La psychose du vol mystique de sexe embrase la ville de Nanga-Boguila : 2 hommes sauvagement agressés et arrêtés par la gendarmerie
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
La psychose du vol mystique des organes génitaux masculins prend une nouvelle ampleur en République centrafricaine. Après avoir secoué plusieurs villes du pays ces derniers mois, le phénomène atteint désormais Nanga-Boguila, dans la préfecture de l’Ouham, à plus de 400 kilomètres au nord de Bangui, où deux cas ont été signalés ce lundi 11 novembre 2024.
Des arrestations et violences dans les localités de Nanga-Boguila
Le premier incident s’est produit dans un village situé à 25 kilomètres de Nanga-Boguila sur l’axe Bossangoa. Selon des témoins, un homme qui passait devant le domicile du chef du village l’a salué avant de poursuivre son chemin. Quelques instants après, le chef a alerté la population, affirmant que son sexe s’était “rétracté jusqu’à ne mesurer qu’un centimètre”.
“Les jeunes du village se sont immédiatement rassemblés et ont poursuivi le passant. Ils l’ont violemment battu avant de le conduire à l’hôpital de Nanga-Boguila puis à la gendarmerie”, rapporte Mathias Koyamba, un habitant du village présent lors des faits.
Le même jour, un deuxième cas a été signalé dans un autre village situé à 12 kilomètres de Nanga-Boguila sur l’axe Paoua. Un homme a été accusé d’avoir “volé le sexe” d’un villageois dans des circonstances similaires. Il a également été remis à la gendamerie de Nanga-Boguila.
Une vague de panique qui s’étend à Nanga-Boguila
Cette psychose n’est pas un phénomène isolé. Depuis plusieurs mois, des cas similaires ont été rapportés dans plusieurs villes du pays : Cantonnier (à la frontière camerounaise), Bambari (préfecture de la Ouaka), Kouango, Paoua, et même dans certains quartiers de la capitale Bangui.
“Ces accusations se propagent comme une traînée de poudre”, note le Dr Jean-Claude Mbali, sociologue à l’Université de Bangui. “Elles révèlent les profondes croyances mystiques qui persistent dans notre société, particulièrement en zone rurale, et la fragilité du tissu social dans un pays encore marqué par les conflits”.
Autorités vs croyances populaires
Le gouvernement centrafricain, par la voix de son ministre de la Communication et porte-parole Maxime Balalou, avait fermement réagi il y a deux mois en menaçant de poursuites judiciaires les propagateurs de ces rumeurs. Les autorités ont également souligné l’absence de preuves médicales de ces supposés “vols”.
Mais pour de nombreux Centrafricains, ces phénomènes relèvent du domaine mystique et ne peuvent donc être traités par la médecine moderne.
“Les cas de sorcellerie ne peuvent être soignés à l’hôpital. C’est bien connu ici que dès qu’une personne victime de sorcellerie est amenée à l’hôpital, elle meurt. C’est pourquoi les gens préfèrent consulter les guérisseurs traditionnels ou les religieux”, explique Basile Banga, notable à Nanga-Boguila.
Risques et conséquences
Ces accusations de “vol mystique de sexe” engendrent régulièrement des violences collectives pouvant aller jusqu’au lynchage des suspects comme à Nanga-Boguila . Plusieurs organisations de défense des droits humains ont tiré la sonnette d’alarme sur ces pratiques de justice populaire.
“Ces violences basées sur des accusations sans fondement sont inacceptables“, déclare Me Jean-Pierre Ndemanga, avocat et défenseur des droits humains. “Des innocents sont régulièrement victimes de passages à tabac, voire pire, sur la base de simples rumeurs. Les autorités doivent agir plus fermement pour protéger les citoyens“.
Un phénomène régional
Le phénomène n’est pas unique à la Centrafrique. Des cas similaires ont été rapportés dans plusieurs pays d’Afrique centrale et de l’Ouest ces dernières années, notamment au Cameroun, au Nigeria et au Sénégal.
“Ces rumeurs apparaissent souvent dans des contextes de tensions sociales et économiques”, analyse le Pr Goddot. “Elles peuvent être vues comme une expression métaphorique d’un sentiment d’impuissance face aux difficultés quotidiennes“.
Pour l’heure, les deux suspects arrêtés à Nanga-Boguila demeurent en garde à vue à la gendarmerie. Les autorités locales tentent de calmer les esprits, mais la tension reste palpable dans la région.
La persistance de ces croyances, malgré la véracité des faits selon les victimes, et les violences qu’elles engendrent posent un défi majeur aux autorités centrafricaines, déjà aux prises avec de nombreux autres défis sécuritaires et socio-économiques dans un pays en reconstruction après plusieurs années de conflit.
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