaire cache-t-elle l’abandon des femmes détenues ?

 

Bimbo : quand la réforme pénitentiaire cache-t-elle l'abandon des femmes détenues ?

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Les apparentes améliorations de la maison d’arrêt de Bimbo masquent-elles les défaillances chroniques du système carcéral centrafricain ?

 

La maison d’arrêt pour femmes de Bimbo affiche des statistiques rassurantes : 40 détenues pour 60 places disponibles. Ces chiffres, présentés par la régisseuse Natacha Clarisse Ndokoyanga, dessinent le portrait d’un établissement maîtrisé. Mais cette façade dissimule-t-elle une réalité plus sombre ?

 

 

La démilitarisation tant vantée pose une question : comment un État souverain peut-il déléguer la gestion de ses prisons à une mission internationale ? La MINUSCA finance la formation du personnel féminin et soutient les activités de l’établissement. Cette dépendance pathologique traduit l’incapacité du gouvernement centrafricain à assumer ses responsabilités régaliennes les plus élémentaires.

 

Parmi les 40 femmes incarcérées, 15 demeurent de simples prévenues. Ces détentions préventives prolongées posent une question: combien de temps ces femmes devront-elles attendre un jugement dans un système judiciaire défaillant ? Certaines croupissent depuis des mois, voire des années, victimes d’une justice paralysée par l’inefficacité et la corruption.

 

Les motifs d’emprisonnement interrogent : coups et blessures volontaires, abus de confiance, mais aussi charlatanisme et sorcellerie. Cette dernière catégorie témoigne d’un système judiciaire archaïque, incapable de distinguer les infractions réelles des superstitions populaires. Comment un État moderne peut-il emprisonner des femmes pour des accusations aussi douteuses ?

 

L’infrastructure médicale révèle une négligence scandaleuse. L’infirmerie, dépourvue de médecin permanent, est gérée par deux agentes de la défense. Les femmes enceintes subissent des transferts humiliants vers des hôpitaux externes, sous escorte, pour des consultations prénatales. Cette situation précaire expose les détenues à des risques sanitaires inacceptables dans un système pénitentiaire digne de ce nom.

 

Les programmes de formation professionnelle cachent une exploitation éhontée. Sur les bénéfices générés par le travail des détenues, seulement 25 % leur reviennent. L’administration pénitentiaire s’octroie 25 % tandis que 50 % couvrent les matières premières. Cette répartition scandaleuse transforme les femmes incarcérées en main-d’œuvre bon marché au service d’un système qui les exploite.

 

L’emplacement aberrant de la prison, héritée des années 80, constitue une bombe à retardement. Située au cœur du centre commercial de Bimbo, elle expose la population civile aux risques de mutinerie. Aucun projet de délocalisation n’a été engagé, témoignant de l’irresponsabilité criminelle des autorités.

 

La gestion quotidienne impose des règles draconiennes : deux visites mensuelles maximum, communications téléphoniques surveillées, activités strictement encadrées. Cette discipline autoritaire ne compense nullement les carences structurelles béantes du système.

 

L’absence de surpopulation à Bimbo, présentée comme un succès, cache une réalité cynique. Cette situation privilégiée résulte uniquement de la spécificité d’un établissement réservé aux femmes, traditionnellement moins nombreuses dans le système carcéral. Elle ne témoigne d’aucune amélioration systémique.

 

La formation du personnel féminin par la MINUSCA, bien que nécessaire, souligne l’échec retentissant de l’État à former ses propres agents pénitentiaires. Cette dépendance humiliante à l’expertise étrangère traduit l’abdication totale des responsabilités gouvernementales.

 

Les défis demeurent écrasants. Le système judiciaire centrafricain maintient des centaines de femmes dans des limbes juridiques interminables. Les infrastructures médicales archaïques menacent la santé des détenues. La formation professionnelle exploite leur travail sans perspective réelle de réinsertion.

 

La maison d’arrêt de Bimbo incarne parfaitement les contradictions d’un système pénitentiaire déliquescent. Derrière les réformes cosmétiques se cache l’abandon systématique des femmes détenues par un État défaillant. Ces améliorations superficielles ne masquent pas l’effondrement d’un système qui bafoue quotidiennement les droits humains les plus fondamentaux. La question demeure : combien de temps encore ces femmes devront-elles payer le prix de l’incompétence gouvernementale ?

 

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