Retrait de Wagner au Mali : entre propagande et réalité du terrain

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Retrait de Wagner au Mali : entre propagande et réalité du terrain

 

 

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Wagner joue un rôle central dans la lutte contre le terrorisme au Mali depuis plusieurs années. Vendredi, le groupe paramilitaire russe a annoncé son retrait du pays, malgré l’insécurité persistante sur place.

 

Depuis son arrivée au Mali en décembre 2021, le groupe paramilitaire russe Wagner est déployé pour lutter contre les groupes terroristes qui sévissent dans le pays. Malgré une présence non-reconnue par le gouvernement en place, Wagner devait appuyer les forces maliennes dans la reconquête des territoires perdus face aux djihadistes, en particulier dans le centre et le nord du pays. L’idée est alors de soutenir discrètement et rapidement les forces armées maliennes dans leur combat contre des organisations comme l’État islamique et Al-Qaïda. Aujourd’hui, le bilan de cette intervention est loin d’être positif, selon les spécialistes.

D’après le Docteur Arnaud Houénou, expert béninois en sécurité et défense en Afrique : « On ne peut pas dire un bilan complètement négatif. Mais je pense que les acteurs Wagner n’ont pas fait mieux que leurs prédécesseurs. Les attaques terroristes ont redoublé d’ailleurs aux dernières nouvelles dans ce pays. Malgré la force dont on a fait les éloges, on n’a pas eu les résultats d’un recul de l’insécurité […] ». Sur le papier, certains succès tactiques ont pourtant été mis en avant, comme la prise de Kidal en 2023, pour justifier un retrait anticipé du groupe, considéré comme ayant accompli sa mission.

 

Une réalité au goût amer

 

« Depuis 2023, il n’y a plus rien. Il y a plutôt des défaites, Tinzawaten, et tout récemment des attaques qui se multiplient, et je pense que quelque part, les actions de Wagner sont mitigées sinon même négatives lorsqu’on fait la balance. » Détaille Arthur Banga, spécialiste des questions de défense à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. « Cela a été une défaite beaucoup commentée. » enchaîne-t-il. « Nous avons encore les images de prisonniers faits par ces groupes [toujours aux mains des rebelles] et ces images ont porté vraiment atteinte à Wagner. » Un constat amer pour les Maliens. En effet, en juillet 2024, plus de 80 mercenaires de Wagner auraient été tués par les rebelles touaregs du FLA. Plus récemment, quelques jours à peine avant l’annonce du retrait du groupe, une trentaine de soldats maliens auraient d’ailleurs été tué dans l’attaque du camp militaire de Boulkessi, selon des sources sécuritaires.

 

Africa Corps, un rebranding inutile ?

 

Entre prédation de ressources naturelles, missions armées et comptant déjà plus de 1 500 hommes sur le terrain, l’objectif de la structure est clair. Africa Corps prend désormais le relais. Si Wagner jouissait d’une certaine autonomie, Africa Corps est étroitement supervisée par Moscou. Cette centralisation pourrait permettre une meilleure coordination des opérations mais risque également de rendre les interventions moins flexibles. « L’idée pour le Kremlin n’est pas d’abandonner leurs opérations mais d’en reprendre le contrôle. Aujourd’hui c’est la même chose, c’est la même idée, avec plus d’implication directe du Kremlin, parce que Wagner était jusqu’ici vu comme une milice privée, mais Africa Corps on voit bien qu’il y a une main officielle de l’État russe dans les activités de cette unité. » Répond M. Banga. Sur le sujet, 80 % des combattants russes de Wagner seraient par ailleurs « recyclés » au sein de la structure, dont des officiers.

Les futures actions d’Africa Corps suscitent aujourd’hui espoir comme désillusion, notamment sur la question de la sécurité des populations civiles. Les exactions commises par Wagner ont laissé de profondes marques sur le territoire. Au fil des années, plusieurs ONG internationales comme Human Rights Watch et The Sentry ont ainsi tiré la sonnette d’alarme face aux extrêmes violences du groupe paramilitaire lors de ses opérations contre-insurrectionnelles. « Il y a eu des tueries de masse de civils qui n’ont rien à voir avec les forces terroristes. […] Les forces paramilitaires sur le terrain ne s’embarrassent pas du respect des droits de l’Homme dans la sécurisation du territoire. Le même reproche avait déjà été fait en Centrafrique, donc c’est pratiquement la même chose qui s’est fait sur le sol malien, dont des exactions à répétitions. » Témoigne le Docteur Houénou….

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