Touadera, ne nous rouler pas dans la farine. Regarde ton secteur financier face au défi de la stabilisation

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Touadera, ne nous rouler pas dans la farine. Regarde ton secteur financier face au défi de la stabilisation

 

Touadera, ne nous rouler pas dans la farine. Regarde ton secteur financier face au défi de la stabilisation

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le Comité National Économique et Financier (CNEF) vient d’achever sa deuxième session ordinaire avec l’adoption d’un ensemble de mesures destinées à consolider l’architecture financière centrafricaine. Ces résolutions, formulées dans un contexte de croissance économique modérée mais fragile, traduisent une volonté de consolider un pilier essentiel de l’économie nationale. Pourtant, une analyse approfondie révèle que si ces intentions sont louables, leur mise en œuvre efficace se heurtera à des défis systémiques profonds et des réalités structurelles qu’il est impératif d’adresser.

 

Les Fondations : Assainissement et Accès au Crédit

 

Les premières résolutions du CNEF se concentrent sur l’assainissement du secteur bancaire, un pilier incontournable pour toute économie. Le renforcement des contrôles sur les établissements financiers, la mise en place d’une surveillance accrue des crédits et l’adoption de nouvelles normes de transparence sont des mesures saines et indispensables. Elles visent à garantir la solidité des institutions, à protéger les déposants et à prévenir l’accumulation de risques systémiques. Ces dispositions sont des prérequis pour restaurer la confiance et attirer les investissements.

 

Parallèlement, l’amélioration de l’accès au crédit figure également à l’ordre du jour, avec la proposition d’une baisse du taux effectif global (TEG) pour les PME, la simplification des procédures de prêt aux particuliers et la création d’un fonds de garantie pour les secteurs prioritaires. Ces initiatives, si elles sont bien calibrées, peuvent stimuler l’activité économique et favoriser l’inclusion financière. Toutefois, la simple baisse du TEG, sans une prise en compte des coûts réels et des risques perçus par les prêteurs, pourrait paradoxalement réduire l’offre de crédit aux PME si l’activité devient non rentable pour les banques.

 

Il est également important de souligner que le “secteur bancaire” ne se limite pas aux seules banques commerciales. La santé financière des institutions de microfinance et des crédits mutuels est tout aussi vitale, car elles desservent souvent les segments de population et les petites entreprises non couverts par les banques traditionnelles. Les défis de solvabilité et les problèmes de liquidité qui peuvent empêcher les clients de retirer leurs fonds sont des signes d’alerte qui exigent que ces entités soient pleinement intégrées et assainies par des mesures de surveillance et de transparence similaires. Ignorer ces acteurs, c’est laisser une partie significative de la population sans protection et fragiliser l’ensemble du système financier.

 

La Stabilisation Monétaire : Ambitions et Obstacles

 

La troisième série de résolutions aborde la stabilisation monétaire, un enjeu macroéconomique majeur. Le renforcement des réserves de devises est une stratégie prudente et essentielle, offrant un bouclier contre les chocs externes et garantissant la capacité du pays à honorer ses engagements. La mise en œuvre d’une politique de régulation des changes, bien que son efficacité dépende de sa nature (gestion de la volatilité versus contrôle strict), peut contribuer à la stabilité.

C’est sur le volet de la lutte contre les transferts illicites de fonds que la divergence entre l’intention et la réalité devient la plus critique. Sur le papier, cette mesure est fondamentale pour l’intégrité financière. Cependant, dans un contexte national avec la présence d’acteurs non étatiques influents et parfois peu scrupuleux, tels que le groupe Wagner, le contrôle de ces flux financiers devient extraordinairement complexe. Ces groupes opèrent souvent en dehors des circuits bancaires formels, utilisant des mécanismes opaques, ce qui rend leur traçabilité et leur interception un défi titanesque pour des autorités qui manquent de moyens techniques, humains et d’une pleine autonomie.

 

De plus, la situation est amplifiée par la décision du Président Touadera, pour le moins audacieuse, d’ériger la cryptomonnaie comme seconde monnaie légale ou parallèle, et de l’utiliser même pour des transactions foncières comme Dollar CAR, ce, malgré la réticence exprimée par la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Cette démarche, si elle vise l’inclusion financière ou l’innovation, ouvre une voie royale au blanchiment d’argent et aux transferts illicites. Les transactions en cryptomonnaies peuvent être pseudonomes et internationales, échappant ainsi aux mécanismes de contrôle traditionnels et compliquant sérieusement la tâche des autorités de surveillance et de lutte anti-blanchiment.

 

Le Défi Ultime : Le Détournement de Fonds Publics

 

Le plus grand défi demeure sans doute la lutte contre le détournement de fonds publics. Le pays est malheureusement connu pour l’ampleur de ce phénomène. L’exemple de l’ancien Premier Ministre Firmin Ngrebada, transférant des centaines de millions de FCFA vers l’étranger, avec un blocage des fonds uniquement à l’arrivée en France, montre une triste réalité : les contrôles nationaux sont souvent inefficaces face à une corruption systémique impliquant les plus hautes sphères de l’État.

 

Les résolutions du CNEF, bien qu’elles renforcent les mécanismes techniques de surveillance bancaire, ne peuvent à elles seules endiguer une corruption institutionnalisée. Pour y parvenir, il ne suffit pas de “mettre des contrôles sur papier” ; il faut une volonté politique inébranlable au plus haut niveau, une justice véritablement indépendante et impartiale, des organes de contrôle dotés de pouvoirs réels (Cour des Comptes, inspections), une transparence totale des finances publiques, et une application rigoureuse et sans exception de la loi. Sans ces réformes structurelles profondes, les détournements continueront, sapant la confiance du public, privant l’État de ressources essentielles pour le développement et alimentant les inégalités….

 

 

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