Bangui : Les projets anti-inondations du gouvernement ignorent les quartiers les plus vulnérables de la capitale

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À Bangui, capitale centrafricaine, les inondations rythment la saison des pluies comme une malédiction annuelle. Chaque année, les mêmes quartiers se transforment en marécages, engloutissant maisons, écoles et la vie. Face à ce désastre récurrent, le gouvernement brandit des projets d’infrastructures, des chiffres ronflants et des promesses d’un avenir meilleur. Mais à y regarder de près, l’enthousiasme officiel sent l’enfumage. Le plan tant vanté, avec ses collecteurs, ses bassins de rétention et ses camions-bennes, ressemble davantage à un écran de fumée qu’à une solution crédible.
Voici les zones critiques d’inondations à Bangui, selon le gouvernement
Pour le gouvernement, les quartiers les plus touchés par les inondations sont :
– KM5 et ses environs (80% de risques d’inondation)
– Combattant dans le 8e arrondissement
– Bégoua et ses alentours
– Gobongo et Galabadja
– Quartier Boeing

Selon les experts, ces zones présentent les caractéristiques suivantes :
– Caniveaux obstrués à plus de 60%
– Pente naturelle inférieure à 2%
– Proximité immédiate avec la rivière Oubangui
– Densité urbaine très élevée
Des priorités qui frôlent l’absurde
Les inondations à Bangui frappent durement, mais certains quartiers souffrent plus que d’autres. Dans le 2e arrondissement, le long de la rivière Oubangui, est un bourbier chaque saison. Le 6e arrondissement, ou des zones comme Boeing, derrière l’aéroport, prennent l’eau sans répit. Pourtant, que fait le gouvernement ? Il s’égare à parler de Gobongo, un quartier loin d’être le plus sinistré, ou du canal du pont Goubagara, comme si c’était là le cœur du problème. Pourquoi perdre du temps sur Gobongo quand des endroits comme PK9 Café Sato, dans le 5e arrondissement, ou Combattant, près du canal Ngoubagara dans le 8e, sont noyés année après année ? Cette fixation sur des secteurs secondaires sent la diversion, comme si on voulait éviter de s’attaquer aux vrais drames.
Ainsi, le projet “Assainissement Bangui 2025” promet de curer 120 km de caniveaux et de construire 15 bassins de rétention pour 12 milliards de FCFA. Ça sonne sérieux, mais c’est du vent. Les caniveaux, bouchés à 60 % par 300 tonnes de déchets plastiques par mois pendant la saison des pluies, restent des égouts à ciel ouvert. Les bassins de rétention ? On les cherche encore. Pendant ce temps, les habitants du 7e arrondissement ou de Bimbo pataugent dans l’indifférence totale.
Et comment faire ? Des projets qui brillent sur papier
Le gouvernement mise sur un programme soi-disant sérieux pour remédier à ce problème d’inondation : Kwa ti kodro. Pourtant, le programme “Kwa Ti Kodro”, avec ses soi-disant 5 000 jeunes mobilisés et ses 30 camions-bennes, veut faire croire à un grand nettoyage. Mais 200 points de collecte de déchets promis pour une ville où 15 000 constructions illicites squattent les berges de l’Oubangui, c’est dérisoire. Les canalisations, dont 70 % datent des années 1980, sont en ruine. Et le collecteur principal Est-Ouest, prévu pour 2025-2030 ? Huit kilomètres de tuyaux pour sauver Bangui… Ça ressemble à une promesse de campagne, pas à un plan concret.

L’argent vient surtout de l’extérieur : 40 % de la Banque mondiale, 15 % de l’Union européenne. Mais où va-t-il ? Les bailleurs, habitués à voir leurs fonds s’égarer dans des circuits opaques, doivent se poser des questions. L’État centrafricain, qui couvre 35 % du budget, n’a jamais brillé par sa clarté. Quand les inondations coûtent 8 milliards de FCFA par an en pertes, pourquoi les solutions semblent-elles si maigres ? Les habitants de Don Bosco ou des zones de Miskine, dans le 5e arrondissement, aimeraient des réponses.
Des discours déconnectés du terrain
Les experts parlent de “drainage intégré” et de “relogement” dans des rapports bien ficelés. Mais sur le terrain, ça semble l’enfumage. Les règles d’urbanisme ? Inappliquées. La mairie, dépassée, n’a ni argent ni autorité. Pendant ce temps, 150 000 personnes souffrent chaque année, 60 % des écoles ferment quand l’eau monte, et les cas de paludisme bondissent de 40 %. Les habitants du 2e arrondissement, du sixième, du Café Sato, de Boeing ou de Damala, dans le 5e, n’attendent plus rien des discours. Ils survivent, les pieds dans la boue, pendant que le gouvernement s’obstine à parler de Gobongo ou de Galabadja.
Ce qui agace, c’est le décalage. On annonce 50 stations météo urbaines, comme si prévoir la pluie allait vider le 6e arrondissement. On parle d’alerte précoce, mais à quoi bon alerter si personne ne peut évacuer ? Et pourquoi vanter un plan qui réduirait les risques de 70 % d’ici 2030 ? D’ici là, combien de familles du 7e arrondissement ou de PK9 Café Sato auront tout perdu ?
Un plan qui ne vaut rien
Ce plan ne vaut rien. Absolument rien. Les chiffres sont jolis, les infographies bien faites, mais c’est vide. Les priorités sont faussées – Gobongo au lieu du 2e arrondissement ou de Boeing, sérieusement ? –, les solutions trop faibles, et l’exécution incertaine. Si le gouvernement veut être crédible, qu’il s’attaque aux berges de l’Oubangui dans le 2e, aux bourbiers du 6e, aux quartiers sinistrés de Bimbo, ou aux zones le long du canal Ngoubagara jusqu’à Miskine. Qu’il envoie des pelleteuses dans les caniveaux, pas des communiqués dans les journaux. Pour l’instant, ce plan n’est qu’un miroir aux alouettes, et les habitants de Bangui continuent de boire la tasse….
CONTACTER CORBEAU NEWS CENTRAFRIQUE
Tel/ WhatsApp : +236 75 72 18 21
Email: corbeaunewscentrafrique@gmail.com
Rejoignez notre communauté
Chaine officielle du CNC
Invitation à suivre la chaine du CNC
Note : les deux premiers groupes sont réservés uniquement aux publications officielles du CNC