Centrafrique : la liberté de la presse en question face aux déclarations de l’ex-détenu Maxime Balalou

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’ex-détenu Maxime Balalou, ministre de la Communication, vante une liberté de la presse en Centrafrique, mais ses affirmations mensongères cachent une censure oppressante et généralisée.
À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai 2025, l’ex-détenu Maxime Balalou, ministre de la Communication et des Médias et porte-parole du gouvernement centrafricain, a livré une déclaration vantant les prétendues avancées de la République centrafricaine (RCA) en matière de liberté de la presse. Dans son discours, il a affirmé que le pays avait progressé dans le classement mondial de Reporters sans frontières (RSF), passant de la 74e à la 72e place. Il a aussi évoqué la loi n°20.027 de 2020, présentée comme un cadre juridique favorisant la liberté de communication, ainsi que des projets d’infrastructures pour les médias. Un examen rigoureux de ses propos par la rédaction du CNC révèle des inexactitudes et une tentative de dissimuler une réalité sombre.
Une manipulation des chiffres du classement RSF
L’ex-détenu Maxime Balalou a prétendu que la RCA était passée de la 74e à la 72e place dans le classement mondial de la liberté de la presse de RSF. Cette affirmation est fausse. Selon les données officielles de RSF pour 2024, la RCA se situe à la 76e place sur 180 pays, une amélioration par rapport à la 126e place en 2021. Cette progression est trompeuse. Elle ne reflète pas une réelle amélioration des conditions pour les journalistes en Centrafrique, mais une dégradation plus sévère dans d’autres pays, comme la Guinée ou le Burkina Faso, où des fermetures de médias et des disparitions de journalistes ont fait chuter leur classement. La RCA n’a pas véritablement avancé ; elle a simplement bénéficié d’un recul relatif des autres.
L’ex-détenu Maxime Balalou, en s’attribuant un progrès fictif, tente de détourner l’attention d’une réalité inquiétante : la liberté de la presse en Centrafrique reste gravement entravée. Les journalistes travaillent dans un climat de peur, sous des pressions politiques, des menaces d’arrestation et une précarité économique chronique. L’impunité pour les crimes contre les journalistes, comme les assassinats non élucidés d’Elisabeth Blanche Olofio, Désiré Luc Sayénga ou René Padou, reste la norme, renforçant un sentiment d’insécurité permanent.
Une censure omniprésente dans les médias publics
L’ex-détenu Maxime Balalou a vanté la loi n°20.027, promulguée en 2020, comme un outil garantissant la liberté de communication. En théorie, cette loi, qui remplace l’ordonnance de 2005, dépénalise certains délits de presse et vise à protéger les journalistes. Dans la pratique, elle est inefficace. Les médias publics, comme la Télévision centrafricaine et Radio Centrafrique, sont sous le contrôle étroit de l’exécutif, au point que toute voix dissidente est étouffée. Un exemple récent le montre clairement : lors d’une cérémonie culturelle dans le stade 20000 places , des images de l’opposant Anicet Georges Dologuélé ont été délibérément coupées lors de la diffusion à la télévision nationale. Ce montage ciblé prouve que le gouvernement cherche à effacer toute trace de l’opposition dans les médias publics, privant les citoyens d’une information pluraliste.
Cette mainmise sur les médias publics s’accompagne d’un discours officiel qui glorifie des réformes superficielles. L’ex-détenu Maxime Balalou a mentionné des projets de réhabilitation de la radio et de la télévision nationales, ainsi que la future construction d’une « maison de la presse ». Ces annonces, séduisantes sur le papier, restent des promesses vagues, souvent destinées à détourner l’attention des problèmes structurels. Les médias publics, loin d’être des espaces d’expression libre, servent de relais de propagande pour le pouvoir.
Pressions et autocensure dans les médias privés
Si les médias publics sont sous contrôle, les médias privés ne sont pas épargnés. Les journalistes du secteur privé travaillent dans un climat de peur constant, menacés d’arrestations arbitraires ou de sanctions administratives. En 2022, un projet de loi visant à réintroduire la pénalisation des délits de presse et à placer le Haut Conseil de la Communication (HCC) sous l’autorité directe du ministère de la Communication a provoqué une vive inquiétude. Bien que ce projet ait été abandonné sous la pression internationale, il révèle la volonté du gouvernement de renforcer son emprise sur les médias. Les journalistes privés, confrontés à des ressources limitées et à des pressions économiques, s’autocensurent souvent pour éviter des problèmes avec le gouvernement. Les per diems offerts par les organisateurs d’événements constituent parfois leur principale source de revenus, ce qui compromet leur indépendance.
Un ministre au passé trouble
Les déclarations de l’ex-détenu Maxime Balalou doivent être replacées dans le contexte de son parcours. Condamné par le passé pour détournement de fonds publics au ministère des finances, il manque de crédibilité, ce qui jette une ombre sur ses discours. Sa proximité avec des réseaux de désinformation, notamment ceux soutenus par des intérêts russes, renforce les soupçons de manipulation. En décembre 2024, il a justifié l’arrestation et l’expulsion de deux journalistes français de France 24, accusés sans preuves d’activités menaçant la sécurité nationale. Cet incident a ravivé les tensions avec la France et montré l’hostilité du gouvernement envers les médias étrangers indépendants.
Une insulte à l’intelligence des Centrafricains
En se félicitant d’une soi-disant amélioration de la liberté de la presse, l’ex-détenu Maxime Balalou travestit la réalité et insulte l’intelligence des Centrafricains. La censure, les menaces et l’impunité continuent de gangrener le paysage médiatique. Les promesses de réformes et d’investissements dans les infrastructures médiatiques sonnent creux face à l’absence de progrès concrets. La RCA reste un pays où informer librement est un acte de courage, et non une garantie offerte par le gouvernement….
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