Électricité en Centrafrique : les 11 % de l’ICASEES occultent la réalité des provinces

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Les statistiques officielles d’accès à l’électricité en Centrafrique cachent l’absence totale de courant dans les zones rurales centrafricaines.
Blaise Bienvenu Ali, directeur général de l’Institut centrafricain des statistiques et des études économiques et sociales (ICASEES), a déclaré sur la radio Ndékè Luka que 11 % des ménages centrafricains disposent d’un accès à l’électricité en Centrafrique . Ce pourcentage, présenté comme une donnée objective, dissimule une réalité bien différente : l’électricité n’existe tout simplement pas dans les zones rurales du pays.
Le chiffre avancé par Ali pose question dès qu’on examine sa composition. En évoquant la nécessité de développer « l’électricité rurale en Centrafrique », le directeur de l’ICASEES admet implicitement que les provinces vivent dans l’obscurité totale. Ces 11 % reflètent probablement la situation de Bangui et de quelques centres urbains comme Berberati ou Bambari, où l’accès reste précaire mais existe. Dans les villages, les habitants utilisent des lampes à pétrole, des bougies ou des générateurs privés pour ceux qui en ont les moyens. L’électricité publique n’y parvient pas.
Cette présentation statistique oriente mal les décisions publiques. Ali affirme que ses données guident les politiques sectorielles dans le cadre du plan national de développement. Mais comment planifier efficacement l’électrification du pays en s’appuyant sur un pourcentage qui masque l’ampleur du défi ? Si le département de l’énergie croit que 11 % des ménages ont déjà accès à l’électricité, il risque de sous-estimer les investissements nécessaires pour électrifier les provinces.
Les conséquences dépassent l’éclairage domestique. Ali mentionne que l’électricité sert aux « petits travaux » et aux machines. Sans courant, les artisans ruraux ne peuvent moderniser leurs outils, les commerçants ne peuvent conserver leurs produits, et les services de base restent inaccessibles. Dans un pays où 70 % des ménages vivent dans la pauvreté selon d’autres enquêtes de l’ICASEES, l’absence d’électricité aggrave l’isolement des communautés rurales.
L’institut justifie sa mission en affirmant fournir gratuitement ces statistiques aux décideurs. Mais la valeur de ces données dépend de leur précision. En présentant 11 % sans préciser que ce chiffre exclut de facto l’immense majorité du territoire national, l’ICASEES produit une information trompeuse. Les partenaires internationaux comme la Banque mondiale, qui financent ces études, ont besoin de données fiables pour orienter leurs programmes d’aide.
La méthode de calcul de ces 11 % reste opaque. L’ICASEES n’explique pas comment elle définit « l’accès à l’électricité » : s’agit-il d’un raccordement permanent, d’un accès occasionnel, ou d’une simple proximité avec une source électrique ? Cette imprécision permet toutes les interprétations et affaiblit la crédibilité de l’enquête.
Les zones rurales centrafricaines attendent toujours leur première ampoule. Les 11 % de l’ICASEES ne changeront pas cette réalité. Ils risquent même de la prolonger en donnant l’illusion d’un progrès là où règne l’obscurité. Une statistique honnête aurait distingué clairement l’accès urbain de l’inexistence rurale, offrant aux décideurs une base solide pour agir….
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