Je ne suis pas le premier rebelle centrafricain », déclare Hassan Bouba, un ex-rebelle tchadien devenu ministre en Centrafrique

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Je ne suis pas le premier rebelle centrafricain », déclare Hassan Bouba, un ex-rebelle tchadien devenu ministre en Centrafrique

 

Je ne suis pas le premier rebelle centrafricain », déclare Hassan Bouba, un ex-rebelle tchadien devenu ministre en Centrafrique Hassan Bouba avec les mercenaires russes du groupe WSagner à Bria, dans la Haute-Kotto
Hassan Bouba, inculpé par la CPS pour crime de guerre et crime contre l’humanité, parade avec les mercenaires russes du groupe Wagner à Bria

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Dans un français laborieux, le Tchadien Hassan Bouba, ex-rebelle tchadien devenu ministre en Centrafrique, provoque l’indignation en se déclarant Centrafricain dans une vidéo controversée.

 

En République centrafricaine, le nom de Hassan Bouba, ministre de l’Élevage et de la Santé animale, déclenche des vagues de colère et de stupéfaction. Une vidéo qu’il a partagée sur la plateforme de réseau sociaux Facebook, où cet ancien chef rebelle tchadien se présente comme un acteur de la paix tout en revendiquant son identité centrafricaine, a révolté les centrafricains. Ses propos, exprimés dans un français maladroit et jugé indigne d’un ministre, sont perçus comme une insulte par beaucoup.

 

Un passé rebelle entaché de violences

 

Hassan Bouba, citoyen tchadien, s’est d’abord fait connaître dans la rébellion de Mahamat Abdoul Kadre Oumar, alias Baba Laddé, un ancien gendarme tchadien actif dans le nord de la Centrafrique au début des années 2000. Baba Laddé, arrêté par la MINUSCA avant de rentrer au Tchad, dirigeait le Front populaire pour le redressement, un groupe armé défendant les intérêts de la communauté peule. Hassan Bouba, suivant ce chemin, s’est engagé dans cette lutte avant de rejoindre l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC), menée par Ali Darassa, un autre chef rebelle tchadien.

 

Au sein de l’UPC, Bouba est devenu un cadre important, agissant comme coordinateur politique et proche de Darassa. Ce groupe armé, actif depuis 2014, est accusé d’attaques contre des civils, notamment lors d’un massacre dans un camp des déplacés à Alindao en 2018, où plus d’une centaine de personnes ont été tuées. Bouba, impliqué dans les activités de l’UPC, est visé par des accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, portées par la Cour pénale spéciale (CPS) en 2021.

 

Une entrée au gouvernement qui choque

 

Le parcours de Hassan Bouba vers le pouvoir centrafricain est difficile à comprendre pour beaucoup. En 2017, il se rapproche du président Faustin-Archange Touadéra, qui le nomme conseiller spécial. Cette décision, vue comme un moyen de calmer les groupes armés, s’inscrit dans une stratégie d’intégration des anciens rebelles. En 2020, dans le cadre des accords de paix de Khartoum signés en 2019, le tchadien Hassan Bouba devient ministre de l’Élevage, malgré l’opposition de son chef Ali Darassa, qui l’exclut de l’UPC en 2021.

 

Cette nomination, pour un étranger, surtout un tchadien de surcroît ne dispose d’aucune qualifications académiques et accusé de crimes graves, a sidéré les Centrafricains. Bouba, qui ne maîtrise mal le français et incapable de parler sango, la langue nationale, semble déconnecté de la réalité du pays. Des rumeurs propagée par le magazine Jeune Afrique évoquent que l’homme dispose d’un baccalauréat au Tchad avant de venir dans la rébellion en Centrafrique, mais rien ne le confirme. Face à ces critiques, Bouba met en avant son rôle dans la défense d’une cause, sans jamais clarifier son passé ni ses compétences.

 

Une vidéo qui attise la colère

 

Dans sa vidéo publiée sur Facebook, Bouba rejette l’étiquette de rebelle et revendique son appartenance à la Centrafrique, s’exprimant dans un français si confus qu’il en devient embarrassant. Il affirme ne pas être « le premier Centrafricain » à avoir été rebelle, citant des exemples comme Guillaume Soro en Côte d’Ivoire, et déclare que « chacun a son passé ». Ces propos, prononcés avec une assurance maladroite, sont vécus comme une provocation par les Centrafricains.

 

Pour beaucoup, Bouba minimise les souffrances infligées par l’UPC et se moque des victimes en refusant de reconnaître les accusations contre lui. Son incapacité à parler sango renforce l’idée qu’il n’a aucun lien profond avec le pays. Sa nationalité centrafricaine, obtenue par décret présidentiel dans des conditions floues, est perçue comme une imposture par une population qui exige des comptes.

 

Une libération troublante et des accusations persistantes

 

En novembre 2021, l’arrestation de Bouba par la CPS avait redonné espoir à ceux qui souhaitent voir les responsables de crimes jugés. Mais cet espoir a vite disparu. Quelques jours plus tard, il est libéré par la gendarmerie sur décision de Wagner dans des circonstances opaques, sans avoir été entendu par la Cour. Cet épisode, dénoncé comme une entrave à la justice, a alimenté les soupçons d’une protection venant des hautes sphères, notamment du président Baba Kongoboro ou à ses alliés russes du groupe Wagner.

 

Plus récemment, des publications sur les réseaux sociaux de la part du journaliste Ngoulou ont signalé la découverte d’ossements humains dans une maison que Hassan Bouba aurait occupée à Bambari, ravivant les accusations de crimes contre l’humanité. Face à ces allégations, il choisit de rester silencieux, une attitude interprétée comme du mépris envers les Centrafricains.

 

Un exemple des failles du système

 

Hassan Bouba incarne les contradictions d’un pays où l’impunité semble primer sur la justice. Comment un ancien chef rebelle tchadien, accusé de crimes graves en Centrafrique, peut-il occuper un poste ministériel et se permettre de revendiquer une identité centrafricaine ? Pourquoi un homme qui peine à s’exprimer en français et ignore le sango est-il chargé de responsabilités nationales ? Ces questions reflètent le sentiment de trahison d’une population lassée des compromis politiques aveugles.

 

En niant son passé et en se présentant comme un patriote, Hassan Bouba aggrave le fossé entre le pouvoir et les citoyens. Sa vidéo, loin d’apaiser, a rouvert des blessures chez ceux qui demandent vérité et justice. Dans un pays où les accords de paix ont souvent permis à des responsables de violences d’échapper à la responsabilité, le cas de Hassan Bouba rappelle que la lutte contre l’impunité reste un défi majeur….

 

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